Cette biographie a pour sources : Claire des Archives Diocésaines de Nantes, « Partis pour la Patrie », les généalogies de François GIRARDOT et Chrystelle PINAUD, l’historique du 93e régiment d'infanterie - Guerre 1914-1918
ORIEUX Alfred Constant Marie Valentin
Arthon
1895 - 1915
93ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
Alfred est né le 4 février 1915.
Il est étudiant ecclésiastique lorsqu’il est mobilisé.
Il est affecté au 93e régiment d’infanterie.
Il est tué à l’ennemi le 1er novembre 1915 à Perthes-Lès-Hurlus.
François ORIEUX, cantonnier épouse en 1885 à Sainte-Marie, Philomène Théodiste Marie REDOIS, sans profession. Le couple a trois enfants : Joseph (1887 Sainte-Marie), Gustave (1890 Sainte-Marie), Marie (1892 Chauvé) et Alfred (1895 Chauvé)
Veuf, le père d’Alfred épouse en secondes noces Rosalie PACAUD en 1896 à Chauvé. Deux enfants naissent de cette union : Germaine en 1900 et Marcel en 1902, tous deux à Arthon.
Alfred est donc né le 4 février 1895 à Chauvé.
Alfred est le fils du chef cantonnier que tout le monde connaît dans la région d'Arthon. Dès son enfance il désire devenir prêtre, mais les parents sont pauvres et la famille nombreuse.
Malgré tout, « le petit Alfred garde comme un trésor son précieux désir ». Il entre au noviciat des Frères de Saint-Vincent de Paul, en Belgique, et au mois de juillet 1914, il revêt la soutane. Quelques jours plus tard, la guerre éclate. Alfred a les cheveux et les yeux châtain foncé. Il mesure 1m69.
Le jeune abbé appartient à la classe 1915, il n'est donc pas encore soldat, et on l’a vu, dans l'église de sa paroisse natale, assister aux offices. « Il s'ingéniait avec un aimable empressement à suppléer, autant qu'il le pouvait, le vicaire et le chantre mobilisés. ». Quand son tour arrive, Alfred est mobilisé le 3 janvier 1915. Il est envoyé à La Roche-sur-Yon le 30 janvier suivant, au 93e régiment d'infanterie. Quelques mois plus tard, il est au front dans une section de mitrailleurs.
De là-bas ses lettres arrivent fréquemment à Arthon où elles apportent toujours espoir et courage à ceux qui s'inquiètent pour lui :
« Souvent il s'oubliait lui-même et rassurait d'un mot les familles anxieuses de ses camarades qui souffraient, combattaient et mouraient, quelquefois dans son voisinage. Plus d'une mère, plus d'une épouse lui dut le calme d'un jour, et le sommeil paisible d'une nuit. Mais pas une fois on ne surprit dans ses lettres une seule ligne, un seul mot trahissant la lassitude. Sans doute, il disait ses peines, ses fatigues, ses dangers, mais malgré sa chétive apparence, il supportait tout vaillamment, le sourire aux lèvres, les yeux au ciel et le cœur plongé dans la joie amère du sacrifice. »
Lorsque Alfred arrive au 93ᵉ régiment d’infanterie, la guerre fait rage depuis déjà six mois. Ce régiment a participé aux premières grandes offensives : les combats de Bouillon et de La Chapelle, puis une retraite difficile vers Martincourt et Stenay, avant d’être engagé dans la bataille de la Marne qui stoppe l’avancée ennemie.
À la fin du mois de septembre 1914, le 93ᵉ est envoyé dans la Somme, aux environs d’Ovillers-La Boisselle et Auchonvillers. Début janvier 1915, lorsque Alfred rejoint l’unité, le régiment est positionné un peu plus au nord, à Hébuterne et à la Ferme Toutvent, dans le Pas-de-Calais.
En mai 1915, le 93ᵉ occupe toujours ces mêmes positions. Il reçoit l’ordre de prendre la Ferme Toutvent, « transformée en véritable blockhaus ».
En juillet 1915, Alfred est envoyé en Champagne, où il restera jusqu’en mai 1916 : « Les nombreuses tombes échelonnées le long de la Tourbe et du Marson attestaient la vigueur des combats qui s’y étaient livrés. » Les pertes considérables subies par le régiment imposent alors une réorganisation immédiate.
