SEDILLOT Emmanuel Louis Camille
Pornic
1881 - 1914
144ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
Emmanuel est né 14 décembre 1881 à Paris.
Il s’engage volontairement dès 1900, alors qu’il est étudiant.
A la déclaration de guerre, Emmanuel, lieutenant, est au 144ème régiment d’infanterie.
Le régiment est envoyé en Belgique.
Le 23 août 1914, Emmanuel est tué par un éclat d’obus au combat de Lobbes.
Il est inhumé dans le cimetière militaire de Lobbes en Belgique, tombe 238. Une plaque rappelle sa mémoire sur la tombe de son père, lui-même militaire dans le cimetière de Pornic.
Jean-Jacques Charles Emmanuel Marie Félix SEDILLOT et Marie Augustine Eugénie PAOLI, tous deux natifs de Paris se marient le 2 juillet 1884 à Vitré (35)
Le couple a 5 enfants : Jeanne née en 1874, Marguerite née en 1876, Emmanuel né en 1881, Frédéric né en 1883 et Geneviève née en 1890.
Jean-Jacques, le papa, né en 1841, est un militaire qui a combattu sous le règne de Napoléon III.
Il s’engage volontairement le 23 avril 1859 et participe à la Campagne d’Italie. Cette campagne de 1859, aussi appelée seconde guerre d'indépendance italienne, voit s'affronter les armées de l'Empire français et du royaume de Sardaigne, à celles de l'empire d'Autriche. Sa conclusion, favorable aux Italiens, permet la réunion de la Lombardie au royaume de Sardaigne et de poser les bases de la constitution du royaume d'Italie qui intervient en 1861.
Le 18 janvier 1860, Jean-Jacques est caporal au 91ème. Il passe au 3ème régiment de tirailleurs algériens le 12 avril 1860. Nommé sergent le 21 avril 1861, il devient sergent fourrier le 26 avril 1862 puis sergent le 8 juillet 1862.
Jean-Jacques passe au 1er régiment de tirailleurs algériens comme sous-lieutenant le 14 mars 1866 puis, intègre le régiment de zouaves de la Garde Impériale le 14 décembre 1868. Il est nommé Lieutenant le 12 septembre 1870.
Il a été fait prisonnier de guerre le 29 octobre 1870 par suite de la capitulation de Metz. Il rentre de captivité le 10 avril 1871.
Il passe au 4ème régiment de zouaves le 1 avril 1871 puis est nommé capitaine le 6 février 1874.
Il intègre le 70ème régiment d’infanterie le 1er mai 1875. Il est d’abord nommé capitaine adjoint major le 7 octobre 1875, puis major le 8 juillet 1886.
Il a été blessé le 21 juin 1899 : « Précipité sur le sol par suite de la chute de son cheval dans un service commandé, ce qui a occasionné des contusions multiples au bras droit, premier palment dans la région du coude ».
Jean-Jacques est décoré de la médaille d’Italie (1859), de la médaille du Mexique (1863) et a été fait chevalier de la légion d’honneur le 24 septembre 1870 puis officier le 28 décembre 1889.
Italie : 5 juin 1859 – 10 août 1859
Afrique : 27 avril 1860 – 9 septembre 1862
Mexique : 10 septembre 1862 – 10 novembre 1866
Afrique : 114 mars 1867 – 14 juin 1867 puis 4 juin 1868 – 18 novembre 1868
Allemagne : 20 juillet 1870 – 10 avril 1870
Afrique : 9 septembre 1871 – 16 octobre 1873 puis 19 avril 1874 – 29 mai 1875
Il termine sa carrière comme lieutenant-colonel et décède à Pornic le 15 janvier 1915 à l’âge de 73 ans. Il est inhumé le 18 janvier 1915 à Pornic.
Emmanuel est donc né le 4 décembre 1881 à Paris.
Etudiant, Emmanuel s’engage pour 4 ans dans l’armée à Vanves le 20 décembre 1900. Il a les cheveux châtains, les yeux marrons et mesure 1m67.
Il est affecté au 139ème régiment d’infanterie. Nommé caporal le 25 juin 1901, il devient sergent fourrier le 1er juillet 1902 puis sergent.
Emmanuel se réengage tous les 2 ans et est admis à l’école militaire d’infanterie.
Il est promu sous-lieutenant au 153ème régiment d’infanterie le 18 mars 1908, puis lieutenant le 1er avril 1910.
Il est affecté au 144ème régiment d’infanterie le 24 septembre 1912 à Bordeaux.
Le 2 août 1914, la France décrète la mobilisation générale. Le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Le 5 août, le 144ème régiment d'Infanterie est composé de 60 officiers, 150 sous-officiers et 3 164 hommes de troupe. Emmanuel, au grade de lieutenant, fait partie de la 2ème compagnie du 1er bataillon. Le régiment embarque en 3 temps en gare de Bordeaux-Bastide.
Le 7 août, le régiment se rassemble dans la région de Vaucouleurs (Meuse).
L’Etat-Major et Emmanuel avec son 1er bataillon vont cantonner à Pagny-La-Blanche-Côte.
Le 9 août, l’ordre est donné au 1er bataillon de se rendre à Barisey-Au-Plain à plus de 2 heures de marche.
Le 10 août, Emmanuel cantonne dans cette commune. Le lendemain, il part pour Bainville-Sur-Madon puis, le 13 août à Marbache, le 14 à Tremblecourt et le 16 à Rosière (Rosière-En-Haye)
Le 18 août, le 18ème Corps d'Armée est transporté par voie ferrée. Emmanuel cantonne à Sémeries.
Débarqué à Sains-du-Nord le 20, le régiment gagne Thirimont et doit empêcher toute incursion de l'ennemi sur la rive droite de la Sambre.
