Les 3 frères
Eugène Denis
1880 - 1914
265ᵉ régiment d'infanterie
CHAUVELON
Martin Louis
1891 - 1914
2ᵉ régiment de zouaves
Morts pour la France
Chéméré
Joseph Auguste
1896 - 1918
411ᵉ régiment d'infanterie
Leur père, Denis Auguste CHAUVELON, est né le 30 octobre 1852 au lieudit « Les Bêchis » à Chéméré. Son père était alors « laboureur » et sa mère, « cultivatrice »
Marie Constance Julie CHAUVELON, qui porte donc le même nom de famille que son futur époux, est, quant à elle, née le 4 mars 1859 au lieudit « La Biche » à Chéméré également. Son père était alors « laboureur » et sa mère « cultivatrice ».
Ils se marient le 16 juin 1878 à Chéméré. Denis est cultivateur avec sa mère à « La Biche » et Marie est également cultivatrice avec sa mère à « La Biche »
Les deux époux ont eu huit enfants : Eugène Denis né en 1880, Adèle Marie née en 1881, Marie Anne Louise née en 1883, Raymond Désiré née en 1887, Eléonore Eugénie née en 1889, Martin Louis né en 1891, Edouard François né en 1894 et Joseph Auguste né en 1896. Les cinq garçons partent à la guerre. Seulement deux vont revenir...
Raymond a effectué son service militaire au 14ème régiment de hussards et y a obtenu son certificat de bonne conduite.
Mobilisé le 3 août 1914, Raymond est soldat, intégré au 51ème régiment d’artillerie. Durand la guerre, il changera plusieurs fois de régiment. Il participe à la seconde bataille de l’Artois. Il sera ensuite de la campagne de la Lorraine à la Champagne entre mars et juillet 1916, Apremont puis viendront l’enfer de Verdun, les Eparges… Son dossier militaire ne fait état d’aucune blessure ni décoration. Il est démobilisé en mars 1919.
Raymond se marie en 1922 et a des enfants. Il décède en 1953 à Chéméré.
Edouard intègre le 5ème régiment d’artillerie de campagne le 3 août 1914. Il vient tout juste d’avoir 20 ans. Il est canonnier-conducteur. Il tombe malade le 4 août 1915 . Il est donc réformé. Il se marie et a des enfants. Il décède en 1974 à Sainte-Pazanne.
3 trois frères sont Morts pour la France.
Les archives à notre disposition nous ont permis de mettre en lumière le destin tragique de trois de ces enfants : Eugène Denis, Martin Louis et Joseph Auguste.
Eugène Denis est né le 4 avril 1880 au lieudit « La Biche » à Chéméré. Son père est cultivateur et sa mère cultivatrice. Il a les cheveux châtains, les yeux verts et mesure 1m56.
En 1901, Eugène effectue son service militaire au 65ème régiment d'Infanterie de Nantes. Il est libéré de ses obligations en 1902.
Il est rappelé le 21 août 1914 dans le cadre de la mobilisation générale et est affecté au 265ème régiment d’infanterie (65ème Régiment + 200 = 265ème Régiment). Il partira de Nantes « au milieu des acclamations, sous les fleurs qu’on jette de toutes parts ». On sait aujourd'hui que la réalité est bien différente car la stupeur et le chagrin de voir partir les hommes dominent.
A partir du 22 août 1914, il participe à la bataille des Ardennes à Maissin (Belgique), suivie de la bataille des Frontières à Sedan et Bouillon (Belgique)
Du 6 au 13 septembre 1914 , son régiment prend part à la première bataille de la Marne près de Fère-Champenoise.(Cette bataille fera 21.000 morts)
Puis s’ensuivra la guerre de tranchées.
On peut lire dans le journal des marches de ce régiment : « 27 octobre 1914 : La tranchée du mamelon est en partie détruite par 3 ou 4 obus qui tombent sur elle. Vers 16h une attaque est tentée par une compagnie allemande, sur ce point, elle est repoussée. Nous avons eu dans la journée 12 morts et 25 blessés… »
Eugène est blessé au Combat de Moulin-Sous-Touvent et meurt de ses blessures le 27 octobre 1914 à l’âge de 34 ans. Il est inhumé dans le cimetière communal de Chéméré.
Martin Louis est né le 25 avril 1891 au lieudit « La Biche » comme son aîné. Ses parents sont toujours cultivateurs. Martin est blond aux yeux bleu foncé et mesure 1m68
Il effectue son service militaire et enchaînera avec la mobilisation comme soldat de 2ème classe dans le 2ème régiment de zouaves.
Il participe aux combats sur la Sambre et disparaît au combat de Thin-Le-Moutier dans les Ardennes le 1er septembre 1914 à l’âge de 23 ans. On ne retrouvera jamais son corps. Son décès sera confirmé par un "Jugement déclaratif de décès" prononcé par le Tribunal de Paimboeuf le 23 novembre 1920.
Joseph Auguste est né le 16 mars 1896 au lieudit « La Biche » comme ses autres frères. Ses parents sont toujours cultivateurs. Il a les cheveux châtains, les yeux noirs et mesure 1m63.
Il est incorporé au 411ème régiment d’infanterie le 8 avril 1915 comme soldat de 2ème classe. Il participe aux combats de Champagne, tranchées d’Haraucourt et de Posen-Champagne. Puis ce sera Verdun, la Lorraine, la ferme de Rozebois, des Ervantes, la forêt de Bezange…
Il décède des suites de blessures le 3 février 1918 à l’hôpital complémentaire N° 8 de Troyes dans l’Aude à l’âge de 21 ans. Il est inhumé dans la Nécropole Nationale de la Ferme de Suippes (51) Carré 14-18 Tombe N° 655.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de ces biographies.
D'autres fratries que celle des frères Chauvelon ont été touchées par la première guerre mondiale. Par exemple, les frères Jardot, natifs du Territoire de Belfort, fratrie de cinq soldats français, sont tous tués entre septembre 1914 et juin 1915 et déclarés morts pour la France. Quatre sont tués à l'ennemi. Ils sont l'une des trois fratries françaises ayant officiellement eu cinq tués durant le conflit. Toutefois, beaucoup de membres de familles nombreuses ont dû être mobilisés et il est probable que le nombre de ces grandes familles décimées soit plus important. Au moins une fratrie française a compté six tués : les frères Ruellan de Paramé, un quartier de Saint-Malo.
Source : André Ducasse, Jacques Meyer et Gabriel Perreux, Vie et Mort des Français, 1914-1918, Hachette, 1960