Un grand merci à Véronique KESSLER, arrière petite nièce de Paul, qui a fait une extraordinaire recherche sur sa famille réfugiée à la Bernerie. Elle prend soin de la tombe familiale à la Bernerie.
BOURDIN Paul
La Bernerie
1884 - 1915
74ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
Paul est né le 11 août 1884 à Péronne (80).
Il intègre l’Ecole Spéciale Militaire (Saint-Cyr) en 1905.
Il est nommé caporal, sergent puis sous-lieutenant en quittant l’école en 1907.
Il est nommé lieutenant en 1909 et est affecté au 74ème régiment d’infanterie.
A la mobilisation générale, Paul embarque à Rouen en direction de la Belgique.
Il participe à la Bataille de la Marne en septembre 1914.
Il est promu capitaine le 16 septembre 1914.
Il combat ensuite en Champagne et dans l’Artois.
Paul est blessé le 26 septembre 1915.
Sur son lit de mort, il est décoré Chevalier de la Légion d'honneur.
Il reçoit également la Croix de guerre avec palme
Il décède de ses blessures le 30 décembre 1915.
Il est d’abord inhumé à Berk.
Sa famille, réfugiée à la Bernerie, y fait rapatrier le corps de Paul pour l’inhumer dans la sépulture familiale.
Paul naît le 11 août 1884 à Péronne dans la Somme. Il est le fils d’Amédée, armurier et d’Emilie SCELLIER sans profession. Ils se sont mariés à Péronne en 1880.
Paul a déjà une grande sœur, Henriette, née le 15 novembre 1881 à Péronne.
Paul a les cheveux châtains, les yeux gris-bleu et mesure 1,73m.
En 1904, tandis que ses parents résident toujours à Péronne, Paul habite à Paris sans doute pour des études préparatoires car il est admis à l’Ecole Spéciale Militaire le 26 octobre 1905.
D’abord située à Fontainebleau, cette école est située à Saint-Cyr sur décision de Napoléon. Elle est « destinée à enseigner à une portion des élèves sortis des lycées les éléments de l'art de la guerre ». Paul fait partie de la promotion « De la Dernière du Vieux Bahut » 1905-1907.
Il est nommé caporal le 8 avril 1906, sergent le 5 novembre 1906 et sous-lieutenant au 127ème régiment d’infanterie le 1er octobre 1907.
Il est nommé lieutenant le 1er octobre 1909.
Il est affecté au 74ème RI le 28 mars 1913.
Paul est donc militaire au déclenchement de la Première Guerre mondiale. De Rouen, le régiment de Paul se dirige progressivement vers la Belgique en passant par Montigny-sur-Vence. Le 7 août, le 74ème compte 3301 soldats
La famille de Paul a fui les combats pour se réfugier à La Bernerie, la commune de Péronne étant occupée par les Allemands dès la fin 1914.
Le 74ème régiment d’infanterie entre en contact avec l’ennemi le 21 août avec les redoutables et redoutés Uhlans allemands ( des cavaliers) Le 22 août, le 74ème perd le tiers de son effectif. Cette journée est la plus meurtrière pour la France qui perd 27 000 hommes sur la ligne de front.
Le régiment est contraint à la retraite le 24 août. On peut lire dans les archives : « Situation extrêmement grave »
Paul est ensuite engagé dans la Bataille de la Marne.
Il est promu capitaine le 16 septembre 1914.
Le 74ème poursuit les combats en Champagne. De janvier à avril 1915, il reste en Champagne avant d’être engagé dans la Bataille d’Artois.
Paul est blessé le 26 septembre 1915 à dans la tranchée Hindenburg, sur le chemin creux de Neuville-Saint-Vaast, à la Folie (Artois) : « Fracture compliquée du fémur par balle tiers moyen, fracture compliquée du cubitus gauche ».
Dans la même journée, le régiment compte 34 morts, 156 blessés et 36 disparus.
Paul est évacué à l’arrière.
Il est promu Chevalier de la Légion d'honneur le 1er octobre 1915 avec la citation suivante : « Officier d'une énergie de fer. A fait de ses hommes une compagnie d'élite. Au cours de la campagne, s'est déjà signalé par sa bravoure en différents combats. En dernier lieu, a entraîné vigoureusement sa compagnie à l'attaque d'une tranchée allemande dans laquelle elle a pris pied. A été blessé grièvement en sautant dans cette tranchée. »
Il reçoit également la Croix de guerre avec palme.
Amputé du bras et de la jambe gauche, Paul décède de ses blessure à l’hôpital N° 75 de Berck-Plage le 30 décembre 1915.
Il est d’abord inhumé au cimetière de Berck puis, le 16 juillet 1924, à La Bernerie (44) dans le caveau de famille. Son nom a été apposé sur le monument aux Morts de la Bernerie en 2018 avec neuf autres soldats. Il est également inscrit sur le monument aux Morts de Péronne (80).
La Première Guerre mondiale a engendré des déplacements de population d'une ampleur sans précédent, de plus de 12 000 000 de civils de toutes nationalités dont 500 000 Français.
Le père de Paul décède le 26 septembre 1922 à La Bernerie à l’âge de 71 ans.
La sœur de Paul, Henriette se marie en 1905 à Péronne avec Marie-Elie LEMAIRE. Le couple a trois enfants.
Par jugement du 19 novembre 1924 du Tribunal de Paimboeuf, le patronyme BOURDIN a pu être accolé à LEMAIRE en vertu de la loi du 2 juillet 1923 du fait du décès du capitaine BOURDIN « Mort pour la France », mort sans postérité et dernier représentant de la famille portant le nom de BOURDIN.
Henriette décède le 28 août 1930 aux Bleuets à La Bernerie à l’âge de 48 ans.
La mère de Paul décède le 28 décembre 1940 à Paris XIX à l’âge de 78 ans.
Véronique, descendante de la sœur de Paul, a accepté que la sépulture familiale soit placée sous la protection du Souvenir Français afin qu’à jamais, le sacrifice de Paul reste dans la mémoire collective.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
La Première Guerre mondiale a engendré des déplacements de population d’une ampleur sans précédent, de plus de 12 000 000 de civils. Le directeur du bureau des affaires civiles de la Croix Rouge écrivit à la fin de la guerre qu’ :« il y avait partout des réfugiés. Comme si le monde entier devait se déplacer ou attendait de le faire ». Pourtant l’image de la Première Guerre mondiale est principalement celle, statique, des tranchées et les réfugiés ont longtemps fait partie des oubliés de la Grande Guerre.
L'histoire de Paul racontée par sa petite-nièce Véronique, est l'une de ces histoires de "déplacés".