TERRIEN Jean Marie Bernard
Le Clion
Aviateur
1914 - 1945
Mort pour la France
Jean Terrien est né à Nantes, à la veille de la grande guerre, le 21 juin 1914.
Il est mort en héros à 31 ans, à la fin de la seconde guerre mondiale, le 4 mars 1945.
Dans une lettre touchante adressée à sa mère le dimanche 23 avril 1939, à la fin de sa formation de pilote, il livrait un souvenir d’enfance vécu dans le jardin de sa maison de la Joselière à Pornic « Cette nuit, j’entendais le vent hurler au dehors et je songeais à la Joselière, à la mer, à mon cher Atlantique… Comme tu as raison, chère Maman, en parlant des souvenirs qui évoquent pour nous ce petit coin du monde !... Pour ma part, en est-il un autre où j’aie plus de souvenirs et qui ne soient plus émouvants et plus chers ?... Souvenir d’enfance… Souvenir de jeunesse… J’avais dessiné sur le sol, face à l’océan, un avion… Ses ailes, son fuselage avec, à l’avant, l’hélice et le moteur, et, le poste de pilotage où naturellement je m’installai… Ce fut mon premier vol… »
Après des études secondaires au lycée Clémenceau et quelques années en fac de médecine, il s’engage dans l’armée de l’air où il est breveté pilote à l’école d’Istres ; major de sa promotion, il opte pour la chasse , est muté début mai 1940 dans un groupe de combat où il effectue neuf missions de reconnaissance.
Sa conduite pendant la campagne de France lui vaut d'être cité à l'ordre de la division aérienne : « Sous-officier pilote possédant les plus grandes qualités de courage et de volonté tranquille, faisant preuve d'une compréhension magnifique du devoir. Le 16 juin 1940, son appareil gravement endommagé par la DCA allemande, a néanmoins poursuivi la mission de reconnaissance à basse altitude qui lui était prescrite ». Lors du repli de son escadrille, il parvient à gagner l’Afrique du Nord où il est promu sous-lieutenant et se porte volontaire pour les groupes de bombardiers lourds en Angleterre.
Après le cycle d’instruction de la RAF, il rejoint la base d'Elvington à proximité de York, où stationnent les groupes lourds français « Guyenne » et « Tunisie » équipés de Halifax. Après une première mission le 2 août 1944 contre un site de bombes volantes près de Dieppe, il va effectuer au total 28 missions de guerre de jour et de nuit sur l'Allemagne. Le 3 février 1945, au retour de sa 25ème mission contre le complexe industriel d'Essen, on l’informe qu’il a terminé son tour d'opérations et qu'il peut rentrer dans ses foyers. La victoire est en vue, mais Jean Terrien décide de rester. Il a commencé avec « ses hommes », il finira la campagne avec eux.
Il décolle une dernière fois le 3 mars 1945 aux commandes de son quadrimoteur pour une mission de bombardement d’une usine de pétrole synthétique, implantée à Kamen, près de Dortmund. Au retour, alors qu’il est en approche de sa base, il est attaqué par un avion ennemi. Un réservoir est atteint, les deux moteurs s'embrasent et Jean Terrien donne l’ordre à son équipage de sauter en parachute tandis qu’il reste aux commandes pour maintenir son avion en ligne. En moins d’une minute, tout l’équipage est sauvé tandis que Terrien s’écrase avec son appareil en flammes près du village de Sutton-on-Derwent. Le 10 mars 1945, en présence d’un peloton de la RAF, il est porté en terre au cimetière militaire d'Harrogate (près de York) par ceux qu’il avait sauvés par son comportement héroïque.
Dans la nuit du 3 au 4 mars 1945, les pertes enregistrées par le groupe sont très lourdes : 52 avions abattus ou portés manquants. Quant à l’ennemi, engagé cette nuit-là dans l’opération d’intrusion sur les bases anglaises, il perd 15 chasseurs.
Jean Terrien « Mort pour la France », sera fait Chevalier de la Légion d'honneur et décoré de la Croix de guerre avec palme (5 citations) à titre posthume. Le 31 janvier 1949, sa dépouille sera transférée en France dans le cimetière du Clion-sur-Mer où il repose aujourd'hui.
L’amicale des « anciens des Groupes Lourds » obtiendra de l’état-major de l’armée de l’air que son nom soit donné à une promotion de l'Ecole Militaire de l'Air en 1995.
Michel Gautier, président de l’ASBL/Chemin de la mémoire 39-45 en Pays de Retz
Et Joël Verrière membre du Souvenir Français
Le Handley Page Halifax fut l'un des bombardiers lourds les plus importants et les plus polyvalents de la Royal Air Force (RAF) pendant la Seconde Guerre mondiale. Il forme l'épine dorsale du Bomber Command, jouant un rôle crucial dans la campagne de bombardement stratégique contre l'Allemagne nazie.
Conçu par Handley Page et effectuant son premier vol en octobre 1939, le Halifax se présente comme un monoplan quadrimoteur à aile médiane. Sa silhouette est aisément reconnaissable à son fuselage profond et à son empennage bi-dérive caractéristique, lui conférant une grande stabilité en vol.
Le Halifax est conçu pour la survie. Sa construction robuste, lui permet d'encaisser des dommages considérables et de ramener son équipage à la base. L'armement défensif comprend généralement des mitrailleuses Browning dans des tourelles dorsale, ventrale et de queue, offrant une couverture contre les chasseurs ennemis. Sa capacité de charge de bombes est également impressionnante, pouvant emporter jusqu'à environ 5 900 kg d'explosifs, des bombes de petite taille aux « blockbusters » de grande puissance.
L'équipage du Halifax est composé de sept membres : deux pilotes, un navigateur, un bombardier, un opérateur radio et deux mitrailleurs, chacun jouant un rôle vital dans la réussite des missions.
L'usage principal du Halifax est, sans conteste, le bombardement stratégique de nuit sur l'Allemagne et les territoires occupés par l'Axe. Des milliers de sorties sont effectuées, ciblant les villes industrielles, les infrastructures de transport, les usines d'armement et les centres de production d'énergie, dans le but d'affaiblir l'effort de guerre ennemi. Sa capacité à voler à haute altitude et sur de longues distances en fait un outil précieux pour ces missions à haut risque.
Malgré un taux de pertes élevé, inhérent aux missions de bombardement de nuit, le Halifax s'est imposé comme un avion fiable et robuste. Il est produit à plus de 6 000 exemplaires et participe à des dizaines de milliers de sorties opérationnelles, livrant des millions de tonnes de bombes et jouant un rôle irremplaçable dans la victoire alliée. Le Handley Page Halifax reste à ce jour un symbole de la ténacité et de l'ingéniosité de l'aviation britannique pendant la Seconde Guerre mondiale.