Il remet à un ami, une lettre adressée à sa famille s'il venait à mourir. Il écrit « dans quels sentiments il dut marcher à la mort. Sans bruit aucun, il avait fait, dit-il, devant Dieu, pour l'Eglise, pour la France et pour sa famille le sacrifice volontaire de sa propre vie. Il désirait vivement que son sacrifice fût accepté, il était dans l'anxiété qu'il ne le fût pas. Cependant, à deux reprises, son frère Gustave avait été blessé grièvement puis guéri et l'abbé Orieux écrit :
« Blessé deux fois, on dirait que la mort ne veut pas de lui, tant mieux ! mon Dieu, si vous voulez une victime dans ma famille, acceptez moi ; je vous offre ma vie pour que mon frère revienne de la guerre. Futur prêtre, j'ai appris à me sacrifier dans mes joies et mes affections, dans ma volonté, dans mes sens et dans mon corps, ce m'est plus facile de souffrir et de mourir ; Gustave soutiendra mon vieux père mieux que je ne saurais le faire»
Pour ses frères, ses sœurs, ses parents, pour la France et pour l'Eglise, il offre à Dieu ses souffrances de tranchée, souffrances de nuit, souffrances de jour, sous la pluie, ou dans la boue, la faim, la soif... souffrances si terribles que beaucoup préfèrent la mort. Il avait assez souffert, et une balle vint, le jour de la Toussaint, consommer son sacrifice.
Pauvre père, vous pleurez votre fils, pleurez-le, il eût fait un saint prêtre ! mais ne pleurez pas comme ceux qui n'ont point de fierté ni d'espérance. Son âme, je sais bien où elle est, et la victoire de demain sera due à ceux qui tomberont comme celui-là a voulu tomber. »
Début octobre 1915, pour contrer les attaques ennemies, l’ordre est donné de faire exploser une mine chargée de 27 000 kg d’explosifs, avec le « concours de toute l’artillerie lourde et de campagne du secteur ». Mais l’artillerie allemande se déchaîne en riposte.
C’est là, au cœur de la fureur des bombardements, après dix mois passés au front, qu’Alfred est tué le 1ᵉʳ novembre 1915 à Perthes-lès-Hurlus.
Son lieu d’inhumation reste inconnu.
Son père, François, décède en 1920 à Arthon à l’âge de 62 ans.
Sa mère Marie, décède le 4 février 1895 à Chauvé, soit 4 jours après la naissance d’Alfred.
Son frère Joseph épouse Marie KERNEUR en 1916 à Baden (56)
Gustave s’est engagé volontairement en 1909. Il a donc participé au conflit dans l’infanterie. Il est blessé 3 fois : en septembre et en novembre 1914 et en septembre 1916. Il a été décoré de la médaille militaire en juillet 1917 puis il reçoit la Croix de guerre avec 2 étoiles bronze, 1 palme et 1 étoile vermeil. Il quitte l’armée avec le grade d’adjudant. Il est fait chevalier de la légion d’honneur le 29 décembre 1959. Il décède en 1975 à Cholet à l’âge de 85 ans.
Sa sœur Marie épouse Julien MALARD en 1914 à Arthon. Elle décède en 1972 à Bourg neuf à l’âge de 79 ans.
Nous n’avons pas d’information sur sa demi-sœur Germaine.
Son demi-frère Marcel épouse Marie LOIRAT en 1927 à Arthon. Il décède en 1960 à Arthon.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Elle a fait 27 851 tués, 98 305 blessés, 53 658 prisonniers ou disparus du côté français et des pertes beaucoup plus faibles du côté allemand. Le front a progressé de 3 à 4 km mais la rupture n'a pas été réalisée. Les Allemands ont su faire face dans un premier temps avec les réserves locales et, dans un deuxième temps, avec l'arrivée du 10e corps destiné initialement à la Russie.
Elle a démontré l'impossibilité de franchir dans un seul mouvement deux lignes de défense sans une préparation et une coordination inter armes et la nécessité de traiter chacune des lignes séparément. Elle a aussi démontré le manque de coopération entre les armes au sein des armées françaises, notamment entre l'artillerie lourde et l'infanterie, en partie dû à l'absence d'aviation pour cause de météo pour renseigner les artilleurs.
Elle a vu l'introduction du casque Adrian et l'utilisation massive de l'artillerie de tranchée. Elle a été un succès non négligeable sur le plan logistique et des mouvements, mais montre un manque de préparation pour le nombre d'obus en réserve. L'offensive ratée de Foch en Artois quelques mois plus tôt avait bien entamé les stocks. Le 7 septembre la dotation était de 1 200 coups par canon de 75, elle fut brûlée en six jours, 1 200 000 obus ont été consommés sur cette offensive. Les réserves stratégiques vont être doublées.