Cette biographie a été rédigée par Hervé et adaptée au format de ce support
BENET de MONTCARVILLE Henri Alphonse Edouard
1887 - 1915
116ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
Henri est né le 2 novembre 1887 à Saint Nazaire.
Son père est officier au 64ème régiment d'infanterie à Ancenis.
Henri étudie à la faculté de médecine de Nantes.
Il fait son service militaire au 51ème régiment d'infanterie.
Il est mobilisé le 3 août 1914.
Il combat à Maissin puis lors de la bataille de la Marne
Il décède des suites de ses blessures à Warloy Baillon, le 30 mars 1915 à l’âge de 27 ans.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts dit "Des Baigneurs" de Préfailles. Il avait donc l'habitude de venir sur les plages de Préfailles.
Son père, Marie Joseph Edouard BENET de MONTCARVILLE (1856-1931) épouse Aimée Georgine HERPIN (1868-1959) le 16 février 1887 à Saint-Nazaire.
Henri naît le 20 novembre 1887 à Saint-Nazaire. Il a un frère, Jean, né en 1892. Les deux garçons passent leur enfance au château de L’Écochère à Saint-Géréon (Loire Atlantique) près d’Ancenis, ville de garnison où leur père est officier au 64ème régiment d’infanterie.
Après des études secondaires à l’Institution Saint-Joseph d’Ancenis, Henri part étudier à la faculté de médecine de Nantes. Il est par la suite désigné comme interne à l’hôpital de Saint-Nazaire avant de partir au service militaire.
C’est le 5 octobre 1910 qu’il est incorporé au 51ème régiment d’artillerie de campagne (RAC). Ce régiment est formé à Nantes, équipé du fameux canon de 75 mm. Il a son cantonnement à la caserne Mellinet dont l'entrée principale se situe « place du 51ème Régiment d'Artillerie ». Henri est breveté 27ème canonnier conducteur à l’issue de la période de formation initiale dite «des classes». Il se retrouve employé à la conduite et au soin des chevaux d’un attelage hippomobile de canon de 75mm jusqu’à la fin de son service militaire le 25 septembre 1911.
N'ayant pas encore obtenu son diplôme de médecine, c’est le 10 octobre 1911 qu’il est nommé « médecin auxiliaire » avant d’être affecté dans l’armée de réserve au 116ème régiment d’infanterie d’Angers le 25 février 1914.
Le grade de médecin auxiliaire lui donne rang d’adjudant. Ce grade de sous-officier supérieur est un statut temporaire réservé aux étudiants qui n’ont pas encore obtenu leur diplôme de docteur en médecine. C’est donc coiffé d’un képi à bandeau de velours cramoisie avec un galon d’argent sur son pourtour et un nœud hongrois d'officier subalterne sur son sommet, qu’il quitte son domicile du boulevard Gambetta à Saint Nazaire pour arriver au corps le 3 août 1914 suite à la mobilisation générale décrétée le 1er août.
Le 116ème au complet quitte Vannes le 7 août pour embarquer dans une succession de convois ferroviaires qui vont le conduire dans un tout premier temps dans le secteur de Reims. Le régiment va ensuite progresser vers la frontière pour combattre dans la région de Maissin en Belgique où 618 hommes seront mis hors de combat, tués, blessés ou disparus dans la seule journée du 22 août 1914.
Ce sera ensuite la retraite, avant de prendre part au sursaut de la bataille de la Marne du 5 au 13 septembre ; on citera notamment la conduite du régiment aux combats d’arrière-garde de Lenharrée les 7 et 8 septembre et les affrontements de Saint-Hilaire-le-Grand le 15 septembre. Le 19 septembre, alors que le régiment participe à la défense de Reims, son 1er bataillon se retrouve exposé à la vue des artilleurs ennemis. Ils déclenchent aussitôt un tir nourri et 106 fantassins français sont instantanément tués ou blessés.
La « Course à la mer » conduit le 116éme dans la Somme. Partie prenante aux combats de Thiepval les 6 et 7 octobre, il participe à l’offensive dite « secondaire » de la fin 1914 qui se concrétise par les combats de d’Ovillers-la-Boisselle le 16 décembre 1914.
Les pertes des premiers mois de la guerre sont sensibles. La structure de fonctionnement et les effectifs du service de santé des armées sont très rapidement débordés par l’hécatombe en vies humaines que subit l’armée française.
En cette fin de d’année 1914, la guerre de position succède progressivement à la guerre de mouvement. Pendant la guerre de mouvement, les postes de secours doivent suivre rapidement les déplacements des troupes. Ils s’installent donc partout où cela est possible : habitations vides, fermes, caves, ou plus simplement sous une toile de tente. Un signalement spécifique, souvent une pancarte ou un drapeau facilite leur repérage.
A l’inverse, pendant la guerre de position, le poste de secours devient fixe. Il est semblable à la plupart des abris situés dans les tranchées. Sa structure est habituellement faite de matériaux de récupération : planches, rondins, sacs remplis de sable ou plaques de tôle par exemple.
La plupart du temps, l’entrée est orientée vers l’arrière pour échapper au feu de l’ennemi. À l’intérieur, l’aménagement se réduit au strict minimum, avec généralement deux pièces différentes. L’une d’elles peut accueillir les blessés et les malades. Les brancards en toile y sont rares. L’autre sert de lieu de repos pour les médecins et les infirmiers. Comme il n’y a que rarement d’aération, il y règne souvent une chaleur et une odeur insupportables.
