AVRIL Jean Francis
1892 - 1916
Arthon et le Clion
64e régiment d'infanterie
Mort pour la France
En bref
Jean est né le 13 juin 1892 au Clion.
Mobilisé dans le 64e régiment d'infanterie.
Nommé caporal le 27 août 1914.
Il participe aux combats de Maissin, Saint-Quentin, la bataille de La Marne, le Marais de Saint-Gond et la Boisselle en 1914.
En 1915, il participe aux combats d'Hébuterne et de la seconde bataille de la Somme.
En 1916, il est à Verdun, Thiaumont.
Il y aura des mutineries dans son régiment. 7 soldats seront fusillés, dont deux sommairement.
Jean, malade, est rapatrié d’Allemagne. Il décède le 9 décembre 1916 des suites d'une maladie contractée en service.
Il est inhumé au cimetière d’Arthon.
Pour aller plus loin
Jean est né le 13 juin 1892 au Clion. Son père, Philbert, est cultivateur aux Cinq-Chemins avec sa mère, Marie LERAY.
Jean a les cheveux châtains, les yeux gris-vert. Il mesure 1,70m et a une cicatrice sur le nez.
Pour son service militaire, il est incorporé le 10 octobre 1913 au 64e régiment d’infanterie en garnison à Ancenis.
Il ne quitte pas l’armée car il est mobilisé au déclenchement de la première guerre mondiale.
Le régiment quitte Ancenis le 5 août 1914 et se dirige à Reims puis vers la Belgique. Il est violemment bombardé le 22 août 1914 vers Maissin. C’est lors de cette journée que la France perd le plus de soldats de son histoire : 27.000 hommes tombent aux combats dont 378 soldats de Loire-Inférieure
Jean est nommé caporal le 27 août 1914.
Il participe ensuite aux combats de Saint-Quentin, la Bataille de La Marne, le Marais de Saint-Gond et la Boisselle en octobre et novembre 1914.
En 1915, le 64e régiment d’infanterie est engagé aux combats d’Hébuterne en juin et juillet puis, en septembre et octobre, aux combats de la seconde bataille de la Somme.
De juin à août 1916, le régiment participe à la défense de l'ouvrage de Thiaumont durant la dernière offensive allemande sur Verdun.
Dans la nuit du 26 au 27 mai 1916, le 64e fait l'objet d'agitations à Givry-en-Argonne. Des coups de feu sont tirés. 6 soldats sont mis en cause et sont appelés à être traduits devant le Conseil de Guerre.
On peut lire dans le Journal de Marches et Opérations du 64ème à la date du 31 mai 1916 :
« Le Régiment quitte Sivy vers 6 heures, la marche a lieu sans incidents et à 11h toutes les unités ont rejoint leur cantonnement.
Repos le reste de l'après-midi.
Le Général Pétain réunit tous les officiers supérieurs de la division à 16 heures à Villers-En-Argonne.
Vers 22 beures 30, des coups de feu sont tirés par des militaires du 1er Bataillon à Aubercy. On découvre les auteurs : ce sont le Caporal LE PAHUN et le soldat SCHLOSSER de la 3è Cie.
Jeudi 1er juin : Le Colonel donne l’ordre d’exécuter le Caporal LE PAHUN et le soldat SCHLOSSER. L’opération a lieu sans incident. Même situation »
Les archives ne font pas état de Conseil de Guerre pour ces deux soldats.
Le caporal Emile LE PAHUN est né le 18 janvier 1886 à Saint-Nazaire. Il a 30 ans quand il est fusillé.
André SCHLOSSER est né le 20 février 1886 à Paris XIXème fusillé également à l’âge de 30 ans.
https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/e00527b9bd2d1a98/527b9bd356604
Les six autres soldats mis en cause dans les agitations du 26 et 27 mai sont jugés par le conseil de guerre le 4 juin et quatre d'entre eux sont fusillés le lendemain, 5 juin 1916, à Sainte-Menehould quatre jours après les soldats LE PAHUN et SCHLOSSER :
Le soldat Guillaume BERNARD né le 29 avril 1889 à Pleyben (29) 27 ans.
Le Caporal Joseph Marie René BERTIN né le 25 septembre 1890 à Nozay (44) 25 ans.
Le soldat François Marie HENAFF né le 31 août 1886 à Kerfeunteun (29) 29 ans.
Le soldat Armand Théophile JUIN né le 22 avril 1887 à Montoir (44) 29 ans.
Emile et André sont donc passés par les armes sans mention dans le JMO.
Dans ce même régiment, après avoir été jugé en conseil de guerre, le soldat Jules ALLARD, né le 22 août 1892 à Nantes est fusillé le 13 février 1917 à l'âge de 24 ans.
12 soldats de Loire-Atlantique seront fusillés lors de la Première Guerre mondiale dont sept du 64ème régiment d'infanterie.
Le régiment fut sujet à des actes de rébellion collective pendant les « mutineries » de 1917 (source D. Rolland « La Grève des tranchées »)
Jean aura sans nul doute entendu cette histoire de juin 1916, un régiment étant composé d’environ 3400 hommes.
Jean, malade, est rapatrié d’Allemagne. Il décède chez ses parents aux Cinq-Chemins au Clion le 9 décembre 1916 des suites d'une maladie contractée en service. Nous ignorons ce qui s'est passé entre la bataille de Verdun et ce passage en Allemagne. A-t-il été fait prisonnier ? Si quelqu'un a des renseignements à ce sujet, ils seront les bienvenus.
Il est inhumé au cimetière d’Arthon. Une plaque rappelle sa mémoire :
Ici repose le corps de Jean Francis AVRIL
Rapatrié d’Allemagne
Décédé Le 9 décembre 1916 Aux Cinq-Chemins
A l’âge de 24 ans
U.P.S.V.P
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
La réalité des camps (Les Kommandos). Si les officiers étaient gardés dans des camps (Oflags) avec des conditions "correctes", la grande majorité des soldats (la troupe) était envoyée dans des Kommandos de travail. L'Allemagne, dont la main-d'œuvre était au front, utilisait les prisonniers comme forçats : travaux agricoles, mines de charbon, usines ou terrassement. Les conditions y étaient souvent inhumaines : nourriture insuffisante (la fameuse soupe de rutabagas), épidémies (typhus, grippe espagnole) et violences des gardiens.
La "Psychose du fil de fer". Au-delà de la faim, c'est l'ennui et l'absence de nouvelles qui tuaient. C'est ce qu'on a appelé le "cafard" ou la "psychose du fil de fer". Le prisonnier se sentait oublié, parfois coupable de ne plus se battre, et vivait dans l'angoisse que sa famille ne le croie mort.
L'Échange et les Rapatriements (Le rôle de la Suisse). C'est ici qu'intervient la notion d'échange, cruciale pour comprendre pourquoi certains soldats rentrent avant 1918. Dès 1916, grâce à la Croix-Rouge, des accords sont passés entre belligérants pour échanger les "Grands Blessés" et les malades.
Le critère : Il fallait être jugé inapte au combat (amputés, tuberculeux, blessés graves, ou souffrant de troubles mentaux sévères dus à la captivité).
Le trajet : Les trains de prisonniers passaient par la Suisse (pays neutre). C'était souvent une fête immense dans les gares suisses où la population apportait de la nourriture aux soldats squelettiques.
L'internement : Certains, trop malades pour rentrer mais plus aptes au combat, étaient "internés en Suisse" jusqu'à la fin de la guerre pour y être soignés dans des sanatoriums.
Ce sont peut-être ces accords qui ont permis le rapatriement de Jean.