Cette biographie a été rédigée par Hervé et adaptée au support
GIRARD Constant Honoré Charles
Préfailles
1891 - 1917
11ᵉ section d'infirmiers militaires
Mort pour la France
Contant GIRARD est né le 15 novembre 1891 à Bouin (85).
Il est employé de commerce.
Il est mobilisé le 3 août 1914 au 137e régiment d'infanterie de Fontenay-le-Comte.
Constant va combattre à Maissin en Belgique, puis participe à la Bataille de la Marne.
Malade, il est d'abord réformé. Puis il est affecté à la 11e Section d’Infirmiers Militaires (SIM).
Constant décède des suites de tuberculose pulmonaire le 24 février 1917 à Montferrand.
Nous ne connaissons pas son lieu d'inhumation.
Fils d’Alexandre GIRARD, journalier à Bouin et de son épouse Angélique BARJOLLE, elle aussi journalière, Constant GIRARD est né dans cette même ville le 15 novembre 1891. L’origine plus que modeste de ses parents n’empêche pas le jeune garçon d’atteindre un niveau d’études qui le classe parmi ceux qui savent lire, écrire et compter.
En 1911, Constant est employé de commerce et réside au 21, rue de Vertais à Nantes lorsqu’il est appelé par le conseil de révision. Il est par la suite incorporé au 137e régiment d’infanterie qui tient garnison à Fontenay-le-Comte le 9 octobre 1912.
À cette date, il est prévu que son service militaire dure deux ans. Mais le 7 août 1913, la loi des 3 ans est adoptée. Modifiant notamment la loi du 21 mars 1905 portant le service militaire universel et obligatoire à tous les citoyens, elle prolonge d’un an la durée du service dans l’armée d’active. Constant doit donc rester militaire jusqu’en octobre 1915.
Suite à la déclaration de guerre et à la mobilisation générale, le 137e RI quitte Fontenay-le-Comte le 5 août 1914. Par étapes successives, il gagne la région de Sedan pour prendre part à l’offensive des Ardennes. Il avance ensuite jusqu’en Belgique par Bouillon et Paliseul.
Le 22 août à 14h30, le régiment se lance à l’assaut de Maissin. Le village est occupé à 17h30. Les Allemands reçoivent des renforts dans la nuit et reprennent le village le lendemain. Lors du combat, plus de 70 maisons sont incendiées, seules 25 maisons restent debout, le bétail est décimé, les récoltes ravagées et dix habitants meurent au cours de la bataille. D’autres sont fusillés par les Allemands. Les pertes sont quasi équivalentes dans les deux camps. L’armée française perd presque 4200 hommes. Cette bataille, qui a vu l’engagement de plusieurs régiments bretons du 11e corps d’armée, est l'une des plus meurtrières du début de la guerre. Ce 22 août 1914 reste la journée la plus noire de toute l’histoire de l’armée français avec 27 000 morts en une seule journée.
Constant doit suivre la retraite générale des armées françaises. Par Bazeilles, il se retire sur la rive gauche de la Meuse.
En 1932, un « calvaire breton » datant du XIe siècle et provenant de Tréhou (Finistère) est inauguré à Maissin. Installé au cœur de la nécropole franco-allemande, il commémore le sacrifice des Bretons.
Poursuivant les combats d’arrière-garde, le régiment s’établit sur le plateau de Chaumont, face au bois de la Marfée. Mais les Allemands franchissent la Meuse et s’emparent du bois dans la nuit du 26 au 27 août. Le 27, à 6 heures, ils débouchent vers Chaumont. Dès 9h00, le 137e se lance à la contre-attaque. Il monte à l’assaut, et reprend le bois de la Marfée. Les Allemands débandés sont poursuivis au cri de : « Vive la France ! » jusque sur les berges de la Meuse. Les pertes ennemies sont qualifiées "d’énormes". Durant l’assaut, le sous-lieutenant CONTE capture le lieutenant-colonel von FALKENSTEIN, commandant le 28e RI allemand. Les soldats BOUSSARD et TURQUAUD s’emparent du drapeau du 68e RI allemand.
C’est ensuite la bataille de la Marne où le 137e RI se bat opiniâtrement et résiste dans les bois d’Œuvy et de Gourgançon. Il contribue à l’héroïque résistance du 11e corps qui supporte le choc principal de l’ennemi vers Fère-Champenoise. Ses pertes sont sévères, mais, le 10 septembre, l’ennemi recule enfin. Il est poursuivi par Châlons jusqu’à Saint-Hilaire-le-Grand. Le pont sur la Suippe est enlevé mais les soldats français ne peuvent déboucher.
Après un bref séjour dans la région de Reims, Constant gagne la Somme et arrive à Albert le 27 septembre 1914. L’ennemi cherche à tourner le front français entre la Somme et l’Oise. C’est « la course à la mer ». Le 29 septembre, le 137e reçoit l’ordre d’enlever La Boisselle. Malgré des pertes sensibles, il monte par deux fois le 29 et le 30 septembre, à l’assaut du village. Tous ces efforts, coûteux en vie humaines sont vains. Le régiment se voit contraint de se maintenir dans ses tranchées aux lisières de la Boisselle.