Louis Maufrais (1889-1977), qui fut mobilisé en tant que médecin auxiliaire de 1914 à 1917, fit une description d’un des postes de secours où il officia en 1915, pendant la bataille de l’Argonne : « Peu à peu, je vois par terre des blessés couchés presque les uns sur les autres. Dans le fond, certains sont assis… cela sent les matières, le sang et le vomi, tout ce qu’on peut imaginer. »
La période de fin décembre 1914 à mars 1915 sera marquée de part et d’autre du secteur du front occupé par le 116ème, par des travaux d’aménagement et de consolidation des positions de combat. La pose de chevaux de frise, le creusement de sapes, de tranchées et de boyaux de liaison occupent majoritairement les troupes. Les brèves mais violentes canonnades et de fréquentes fusillades occasionnent des pertes quotidiennes en personnel tués ou blessés. On note depuis fin décembre une forte activité des tireurs d’élite allemands ; les pertes françaises par balle dans la tête deviennent de plus en plus fréquentes. Dans un tel contexte, il n’est pas un secteur de la zone de combat qui puisse être qualifié de « tranquille ». S’il n’est pas débordé, le poste de secours où travaille le médecin auxiliaire Henri BENET de MONTCARVILLE ne manque pas d’activité.
Le 29 mars 1915 est une journée qualifiée de « calme » dans le journal de marche et d’opérations (JMO) du 116eme RI. Mais c’est pourtant à cette date qu’Henri de Benet de Montcarville est grièvement blessé d’une balle dans les reins alors qu’il quitte son ambulance pour se diriger vers les tranchées de première ligne afin de porter secours à un camarade blessé. Evacué vers l’ambulance n°7/11 de Warloy Baillon, il est déclaré mort pour la France des suites de ses blessures le 30 mars 1915 à l’âge de 27 ans.
Pour son action au front depuis le début de la guerre et celles qui le mènent au sacrifice suprême, Henri Benêt de Montcarville est cité à l’ordre de l’armée dès le 15 avril 1915. Le général de Castelnau lui décerne la croix de guerre avec palme à titre posthume.
« Au front depuis le début de la campagne, s’est toujours montré un auxiliaire précieux et compétent pour son chef de service. En maintes circonstances, a méprisé le danger, allant secourir des blessés sur la ligne de feu. A été atteint mortellement, le 29 mars, au bois de Thiepval, tandis qu’il allait porter secours à un blessé dans des tranchées de 1ère ligne très exposées. »
Par arrêté en date du 28 mai 1919 publié au journal officiel du 4 juin 1919, Georges Clemenceau, alors président du conseil et ministre de la guerre lui concède la médaille militaire
Le jeune médecin auxiliaire étant aussi soutien de famille, un secours de 200 francs a été accordé à son père le 17 octobre 1917.
Henri est aujourd’hui inhumé dans la tombe n° 113 de la Nécropole Nationale de Warloy Baillon située entre Bapeaume et Amiens.
Le 116ème restera dans le secteur de Thiepval jusqu’en juillet 1915. Entre début novembre 1914 et fin juillet 1915, les pertes sont de 100 tués et 200 blessés.
En février 2016, à l’approche du centenaire de la fin de la Première Guerre Mondiale, la municipalité de Saint-Urbain, en Vendée, décide de déplacer le monument aux morts initialement installé dans le cimetière communal, pour l’installer en bordure de la rue de l’église, afin de lui offrir plus de visibilité. A l’occasion de ces travaux en février 2020, un employé communal découvre un coffret en bois, enseveli sous l’emplacement initial du monument aux morts.
À l’intérieur, il trouve des objets qui ont visiblement subi l’épreuve du temps et de l’humidité : des morceaux de tissus en drap de laine, une aiguille, un chapelet, des médailles religieuses, et un carafon en verre contenant une feuille de papier enroulée comportant des marques d’écriture et une croix notée à l’encre. Scellé, le carafon n’est pas ouvert immédiatement par mesure de préservation.
Des recherches historiques menées par Mr Laurent MORIVAL, il ressort que le monument aux morts de Saint-Urbain a été érigé sous l’impulsion de l’abbé Charles GRELIER, alors curé de la paroisse, en juin 1917, pour célébrer le sacrifice ultime des enfants de la commune durant la guerre de 1870-1871, et les conflits suivants.
L’abbé GRELIER a pris soin auparavant d’enfouir un coffret en bois orné d’une croix, contenant les objets personnels de son ami Henri BENET de MONTCARVILLE, auxiliaire médecin, mort dans les combats de la Somme le 30 mars 1915. Sur deux feuillets enfermés dans le carafon en verre, l’abbé explique la provenance des objets.
La nature des relations amicales nouées avec l’abbé Charles GRELIER n’a pas été découverte.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Concrètement, le poste de secours constitue plus un refuge qu’un vrai centre médical. Les soins y sont réduits au strict minimum, avec souvent de mauvaises conditions d’asepsie. Par exemple, le médecin aide-major de deuxième classe Babin avait listé dans son carnet les tâches des praticiens des postes de secours ; elles se résumaient essentiellement au badigeonnage des plaies à la teinture d’iode (un antiseptique), à la réalisation ou réfection des pansements, et à l’injection de sérum antitétanique — censé prévenir l’apparition du tétanos après une blessure. Si une hémorragie devait être maîtrisée, un garrot était réalisé en urgence, ou bien une pince était simplement abandonnée dans la plaie. Les médecins des postes de secours exerçaient aussi une activité médicale plus classique, en prenant en charge les soldats malades et en éloignant les contagieux. Ce sont les conditions de vie et de travail du médecin auxiliaire Benet de Montcarville.