GADET Donatien Henri Joseph
La Plaine
1878 - 1915
265e régiment d'infanterie
Mort pour la France
Joseph Donatien-Henri, dit Donatien est né le 21 novembre 1878 à La Plaine.
Il est cultivateur.
Il se marie en 1902 et a un fils.
Donatien est mobilisé au 265e régiment d’infanterie de Nantes.
Il est tué à l’ennemi le 15 juin 1915 dans une tranchée de Moulin-sous-Touvent.
Il est inhumé dans la nécropole nationale de Tracy-le-Mont (Oise).
Son père, Donatien GADET épouse à La Plaine Marie BRISSON en 1866. Ils sont tous deux natifs de La Plaine.
Le couple a trois enfants : Eugénie (1870), Clarisse (1874) et Joseph Donatien (1878). Tous les trois sont nés à La Plaine.
Joseph Donatien Henri GADET, qui se fera appeler Donatien est donc né le 21 novembre 1878 au Bourg de La Plaine. Ses parents sont alors tous les deux cultivateurs.
Alors qu’il exerce lui aussi le métier de cultivateur, Donatien commence son service militaire au 4e bataillon de chasseurs le 14 novembre 1899. Il est brun, aux yeux verts, et mesure 1,63 m. Il retourne à la vie civile le 22 septembre 1900 avec son certificat de bonne conduite accordé.
Il se marie le 24 novembre 1902 à La Plaine avec Valentine GOUY, cultivatrice native de Sainte-Marie. De cette union naît en 1903 à La Plaine, Joseph Jean-Marie.
Il accomplit des périodes d’exercices du 21 août au 17 septembre 1905 au 65e régiment d’infanterie (RI) de Nantes puis du 29 avril au 15 mai 1909 dans le même régiment.
Compte tenu de son âge, il passe dans l’armée territoriale le 1er octobre 1912.
La guerre éclate et Donatien est mobilisé au 265e RI dans la 17e compagnie. Il a alors 35 ans.
Le 265e est d’abord employé pendant trois semaines à la défense du camp retranché de Paris. Officiers et soldats s'entraînent à la pratique des enseignements reçus dans « l'active ».
Le 25 août, le régiment embarque à destination de Neuville-Saint-Vaast et commence les combats dès le 28 août 1914.
Le commandant de la brigade écrit : « L'énergie de l'offensive de la 121e brigade et en particulier du 265e, sa résistance pendant cinq heures à un ennemi supérieur en nombre, ont fait croire au général commandant le corps prussien qu'il y avait en face de lui au moins un corps d'armée français. Il l'a déclaré spontanément et formellement au docteur BLONDEAU [NDLR : ce médecin était dans les lignes allemandes à ce moment-là]. Ce résultat constitue le meilleur éloge de la façon dont la brigade et spécialement le 265e se sont présentés pour la première fois au feu. Ils ont eu l'honneur d'avoir en face d'eux des régiments appartenant aux meilleures troupes de l'empire et, par leur attitude, ils ont su leur en imposer et leur faire perdre leur mordant. Le 265e et la 121e brigade se rappelleront ce résultat et feront encore mieux la prochaine fois. Nous ne devons pas oublier qu'il s'agit désormais de l'existence même de la France. » Historique du 265e
Donatien va participer aux combats de Ginchy-Guillemont et vivre le drame du 28 août 1914 raconté dans la biographie de Michel MORANTIN de Chauvé.
Suivent les combats à Betz, Nanteuil, Genest et Boissy-Fresnoy.
La guerre des tranchées s’installe fin 1914. Donatien est ensuite engagé dans les combats autour du Moulin-sous-Touvent.
Puis, le régiment va repartir sur Combles, Ginchy et Villers-Cotterêts et revient en mars 1915 à Moulin-sous-Touvent.
