Cette biographie a été rédigée grâce aux recherches des auteurs du livre "Partis pour la Patrie"
CHOBLET Henri Joseph
Chéméré
1895 - 1916
44ᵉ régiment d'infanterie coloniale
Mort pour la France
Henri est né le 31 mai 1895 à Chéméré.
Il a deux frères qui partent aussi aux combats.
Il est mobilisé le 15 décembre 1914 au 62e régiment d'infanterie.
Il combat dans le secteur d’Ovillers-la-Boisselle dans la Somme jusqu’en août 1915.
Puis, il combat dans le secteur de Somme-Tourbe et Perthes-Lès-Hurlus au Sud-Est de Reims, puis vers Amiens.
En novembre 1915, il passe au 36e RI.
En juin 1916, Henri est affecté au 44e régiment d’infanterie coloniale qui est à Verdun.
Il est tué à l’ennemi le 2 août 1916 devant Barleux pendant la bataille de la Somme.
Nous recherchons la tombe d'Henri.
Une plaque mémorielle est posée sur la tombe familiale à Chéméré.
Son père, Pierre CHOBLET, cultivateur, épouse Marguerite EVEN, également cultivatrice en 1891 à Chéméré.
Le couple a cinq enfants : Eugène, né en 1892, Pierre, né en 1893, Henri né en 1895, Marie née en 1897 et Louis né en 1899.
Henri est donc né le 31 mai 1895 à Chéméré.
Il exerce la profession de charpentier. Il a les cheveux bruns, les yeux noirs et mesure 1m63.
Il est mobilisé le 15 décembre 1914 au 62e régiment d’infanterie en garnison à Lorient. Henri est alors à peine âgé de 20 ans.
Le 62e a déjà participé à la bataille de la Marne du 6 au 13 septembre 1914. Il a aussi participé aux combats de la Montagne de Reims et de la Somme.
Quand Henri arrive, la guerre de tranchées a déjà commencé. Le régiment est dans le secteur d’Ovillers-la-Boisselle.
Fin janvier 1915, un sergent du 62e est allé "...seul, le 27 janvier 1915, en plein jour, sous les yeux de l'ennemi, à 200 mètres environ de nos tranchées, pour enlever un grand drapeau aux couleurs allemandes et un petit drapeau français juxtaposé au premier, que les Allemands avaient placés près de leurs tranchées, au cours de la nuit précédente, pour symboliser, sans doute, la suprématie de l'Allemagne sur la France.../... [Il] a rapporté ces emblèmes dans nos lignes, donnant ainsi à tous un bel exemple de sang-froid, de courage et de patriotisme." (Historique du 62e )
Du 7 au 20 août, Henri est remis à l'instruction. Il s'exerce aux nouvelles méthodes de combats en vue de l'offensive qui doit avoir lieu en Champagne, fin septembre.
"Le 25, vers 2 heures, toutes les unités du régiment sont en place. Vers 7 heures, tous les hommes sont prévenus que l'attaque aura lieu à 9 h 15 précises. Les montres sont réglées. Notre artillerie continue son tir de destruction qui durera 72 heures." (Historique du 62e RI)
Henri est ensuite affecté au secteur de Somme-Tourbe et Perthes-Lès-Hurlus au Sud-Est de Reims.
Les combats sont violents et les pertes nombreuses.
Le 30 octobre, les Allemands lancent une violente attaque sur les positions de Tahure. Le 62e est en seconde ligne. Il se prépare à contre-attaquer, mais il n'a pas à intervenir, les troupes de première ligne ayant réussi à repousser l'attaque ennemie.
Le 23 novembre 1915, Henri passe au 36e régiment d’infanterie qui se trouve en Artois, dans le secteur de Neuville-Saint-Vaast. Au début de l'année 1916, le 36e est envoyé dans la Somme. Henri est ensuite engagé dans la bataille de Verdun en avril et mai 1916.
Le 12 juin 1916, Henri est affecté au 44e régiment d’infanterie coloniale.
Le Journal de Marches et Opérations du 44e RIC fait partie des lacunes aux archives.
Nous avons donc fait les recherches dans les historiques disponibles.
Tout comme Henri, le 44e RIC est dans la Somme en février 1916 : ".../...il occupe le secteur de Rosières. Le 21 février 1916, il est attaqué avec émission de gaz, les Allemands font de longues émissions séparées par un court intervalle, la nappe envahit les tranchées, gagne les abris et l'ennemi, sûr de la mise hors de combat des occupants, certain du succès, se rue sur les tranchées.../..."
