Merci aux descendants d'Auguste, et tout particulièrement à Sandra, d'avoir bien voulu nous fournir les documents et photographies.
ANDRÉ Auguste Marie
Saint-Michel-Chef-Chef
1869 - 1916
81e régiment d'infanterie
Auguste est né le 29 août 1869 à Saint-Brévin.
Il se marie en 1894 à Saint-Père-en-Retz et il a deux enfants.
Il effectue son service militaire en 1890-1893.
Il est mobilisé en avril 1915, à bientôt 46 ans au 81e régiment d’infanterie territoriale de Nantes.
Dès son arrivée, le 81e subit une attaque aux gaz.
En mai 1915, il participe aux combats du « Labyrinthe »
Hospitalisé à l’hôtel-Dieu de Rouen, il y décède le 14 novembre 1916 d’une méningite tuberculeuse à l’âge de 47 ans.
Jean Marie ANDRÉ, tisserand natif de Saint-Père-en-Retz épouse en secondes noces Joséphine DRIÉ/ANDRIET, domestique native de Noirmoutier-en-l’Ile, le 25 juin 1866 à Saint-Père-en-Retz.
Le couple a deux enfants : Pierre (1867) et Auguste Marie (1869) qui sont nés à Saint-Brévin.
Auguste est donc le benjamin né le 29 août 1869 au lieudit La Maillardière à Saint-Brévin.
Cultivateur au lieudit Château Gaillard à Saint-Père-En-Retz, Auguste épouse Marguerite ROBARD le 2 octobre 1894 à Saint-Père-en-Retz. Elle est native de Saint-Michel-Chef-Chef et également cultivatrice au Mesnil du Sud à Saint-Père-En-Retz.
Le couple a deux enfants : Auguste (1895) et Marguerite (1906)
Alors que ses parents sont décédés très jeunes, Auguste effectue son service militaire à partir du 15 novembre 1890 au 154e de Ligne jusqu’au 24 septembre 1893. Il reçoit son certificat de bonne conduite.
Auguste est blond aux yeux bleus et mesure 1,66m.
Il va effectuer des périodes d’exercices en août 1896 et du 17 avril au 14 mai 1899 au 65e régiment d’infanterie de Nantes.
De santé fragile, Auguste est réformé en 1906 pour hernie volumineuse.
Il est cependant mobilisé le 15 avril 1915 à bientôt 46 ans au 81e régiment d’infanterie territoriale en casernement à Nantes.
Les régiments d'infanterie territoriale sont initialement composés de réservistes plus âgés, souvent pères de famille, et sont destinés à des missions de maintien de l'ordre, de garde, de travaux, et d'occupation de secteurs calmes. Cependant, face à l'ampleur du conflit, ils sont de plus en plus souvent engagés en première ligne et prennent part aux combats les plus intenses.
Le 81e régiment d'infanterie territoriale (81e RIT) a joué un rôle important tout au long de la Première Guerre mondiale. Il a connu diverses affectations et a participé à de nombreuses opérations, souvent dans des conditions difficiles.
Ce régiment fait partie de la 88e division d'infanterie territoriale (88e DT) et de la 175e brigade d'infanterie territoriale.
Le 81e part de Nantes le 18 août 1914 avec 3206 hommes à destination de la région parisienne. Le 23 août il embarque pour le Nord en plusieurs groupes pour Bourghelles, Seclin, Wannehain et Douai.
Dès le 24 août, le 81e est bombardé sans possibilité de répliquer puisque le régiment n’est pas accompagné d’artillerie. 18 soldats sont portés disparus. L’ordre de se replier est donné.
Le 27 août, le 81e doit se diriger sur Abbeville en train, mais ils ne circulent plus.
Du 26 au 29 septembre 1914, le 81e participe aux violents combats de Maricourt, Montauban et Fricourt. 22 soldats sont tués, 139 sont blessés et 174 ont disparus.
La guerre de tranchées commence.
Puis il participe aux combats à Hébuterne début octobre. Là encore, le 81e est durement touché : 35 morts, 84 blessés et 22 disparus.
