Cette biographie a été rédigée par Hervé et adaptée à ce support
HAMON Edmond Constant Armand
Préfailles
1880 - 1915
121ᵉ bataillon de chasseurs à pied
Mort pour la France
Edmond est né le 11 novembre 1880 à La Plaine.
Forgeron, il effectue son service militaire dans la 24e SCOA à Versailles.
Il se marie en 1906 à Paris. Nous ne lui connaissons aucune descendance.
Edmond est mobilisé au 70e régiment d'infanterie le 21 août 1914 à l'âge de 33 ans.
Il participe à la Bataille de La Marne.
Il passe au 121e bataillon de chasseurs à pied en septembre 1915.
Edmond est tué à l'ennemi le 8 octobre 1915 à l'Epine de Vedegrange dans la Marne . Il avait 34 ans.
Edmond HAMON voit le jour au hameau des Cormiers dans la commune de La Plaine-sur-Mer le 11 novembre 1880. Son père, Jean Marie, est sous-brigadier des douanes au Collet. Sa mère, Marie MOURAUD, est sans profession. Il a une sœur aînée, Joséphine, née en 1877 et un frère cadet Joseph né en 1885.
Edmond est blond aux yeux bleus et il mesure 1,77m. Il sait lire, écrire et compter. Il accède aisément au métier de forgeron et de serrurier. Cette profession, lui permet d’être appelé sous les drapeaux dans les rangs de la 24e Section de Commis et Ouvriers Militaires d'Administration (SCOA : voir en bas de la biographie « Un soldat, un mot »). Installée à Versailles, elle relève du gouvernement militaire de Paris.
Le jeune appelé reste au 24e SCOA du 15 septembre 1901 au 30 septembre 1903. Le soldat Hamon obtient la distinction de soldat de 1ère classe à cette même date. Libéré des obligations militaires, Edmond décide de s’installer au domicile de ses parents au numéro 8 de la rue du Levant à Vincennes.
Il se marie le 19 octobre 1906 à la mairie du 18e arrondissement de Paris avec Marie Madeleine LEPETIT. La jeune épouse, née en 1881 est originaire de Saint-Étienne-de-Fursac dans la Creuse. Le nouveau couple part s’installer dans la commune de Préfailles ce même mois. Il n’a pas d’enfant à la déclaration de guerre.
Affecté dans un premier temps à la réserve du 11e SCOA dont le siège est à Nantes, Edmond y effectue une période d’entraînement du 14 novembre au 11 décembre 1907. S’ensuit une seconde période au 2e régiment d’infanterie de Granville du 30 novembre au 16 décembre 1910. Enfin, il est classé dans la réserve du 70e RI de Vitré. C’est au sein de ce régiment qu’il est mobilisé le 21 août 1914.
Lorsque Edmond gagne le dépôt du 70e RI à Vitré, le régiment est déjà engagé dans la bataille des frontières. Il a reçu le baptême du feu en Belgique sur la route de Namur à Mons le jour précédent. Le 23 août, sous la pression des troupes allemandes, la retraite de Belgique est entamée. Le repli se poursuit jusqu’au 4 septembre.
Edmond fait partie des 400 hommes de troupe qui arrivent en renfort à cette date. Ce même jour, le régiment, replié sur les bords de la Marne, reçoit l’ordre de contre attaquer. Il se porte aussitôt au nord de Sézanne. C’est le début de la bataille de la Marne.
Le 12 septembre, la ville de Reims est investie par les Français. Le 70e RI est relevé le 24 septembre. Pour compenser les pertes subies depuis le 4 septembre, un nouveau renfort de 500 hommes rallie le régiment le 27 septembre alors qu’il est au repos. L’ampleur des pertes est telle que c’est plus de 30% des effectifs du régiment qui voit ses effectifs renouvelés.
Le repos des poilus est de courte durée puisque le 28 septembre, ordre leur est donné de s’embarquer pour gagner le nord de la France dans le secteur d’Arras. La bataille s'engage le 30 septembre. Le 70e RI a pour mission de défendre la ville. Les Allemands, supérieurs en nombre, pénètrent dans Arras dont ils sont vigoureusement repoussés.
Le secteur tenu par le régiment d'Edmond, c'est-à-dire les communes de Rivière et Berle-aux-Bois, est relativement calme jusqu'au 24 février 1915. Les pertes par le feu sont légères. Seuls le froid, l’humidité et la maladie font sentir leurs effets.
La période qui suit est plus agitée. Dans les lignes de Roclincourt, les poilus font pour la première fois connaissance avec les redoutables « Minenwerfer » allemands. Ces mortiers d’un calibre allant jusqu’à 250mm développés pour l’armée allemande dès 1911, sont capables d’envoyer un projectile de 120 kg à 300 mètres. Ils sont utilisés aussi bien dans la guerre de position que dans les attaques d'infanterie dans le but de détruire des abris ou des réseaux de barbelés.
Pour les soldats français, l’heure n’est plus aux charges héroïques baïonnette au canon. Il est simplement question de « tenir ».
Le 9 mai 1915, le commandement français décide de passer à l’offensive en Artois. Le 70e RI se retrouve de la partie. Mais le courage des poilus se heurte aussitôt aux fils de fer ennemis. Les mitrailleuses allemandes fauchent sans distinction chefs et hommes de troupe. Le courage ne suffit pas pour franchir les réseaux de fils de fer barbelés et les nids de mitrailleuses intacts. A lui seul, le 3e bataillon du régiment perd 90% de ses effectifs.
Reformé dans le même secteur en juin 1915, le 70e RI occupe les lignes prises aux Allemands près de Neuville-Saint-Waast (le cimetière et une partie du Labyrinthe) jusqu’au 13 juillet.