Le 21, le 144ème s’installe à Cousolre. Le journal de marches et opérations (JMO) note jusqu’à ce jour les déplacements du 144ème sans faire état de contact avec l’ennemi. Le fait est confirmé par une lettre transcrite plus loin.
Le 23 août 1914, la première confrontation avec l’ennemi est violente. L’artillerie allemande commence à tirer sans atteindre son but dans un premier temps. C’est en attaquant le pont de Lobbes que le commandant du régiment est grièvement blessé. La « position est intenable par suite des rafales d’obus ennemis venant de gauche qui tombent sur ce point » peut-on lire dans le JMO.
En fin d’après-midi, c’est une confrontation d’artillerie intense et un déluge d’obus s'abat sur Emmanuel et son régiment. Attaqué par l’infanterie allemande, le 144ème est contraint à la retraite pour organiser une contre-attaque. Mais il faut à nouveau se replier.
Emmanuel est tué à l’ennemi lors de ces combats. Un autre officier est tué ainsi que 12 hommes de troupe. 6 officiers et 274 hommes de troupe sont également blessés.
Après ces sanglants combats, autour de Leers, Lobbes et Biercée, les mouvements de retraite vont entraîner le 144ème sur les bords de la Marne.
En savoir plus sur ces combats du 23 août 1914
Emmanuel est cité à l’Ordre de la brigade « Est tombé glorieusement le 23 août 1914 à la tête de sa section ».
Il existe un témoignage écrit relatant la mort et l’inhumation d’Emmanuel.
« Le premier bataillon moins une compagnie marchait à gauche par rapport à la grand route Biercée - Lobbes. Arrivé sur le plateau d’Heuleu, ils empruntèrent le chemin du Laid-Pas indiqué en jaune sur le plan-Photo. Après avoir parcouru 300 mètres, l’artillerie française exécuta un tir progressif et meurtrier inutile puisqu’il n’y avait aucun Allemands dans cette zone, et toucha la deuxième compagnie du capitaine Thomiré et du lieutenant Sédillot… Ce qui signifie un nombre important de morts. Nous pensons qu’ils furent inhumés dans la fosse N°30 ( 1 officier + 37 Soldats Français, bien que nous n’ayons pas la preuve incontestable) quant au Lt Sédillot, il y a deux témoignages. Selon Georges SIRAUX dans un courrier adressé à sa famille en 1919, ce serait ses hommes qui l’aurait inhumé à 250 mètres de la fosse N°30 vers lobbes. ( Voir croquis SIRAUX ). Il y indique l’endroit où il trouva sa tombe le 24 août 1914 avec sa médaille pendue à une croix faite de deux morceaux de bois. » Source : https://forum.pages14-18.com/viewtopic.php?t=11932&start=20Le témoin des combats, Georges SIRAUX, raconte et illustre d’un plan le lieu d’inhumation d’Emmanuel.
Transcription de la lettre de Georges SIRAUX : « Lobbes le 29 décembre 1919. Monsieur Le Bourgmestre. J’ai l’honneur de vous transmettre les renseignements que je possède au sujet du lieutenant Sédillot, tombé dans le combat du 23 août 1914. Le lieutenant Sédillot, après avoir reçu le matin du 23 août, le baptême du feu sur les hauteurs de la vallée de la Sambre entre Lobbes et Fontaine Valmont fût ensuite chargé d’une mission pris de l’état major du 144ème qui se tenait près de la ferme de la Boisse pris part au combat qui avait lieu en ce moment à Heuleu, a tombé, frappé d’un éclat d’obus, dans l’après-midi à 200 m de la ferme, le long du chemin d’Heuleu à proximité d’une maison en ruine, il fût inhumé par ses soldat qui entourèrent la tombe avec des pots de fleurs pris à la maison voisine, la médaille fut attachée à une croix faite à l’aide de 2 morceaux de bois, c’est dans cet état que la tombe fut trouvée le lundi 24 août »
Sa mère décède le 25 juin 1893 à Auxerre à l'âge de 40 ans.
Son père décède 5 mois après son fils, à Pornic ou il est inhumé, le 15 janvier 1915 à l’âge de 73 ans.
Sa sœur Jeanne épouse Jean FOUQUÉ le 17 mai 1900 à Vanves. Ils ont un enfant. Veuve, Jeanne se remarie avec Jules CLOSTRE le 1er avril 1905 à Grenoble. Elle décède en 1941 à Pornic à l'âge de 66 ans.
Marguerite épouse Xavier FIERE le 141er juillet 1911 à Paris. Le couple a un enfant. Frédéric se remarie le 18 avril 1922 avec Marie DELFOLIE.
Geneviève épouse Ernest LEAUTIER.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Emmanuel a peut-être été victime d'un tir fratricide.
Les tirs fratricides pendant la Première Guerre mondiale désignent les cas où des soldats ont été accidentellement tués ou blessés par le feu de leur propre camp. Ce phénomène, bien que difficile à quantifier précisément, a été une réalité du conflit pour plusieurs raisons liées à la nature particulière de cette guerre.
Ces tirs amis ne sont pas exceptionnels. Plusieurs explications à ces drames :
Le chaos du champ de bataille.
Des conditions extrêmes : boue, pluie, nuit, fumée, gaz.
Une visibilité réduite → on tire parfois sans être sûr de la cible.
Des lignes de front mouvantes.
Parfois, des unités avancent ou reculent sans que le reste du front en soit informé.
L’artillerie peut tirer sur des positions où se trouvent ses propres soldats.
Manque de communication.
Pas de radio portable, très peu de téléphones fonctionnels sur le front.
Ordres mal transmis → erreurs de coordination.
Confusion uniforme / identités.
Dans le bruit et la panique, la reconnaissance visuelle était difficile.