« Nous sommes tout près de l'ennemi : 80 à 100 mètres à peine. Les engins de tranchée abondent et ne restent guère inactifs. Nous recevons et nous lançons des bombes de toutes les sortes : petits mortiers, canons pneumatiques, arbalètes, frondes, tromblons, grenades à fusil ; grenades à main sphériques, cylindriques, ovoïdes ou piriformes ; pétards bardés de fil de fer, chaque semaine, à tout le moins, nous apporte sa nouveauté que nous employons aussitôt. Le mouvement est commencé qui fera de l'infanterie une arme complexe et savante : nous ne serons pas en retard. » Historique du 265e
Les pertes du régiment sont remplacées par de plus jeunes soldats. En mai 1915, le régiment se prépare à une attaque imminente. C’est à ce moment que le régiment reçoit les nouveaux uniformes : « Nous voici tout de bleu vêtus, rééquipés de pied en cap. » Historique du 265e
Le régiment doit prendre le saillant de Quennevières le 1er juin 1915. L’artillerie prépare cette attaque par des tirs incessants.
C’est lors de ces combats que Jean THIBAUD des Moutiers est blessé. Il décède des suites de ses blessures de guerre le 16 juin 1915.
Donatien est dans le même régiment que Jean THIBAUD et ils participent aux mêmes combats.
Donatien, lui, est tué à l’ennemi le 15 juin 1915 dans une tranchée près de la ferme de Touvent à Moulin-sous-Touvent dans l’Oise. Il est inhumé dans la nécropole nationale de Tracy-le-Mont dans l’Oise, tombe n° 829. Il avait 36 ans.
Son acte de décès a été transcrit à La Plaine au prénom de Donatien le 8 septembre 1915. Une mention rectificative a été portée sur le registre de l’état civil de La Plaine le 23 octobre 1916 mentionnant Joseph comme premier prénom. Sa fiche matricule est établie avec Donatien comme premier prénom. Il est inscrit sur le monument aux morts de La Plaine sous le prénom de Joseph.
Son père décède en 1895 à La Plaine à l’âge de 49 ans.
Sa sœur Eugénie, cultivatrice, décède en 1891 à La Plaine à l’âge de 20 ans.
Son épouse Valentine décède en 1946 à l’âge de 66 ans.
Son fils Joseph, charpentier, décède en 1962 à La Plaine à l’âge de 58 ans
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
« Juin 1915. Voilà des jours que nous attendions l’assaut. Le 6, dès l’aube, l’artillerie a ouvert le feu. Jamais je n’avais entendu un tel vacarme : la terre tremblait sous nos pieds, et les obus soulevaient la ferme de Touvent dans un nuage de flammes et de poussière. Nous étions convaincus que plus rien ne pouvait survivre là-dedans.
Le 7, au petit matin, l’ordre est tombé : “En avant !” Nous avons bondi hors de nos tranchées. La baïonnette au canon, nous avons couru dans la boue, franchi les réseaux de fils de fer, et pris d’assaut les premières lignes allemandes. Pendant un instant, j’ai cru que nous allions balayer tout le secteur. Mais à mesure que nous approchions de la ferme, les mitrailleuses se sont mises à cracher, surgissant des caves et des abris que nous pensions détruits.
Pendant des jours, nous nous sommes battus comme des fous. Grenades à la main, nous avons investi une partie des bâtiments, pièce par pièce. Les Allemands contre-attaquaient sans cesse, surgissant de trous invisibles. La ferme changeait de mains, parfois deux ou trois fois dans la même journée. Chaque soir, nous comptions les camarades tombés, et chaque matin, de nouveaux visages venaient grossir nos rangs, pour disparaître aussitôt dans la tourmente.
La puanteur était insupportable : poudre, chair brûlée, chevaux éventrés. Les murs de la ferme étaient criblés d’éclats, noircis par la fumée. Nous nous battions dans les caves, à la lueur des éclairs des fusils, au corps-à-corps, jusqu’à sentir le souffle de l’ennemi sur nos visages.
Le 16 juin, l’ordre de cesser l’attaque est arrivé. Nous étions épuisés, hagards, les yeux vides. La ferme, que nous avions tant de fois approchée, restait allemande. Des milliers de morts pour rien, pour quelques mètres de terre ensanglantée.
Je n’oublierai jamais la ferme de Touvent. Pour nous, elle n’était plus une bâtisse, mais un tombeau. Nos camarades y sont restés, et leur souvenir y demeure à jamais. » Voilà ce qu'aurait pu raconter un survivant !
Source : Gallica "Le carnet de campagne du sergent Lefèvre, 1914-1916"