Le 31 octobre, alors que le régiment cantonne à Bailleulval, il est pris sous un feu d’artillerie.
Le 81e va cantonner dans le secteur de Beaumetz-les-Loges en novembre et décembre 1914. Le brouillard permet d’aménager des tranchées sans être la cible de l’ennemi.
En janvier 1915, le régiment reste dans le secteur d’Arras. Des lignes téléphoniques sont installées, les tranchées sont aménagées.
Photographie prise au 30e Groupe de brancardiers divisionnaires. guerredesgaz.fr. Image modifiée par l’IA
Quand Auguste arrive, mi-avril 1915, le 81e est dans le secteur de Berneville. Dans les jours qui suivent, plusieurs soldats malades, sont évacués.
Le 2 mai 1915, le 81e est attaqué aux gaz asphyxiants (du chlore et du brome selon le JMO) :
« Divers dispositifs sont préparés dans les tranchées de Wailly ; des récipients et bouteilles d'eau additionnée de carbonate de soude et de chaux, pour imbiber les mouchoirs destinés à couvrir la bouche ; des bouteilles d'ammoniaque qui seront brisées au milieu du nuage asphyxiant ; des grenades, dont l’éclatement doit dissiper ce nuage, des lunettes pour protéger les yeux, des masques, des tampons d'ouate et coton imbibés d'hyposulfite » J.M.O., 26 N 790/25 page 18/29
Le mois de mai est consacré à la création de boyaux permettant de relier des tranchées.
A partir du 30 mai, les hommes du 81e participent à l’attaque du « labyrinthe »
« C’est le 30 mai que l’assaut fut donné, un régiment marchant du sud au nord, un de l’ouest à l’est, l’autre du nord au sud. L’élan fut admirable sur tout le front, et partout, sauf à droite, on enleva la première ligne, que nos engins de tranchées avaient complètement écrasée.
Derrière cette première ligne, il y avait un grand nombre de barricades et de fortins ; nous en prîmes quelques-uns ; les autres nous arrêtèrent. Cent cinquante prisonniers, surpris dans leurs trous par la charge furieuse de l’infanterie française, tombèrent ce jour-là entre nos mains.
Dans la nuit du 30 au 31, une contre-attaque allemande nous fit perdre 50 mètres de notre gain. À l’aube, tout était reconquis…/… Dès ce moment, la guerre de boyaux commençait, - il y avait le boyau Von Kluck et le boyau d’Eulenbourg, les Buissons et la Salle des fêtes, sans compter d’innombrables ouvrages numérotés, dont le plan donne le sentiment des difficultés inouïes que nos troupes avaient à vaincre.
Sans arrêt, du 30 mai au 17 juin, elles se sont battues dans ces terres trouées et pleines de morts. Le combat n’a jamais cessé ni de jour ni de nuit. Les éléments d’attaque, constamment renouvelés, écrasaient les Allemands à coups de grenades, démolissaient la barricade en sacs à terre, quand l’ennemi cédait, la reconstruisaient 50 mètres plus loin, pas une heure de trêve, pas un instant de répit.
Les hommes, sous le soleil si chaud dans les boyaux, se battaient nue tête, en bras de chemise. Pas un n’eût admis l’hypothèse de s’arrêter avant de tenir le Labyrinthe entier. On a tout dit de l’élan de nos fantassins. Mais on n’a pas assez dit que leur ténacité égale leur élan et que leur volonté obstinée est un des éléments essentiels de leurs succès. » Source : https://www.archivespasdecalais.fr/
Le 16 juillet 1915, une attaque d’artillerie ennemie incendie une maison. Des soldats s’organisent pour l’éteindre. C’est à ce moment qu’un nouvel obus touche la maison tuant 4 soldats et en blessant 14.
Le 19 septembre, le 81e s’installe à Arras.
Du 2 au 29 septembre, les combats d’Arras font 36 morts, 149 blessés et 3 disparus.
Le 16 novembre 1915, le Drapeau du régiment reçoit la Croix de guerre. Jusqu’à la fin de décembre 1915, le secteur est relativement calme.
