Merci à Jean-Jacques VIAUD qui nous a communiqué sa chronique familiale très riche disponible ICI.
DARMEZIN Louis Pierre Alcide
Les Moutiers
1883 - 1916
26ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
La tombe de Louis au cimetière des Moutiers. Sa famille continue son entretien
Louis est né le 26 avril 1883 à Nantes.
Il se marie en 1905 et a un fils, Eugène.
Il est mobilisé le 12 décembre 1914 et est affecté au 147ème R.I.
Il combat en Champagne, aux Eparges, à Calonne.
Puis dans le secteur de Lorette qui a vu tomber 40 000 soldats français en un peu plus d’un mois.
Son épouse décède en 1915 à l’âge de 32 ans
Louis combat à Verdun puis dans la Somme où il décède le 30 juillet 1916.
Louis est né le 26 avril 1883, rue Rameau à Nantes. Son père Frédéric est alors plombier et sa mère, Marie Blanchard, est ménagère.
Louis se marie à l’âge de 22 ans aux Moutiers le 1er mai 1905 avec Clémence VIAUD qui est née le 22 août 1883 au bourg des Moutiers.
Ils ont un fils unique, Eugène Joseph Clément Marie, né le 6 février 1906 aux Moutiers.
Louis ne fait pas son service militaire. Il est atteint de bégaiement, il est donc exempté.
La guerre déclarée, Louis est mobilisé le 12 décembre 1914 . Il est affecté au 147ème régiment d’infanterie (2ème corps d’armée, 4ème division d’infanterie, 7ème brigade) dont la devise est « Là où le 147ème a mission de tenir, l’ennemi ne passe pas » Dès le 1er août, ce régiment est embarqué vers Marville, près de la frontière belge. Il est engagé dans les combats dès le 10 août.
Malheureusement, comme le reste des troupes, le 147ème bat en retraite. Il participe à la bataille de la Marne qui arrête la poussée allemande. Quand Louis arrive au 147ème, la guerre de tranchées a déjà commencé. Louis est des batailles de Champagne - Mesnil-Lès-Hurlus en février 1915, des Éparges en avril, Calonne en Juin 1915.
C’est en juin de cette année que Louis, après un très bref passage au 17ème régiment d’infanterie, est affecté au 109ème le 23 juin 1915. Ce régiment est alors dans le secteur de Lorette qui a vu tomber 40 000 soldats français en un peu plus d’un mois. En octobre, le régiment est décoré de la Croix de guerre. Le lieutenant-colonel de ROINCE félicite le régiment de ses magnifiques faits d’armes et termine par ces mots : « Je suis fier de commander à de tels soldats »
Le 31 octobre 1915, l’épouse de Louis décède au bourg des Moutiers. Leur fils Eugène n’a alors que 9 ans.
En novembre et décembre, Louis est dans le Secteur du Bois en Hache et le Secteur du Bois de Givenchy. Le 22 décembre, le 109ème est relevé définitivement. Il quitte le sinistre plateau de Lorette, après une bataille de 12 mois. En janvier et février 1916, le régiment est envoyé en manœuvres au Camp de Saint-Riquier. Il est reformé et recomplété. C'est le premier grand repos depuis le début de la campagne.
Le 26 février 1916, le régiment fait mouvement dans la direction de Verdun, Douaumont. Au 21 mars 1916, il a perdu les 2/3 de ses effectifs.
Louis est affecté au 26ème régiment d’infanterie le 20 avril 1916. Il arrive en pleine bataille de Verdun et est envoyé ensuite dans la Somme.
L’attaque de Maurepas a lieu dans un épais brouillard et c’est là, ce 30 juillet 1916, que Louis est tué à l‘ennemi.
Paul Dubrulle, un poilu rescapé de Maurepas, a peint l'effroyable spectacle de ces débris informes, tout sanglants de l'héroïque combat :
« Au sortir du village, un tableau plus sinistre s'offre à moi.
Dans le village, les ruines avaient voilé les horreurs les plus poignantes, la vue des cadavres ; sur ce terrain, elles s'étalent. Le combat a été atroce ; partout des Allemands sont étendus. J'arrive au fameux chemin creux... Mettant à profit cette défense naturelle, l'ennemi y avait organisé une résistance farouche : nos soldats ont dû le déloger, un à un, de ses niches par un combat à la grenade. Le terrain n'avait pas encore été nettoyé. A chaque pas, sur le bord du chemin, dans les trous, des cadavres gisaient, horribles, noircis, gonflés, mutilés par d'affreuses blessures ; çà et là des membres détachés, des têtes, ajoutaient encore au tragique du tableau.
Le sol était couvert de matériel de guerre en quantité énorme : fusils, mitrailleuses, caisses et bandes de cartouches, grenades, outils, havresacs, capotes, casques, bérets, gisaient éparpillés dans un désordre navrant ... »
Paul Dubrulle est tué le 16 avril 1917 au bastion de Chevreux, près de Craonne, lors de la bataille du Chemin des Dames
Ce jour-là, le régiment de Louis perd 12 officiers et 60 soldats. 217 soldats sont blessés et 169 sont portés disparus.
L’avis de décès de Louis sera transmis à la mairie des Moutiers le 23 novembre 1916.
Louis est inhumé dans le cimetière des Moutiers auprès de son épouse et de ses beaux-parents.
Le petit Eugène n’a que 10 ans quand il se retrouve orphelin. Il est adopté par la Nation le 7 décembre 1925. Les proches ont raconté que « Eugène sera recueilli par son oncle et sa tante, qui l'élevèrent comme leur fils. Celui-ci devenu adulte exercera la profession de poissonnier. Il se marie le 19 aout 1929 à Pornic avec Billon Pauline. De leur union naîtront 3 enfants : Any, Jean Paul et Danielle. Seul Jean Paul aura une descendance. Il vit au Québec, ses trois enfants y sont nés. Jean Paul habite le quartier du « Pont Viau » dans la ville de Laval près de Montréal. Lors de [ces] recherches en 2008, j'apprends par Jean-François son fils que Jean-Paul et Pauline, sa grand-mère sont décédés »
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Depuis le mois de juillet 1916, les troupes franco-britanniques tentent de percer le front de la Somme afin d'alléger la pression sur Verdun. Dans le secteur nord du champ de bataille, les combats s'engagent. Dès le 20 juillet 1916, une grande attaque conjointe permet la conquête du Bois d'Hem et de la localité d'Hardécourt-aux-Bois. A partir du 12 août, les troupes françaises prennent la partie sud du village de Maurepas, n'emportant que le reste à partir du 24 août lors d'une seconde attaque. Le 3 septembre 1916, les troupes françaises et anglaises capturent les villages de Cléry-sur-Somme et de Le Forest. C'est alors sous une pluie battante, qui enlise les hommes et le matériel, que les combattants poursuivent leur avance en direction de Combles. Ce village, qui représente un verrou dans la défense allemande, est tenu par un régiment bavarois retranché dans de profondes défenses souterraines (appelées "Stollen"). Le 26 septembre 1916, l'attaque est lancée de manière conjointe entre Français et Britanniques qui emportent le village.