A l'arrivée d'Henri, le 44e RIC combat dans la Somme depuis le 29 mai 1916.
On peut lire dans l'historique que, début juillet 1916, l'ennemi n'hésite pas à employer des procédés "déloyaux" pour atteindre ses objectifs : ".../... Il fait le simulacre de se rendre, et fusille à bout portant la section du sous-lieutenant COUTURIER.../..."
L'ordre de reprendre la Maisonnette à Barleux, à l'ouest d'Amiens est donné. ".../... Les survivants de la 18e compagnie et trois sections de renfort de la 19e compagnie s'élancent à la conquête de l'objectif perdu quelques instants auparavant. Ils progressent malgré le bombardement et la fusillade, en dépit de l'occupation du bois Blaise par l'ennemi et atteignent la lisière est de la Maisonnette. Les Allemands réagissent, le 44erésiste victorieusement, mais sous la menace d'enveloppement par le nord et par le sud, il ne peut s'y maintenir et regagne les tranchées de départ."
C'est lors de ces opérations dans le secteur de La Maisonnette, qu’Henri est tué à l’ennemi le 2 août 1916. La famille est informée officiellement le 8 avril 1918 qu'Henri est inhumé "dans le secteur de Flaucourt, arrondissement de Péronne, cimetière du bois de Boulogne. Tombe N° 3."
Cependant, à ce jour, nous n'avons pas encore retrouvé la tombe d'Henri. Nous poursuivons nos recherches.
Une plaque mémorielle est posée sur la sépulture familiale CHOBLET - EVEN au cimetière de Chéméré. La tombe est à l’abandon.
Pierre, le papa, décède en 1921 à Chéméré à l'âge de 67 ans.
Marguerite, la maman, décède en 1940 à Chéméré à l'âge de 78 ans.
Eugène, l'aîné, revient des combats. Il est blessé une fois et cité deux fois. Il est décoré de la prestigieuse médaille militaire et de la Croix de guerre. Il est sabotier et secrétaire de mairie de Chéméré. Il décède en 1966 à l'âge de 73 ans.
Le second, Pierre, blessé au début du conflit, est cité à l’ordre du corps d’armée. Il reçoit la Croix de guerre avec une étoile vermeil. Il épouse Alice LOUERAT. Il est secrétaire de mairie à Arthon. Il décède à Arthon en 1967.
Marie, lingère, décède en 1971 à Chéméré à l'âge de 74 ans.
Louis décède en bas âge en 1899.
Fin mai 1917, des troubles agitent le régiment dont avait fait partie Henri, le 36e Avec une partie du 129e RI, des soldats cantonnés à Coeuvres, se mutinent et décident de marcher sur Paris le 30 mai, avec l'intention de se joindre à un mouvement populaire.
Quelques jeunes officiers se joignent à eux. Ils contraignent le mécanicien d'un train, en gare de Soissons, à se mettre en marche vers la capitale. Le train est stoppé à Villers-Cotterêts, les mutins ramenés à Soissons et les supposés meneurs mis en prison, puis jugés. A l'Élysée, le président POINCARÉ est "consterné". Ces évènements ne sont pas mentionnés dans le JMO du 36e mais relatés dans le JMO de la 5e Division (Sources : Mutineries 1917, John Williams.).
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Un rescapé, Paul DUBRULE, raconte : « Au sortir du village, un tableau plus sinistre s'offre à moi.
Dans le village, les ruines avaient voilé les horreurs les plus poignantes, la vue des cadavres ; sur ce terrain, elles s'étalent. Le combat a été atroce ; partout des Allemands sont étendus. J'arrive au fameux chemin creux... Mettant à profit cette défense naturelle, l'ennemi y avait organisé une résistance farouche : nos soldats ont dû les déloger, un à un, de ces niches par un combat à la grenade. Le terrain n'avait pas encore été nettoyé.
A chaque pas, sur le bord du chemin, dans les trous, des cadavres gisaient, horribles, noircis, gonflés, mutilés par d'affreuses blessures ; çà et là des membres détachés, des têtes, ajoutaient encore au tragique du tableau.
Le sol était couvert de matériel de guerre en quantité énorme : fusils, mitrailleuses, caisses et bandes de cartouches, grenades, outils, havresacs, capotes, casques, bérets, gisaient éparpillés dans un désordre navrant ... »