Après avoir passé près de dix mois à assurer la défense de la capitale de l'Artois, Edmond embarque le 27 juillet à destination de Mussey en Haute-Marne pour être envoyé en grand repos. Le régiment doit reconstituer ses effectifs. Il y reste jusqu’au 10 août, date à laquelle il rallie Clermont-en-Argonne.
La Grande Guerre 1914 - 15 - Minenwerfer pris aux Allemands dans les Vosges - Collection personnelle HC
Edmond quitte son régiment pour rejoindre les rangs du 121e Bataillon de Chasseurs à Pied (BCP) le 7 septembre 1915. Les pertes en vie humaines sont devenues telles à l’automne 1915 que, malgré sa taille de 1,77m, très grande pour l’époque, Edmond est désigné pour ce corps de troupe. Il échappe ainsi à l’attaque des troupes allemandes qui se lancent à l’assaut des lignes tenues par le 70e RI le lendemain 8 septembre, après une préparation d’artillerie qui dure plusieurs heures.
Les BCP sont composés généralement d'hommes de petite taille, très vifs et excellents tireurs. Ces bataillons rapides agissent en tirailleurs à l'avant de l'infanterie, c'est-à-dire en profitant des accidents de terrain pour se poster et viser, à la différence de l'infanterie dite « de ligne » , laquelle est employée en formation plus ou moins compacte jusqu'en 1914. Devant leur combativité et leur opiniâtreté, les Allemands surnomment les chasseurs, « Schwarze Teufel », les diables noirs qui deviennent en français les Diables bleus en référence à leur tenue sombre.
Le 121e BCP a été constitué à Langres en mars 1915. Il tient le secteur du Linge depuis le 27 mai. Il quitte ses positions, le 22 juillet, pour tenir celles du Lingekopf où il commence à se préparer à l'attaque des formidables défenses du Linge et du Schratz-Mannele.
Les Hautes Vosges – Coteau de la Tête du Linge - - Collection personnelle HC
Le Linge et le Schratmaennle - Collection personnelle HC
Le bataillon part à l’assaut de la colline du Linge le 27 et le 28 juillet. Ces deux journées de combats particulièrement meurtriers ne donnent aucun résultat. Bien au contraire, le bataillon est contraint de rejoindre ses lignes de départ. Il subit en retour de puissantes contre-attaques allemandes.
Les pertes sont si élevées que le bataillon décimé est retiré du front le 11 août suivant.
Le bataillon part en grand repos au camp de CORCIEUX pour compléter ses effectifs. Preuve des pertes subies : un premier contingent de 411 officiers et chasseurs est envoyé en renfort le 11 août suivant. Edmond fait partie du second contingent de 412 soldats envoyés en renfort le 17 septembre suivant, alors que le bataillon est cantonné dans le secteur Hermamenil-Frambois. 50% des effectifs sont ainsi renouvelés. Effectivement, à la fin des combats, Le Linge est surnommé « le tombeau des chasseurs » par les soldats allemands.
C’est ensuite le départ pour le front via Châlons vers le Nord-Ouest de SOUAIN dans le lieu-dit « Bois des Bouleaux » qui est atteint dans la journée du 28 septembre. Le 121e BCP va participer à la grande offensive de Champagne.
Cette seconde bataille de Champagne s’étale du 25 septembre 1915 au 9 octobre 1915. La préparation d'artillerie commence le 22 septembre. Les chasseurs du 121e BCP attaquent le 28 septembre, mais leur élan se brise contre les réseaux de barbelés et les blockhaus ennemis qui sont demeurés intacts.
Pour tenter de prendre les défenses allemandes par surprise, une nouvelle attaque est lancée dans la nuit du 29 au 30 septembre. C’est à nouveau un échec sanglant. Les jours suivants, tantôt en première ligne, tantôt en réserve, le bataillon est employé à des travaux d'organisation défensive. Il est soumis pendant tout ce temps à de violents bombardements et subit de sérieuses pertes. C’est à l’occasion d’un de ces bombardements, au lieu-dit « l’Epine de Vedegrange », qu’Edmond perd la vie le 8 octobre 1915. Il avait 34 ans.
Dans l’urgence, son corps est inhumé dans le bois se trouvant au bout du boyau de Binge. Nous n'avons pas retrouvé sa tombe. Nous poursuivons nos recherches.
Le 121e BCP est relevé par le 114e BCP le 13 octobre suivant.
Carte Epine de Vedegrange - Collection personnelle HC
Le front de Champagne - Butte de Souain - Collection personnelle HC
Le frère d’Edmond, Joseph, menuisier de profession, est exempté de service militaire car il souffre de tuberculose osseuse. Il n’est pas mobilisé et meurt de maladie le 18 octobre 1925 à Préfailles.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Depuis 1874, l’armée française dispose de 25 sections. Elles comprennent chacune des commis aux écritures des bureaux de l’intendance, des ouvriers du service des subsistances, des ouvriers du service de l’habillement et du campement.
Les sections de commis et ouvriers d'administration font partie des principaux organes d'exécutions propres à l'organisation de l'intendance en collaboration avec les officiers d'administration et les détachements du train des équipages.
Tous ces services ont en charge les dépôts de vivre et de fourrage, la boulangerie d'armée, le convoi administratif, et le parc de bétail d'armée.
Le Commis est le spécialiste affecté aux tâches bureaucratiques. L’Ouvrier est le nom de l'ensemble des personnels servant dans la branche « Exploitation » de l'Intendance. Cette dernière est notamment en charge des transports par convois hippomobiles, camions et voies ferrées de l’alimentation en vivres d’un Corps d'Armée. Sources : defense.gouv.fr ; chtimiste.com