Le 10 février 1916, le 81e va cantonner sur 3 positions : Azincourt, Bucamps et Béalencourt. Début mars, l’ordre est donné au régiment de se rendre en plusieurs étapes et avec divers moyens de transport à Morvillars au Sud Est de Belfort.
Le 19 mars, ordre de la Division : « A la suite de la visite qu’il a faite dans le secteur, le Général JOFFRE a chargé le Général de Division d’exprimer aux troupes de 88e division territoriale sa satisfaction pour les services qu’elles rendent aussi bien, au combat, dans les tranchées, que dans l’exécution des travaux qui leur sont confiés »
Fin mars, 286 soldats sont mis à la disposition des agriculteurs de la Meuse : « Une trentaine d’hommes sont revenus des travaux agricoles, renvoyés par les maires des communes qui n’en ont plus besoin »
Avec son régiment, Auguste doit embarquer à destination de Nancy ou il arrive le 9 avril. Il va cantonner dans ce secteur. Mi-juillet, il va cantonner à l’Est de Nancy, vers Buissoncourt ou s’installe l’Etat major.
Fin juillet, Auguste est envoyé vers Richecourt dans la Meuse. Le 8 août 1916 : « …/… une reconnaissance allemande aborde la tranchée …/… de la 1e compagnie. Nous faisons prisonnier le chef de la reconnaissance qui blesse un de nos hommes d’un coup de poignard, …/… les autres sont dispersés à coups de fusil »
Le 28 août, le JMO mentionne : « La déclaration de guerre de la Roumanie à l’Autriche est annoncée par le Préfet de la Meurthe et Moselle. »
De septembre à octobre 1916, le régiment subit plusieurs attaques qui font quelques victimes, sans faits majeurs.
On ignore quand Auguste est tombé malade, mais il a été évacué de sa position.
Hospitalisé à l’hôtel-Dieu de Rouen, il y décède le 14 novembre 1916 d’une méningite tuberculeuse.
Il est inhumé dans le carré communal de Rouen, cimetière de l'Ouest.
Le père d’Auguste décède en 1871 à Saint-Brévin à l’âge de 43 ans.
Sa mère décède en 1880 à Saint-Brévin à l’âge de 45 ans.
Son fils Auguste décède en 1912 à Saint-Michel-Chef-Chef à l’âge de 16 ans.
Sa fille Marguerite épouse Roger GUILLOU en 1924 à Saint-Michel-Chef-Chef. Le couple a trois enfants. Marguerite décède en 1990 à Saint-Nazaire à l’âge de 84 ans
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
L’infanterie de ligne désigne, dans l’histoire militaire française, la branche principale de l’infanterie chargée de former la masse des armées sur le champ de bataille. Elle apparaît à l’époque moderne et joue un rôle central du XVIIe au XIXe siècle, notamment sous l’Ancien Régime, la Révolution française et l’Empire napoléonien.
Ces troupes étaient organisées en régiments et se battaient selon des tactiques en formation serrée. Leurs soldats, équipés de mousquets à silex puis de fusils, avançaient en rangs bien ordonnés afin de délivrer des salves massives contre l’ennemi. Leur mission était de tenir la ligne de front, de progresser en colonne et, si nécessaire, de charger à la baïonnette pour emporter une position.
On oppose l’infanterie de ligne à l’infanterie légère, plus mobile et spécialisée dans le combat en tirailleurs, les reconnaissances et le harcèlement des forces adverses. À l’époque napoléonienne, chaque régiment d’infanterie de ligne comptait plusieurs bataillons composés de compagnies de fusiliers (soldats ordinaires), de grenadiers (troupes d’élite) et de voltigeurs (tirailleurs).
Avec l’évolution des armes à feu et des tactiques de combat, la distinction entre infanterie de ligne et infanterie légère disparaît progressivement dans la seconde moitié du XIXe siècle, laissant place à une infanterie unifiée.
C’est ainsi qu’Auguste a fait son service militaire dans au 154e régiment de ligne de 1890 à 1893 et qu’il a effectué une période d’exercices au 65e régiment d’infanterie en 1899.