L’hiver 1914-1915 dans le Nord, voit le régiment tenir ses positions dans le secteur Toutvent – Hébuterne. Ce premier hiver de guerre est terrible pour les poilus mal équipés contre le froid et qui découvrent la boue des tranchées et l’absence d’abris devant la ferme de Toutvent. Des opérations dites « de détail » sont malgré tout menées. Elles sont très coûteuses en vies humaines pour une faible progression de tranchée à tranchée.
Les conditions de vie sont telles que Constant tombe gravement malade. Évacué, son cas est suffisamment grave pour qu’il soit reformé temporairement par la commission de réforme de Fontenay-le-Comte le 11 avril 1915 au motif de « Phtisie pulmonaire ». Pourtant, Constant ne reste pas longtemps dégagé des obligations militaires. Une loi dite « loi Dalbiez » du 17 août 1915, publiée au Journal Officiel du 19 août 1915, est adoptée pour assurer la juste répartition et une meilleure utilisation des hommes mobilisés ou mobilisables. Un arsenal législatif et réglementaire est donc mis en place pour veiller à la mobilisation de tous, dans les rangs de l'armée prioritairement ou dans des emplois utiles à l'effort de guerre
C’est ainsi que le soldat GIRARD est à nouveau classé « bon pour le service auxiliaire » le 11 novembre 1915 par la commission de réforme de Nantes. Il est rappelé à l’activité le 16 novembre 1915 pour être affecté à la 11e Section d’Infirmiers Militaires (SIM). La 11e SIM est essentiellement composée de Bretons. Son siège est à Nantes. Constant gagne au passage ses galons de caporal.
Constant profite d’une permission pour se marier le 20 mars 1916. Il épouse à Nantes Augustine Anne Marie ORÉAL. La jeune fille âgée de 22 ans est couturière de profession. Elle quitte le domicile de ses parents au n° 5 de la rue des Pêcheurs sur les bords de l’étier de Bouguenais. Le jeune couple réside désormais au 56, rue de Vertais. Ce quartier est par la suite bombardé le 7 juin 1940. Suite aux travaux entamés dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, des immeubles résidentiels et un square prennent désormais la place des maisons d’habitation.
Mais en dépit de son aptitude au service, l’état de santé de Constant continue de se dégrader. Il est hospitalisé à l’hôpital militaire temporaire n° 78 de Montferrand dans le Puy-de-Dôme. Cet établissement est spécialisé dans le traitement des maladies pulmonaires. Mais rien n’y fait, le caporal GIRARD meurt des suites de tuberculose pulmonaire le 24 février 1917. Il est déclaré «Mort pour la France».
Devenue veuve à l’âge de 23 ans, Augustine se remarie le 21 décembre 1921 à Nantes avec Mirabeau BREMONT de 10 ans son aîné. Mirabeau est divorcé et déjà père d’une petite fille née en 1915. Augustine et Mirabeau n’ont pas d’enfant. Augustine décède à son tour à Nantes le 4 septembre 1924. Mirabeau BREMONT se remarie en 1928. Il meurt en 1956.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Une SIM est une sorte de base arrière géante en Zone de l'Intérieur constituée dans chaque région militaire pour approvisionner le Service de Santé en personnel médical, lors de la mobilisation et compléter ensuite au fur et à mesure des besoins les unités du Service de Santé en Zone des Armées. Il existe 25 sections d’infirmiers militaires qui sont réparties en plusieurs catégories. On distingue ainsi ceux qui sont aptes à être employés aux écritures, ceux qui sont capables de remplir les fonctions d’infirmiers de visite et enfin des infirmiers d’exploitation chargés des détails intérieurs des établissements auxquels ils sont attachés (vaguemestre, magasin, entretien, etc.).
Ces infirmiers sont recrutés parmi les soldats sachant lire et écrire et n’ayant subi aucune condamnation. Leur instruction technique est à la fois théorique et pratique. Elle est donnée avec l’instruction professionnelle (peloton d’instruction) et concerne plus particulièrement :
La tenue des cahiers de visite, l’établissement des bons et des relevés des prescriptions ;
L’hygiène hospitalière, l’asepsie et l’antisepsie ;
La petite chirurgie, l’hydrothérapie et les bandages.
L’instruction militaire se décompose en trois temps, à savoir le peloton d’instruction d’une durée de six semaines, celle professionnelle commune à l’ensemble des personnels d’une SIM et le peloton spécial d’instruction technique d’une durée de trois mois.
Une Section d’infirmiers militaires (SIM) ne fonctionne pas en unité constituée. Il n’existe donc pas de Journaux des Marches et Opérations (JMO). Ses membres sont répartis dans diverses Formations Sanitaires (FS). L’infirmier militaire participe au transport des blessés. La présence des infirmiers des SIM est rapportée tout au long de la chaîne d’évacuation des blessés.