BARBARIT Augustin Pierre, dit Pierre
Port Saint-Père - Sainte-Pazanne
1888 - 1918
137e régiment d'infanterie
Mort pour la France
Augustin est né le 24 novembre 1888 à Mouchamps en Vendée.
Il a trois sœurs et six frères.
Il est mobilisé le 6 août 1914 mais est renvoyé chez lui en raison de son handicap aux jambes.
Malgré ce handicap, il est rappelé le 20 janvier 1915 et affecté au 137ème régiment d’infanterie.
Il participe aux plus grands combats de la Première Guerre mondiale : la ferme de Toutvent, Champagne, Verdun, Thiaumont, Douaumont, le Chemin des Dames.
Augustin disparaît au combat le 27 mai 1918.
Une sépulture familiale porte son nom à Sainte Pazanne, mais on ignore pour l’instant si Augustin y repose. Nous poursuivons nos recherches.
En 1879, son père, Auguste BARBARIT, natif de Mouchamps (85) épouse à Mouchamps, Hortense GUERRY native des Herbiers (85).
De cette union naissent dix enfants : Augustine en 1880, Auguste Ernest en 1882, Auguste Isidore en 1884, Pierre en 1886, Augustin en 1888, Eugène en 1891, Marie en 1894, Louis en 1898, Elise en 1899 et Gabriel en 1901, tous nés à Mouchamps en Vendée.
Augustin Pierre, cinquième de la fratrie, est donc né le 24 novembre 1888.
Il effectue son service militaire au 137ème régiment d’infanterie en garnison à Fontenay-Le-Comte à compter du 8 octobre 1909. Ayant une déformation des jambes, il est classé dans les services auxiliaires. Il obtient son certificat de bonne conduite.
Il est brun au yeux gris et mesure 1,72m.
Le 28 novembre 1913, à Nantes 2ème canton, Augustin-Pierre, valet de chambre résidant chez ses parents à Port-Saint-Père, épouse Arsène-Eugénie-Marie RELANDEAU, native de Sainte-Pazanne et résidant à Nantes comme femme de chambre.
Malgré son handicap, Augustin est mobilisé mais renvoyé dans son foyer le 6 août 1914.
Il est rappelé et affecté au 137ème le 20 janvier 1915.
Le 137ème vit alors dans des conditions terribles dans les tranchées devant la ferme de Toutvent qui dure tout l’hiver 1914-1915.
Mais Augustin n’y reste que peu de temps car, le 27 avril 1915, il passe au 93ème situé dans le même secteur. Augustin participe donc à l’attaque d’Hébuterne. On peut lire dans le J.M.O. : « Le régiment a quitté ses cantonnements dans la nuit du 6 au 7 [NDLR : 1915] pour se porter sur Toutvent, qu’il doit attaquer le 7 à cinq heures du matin. L’emplacement du régiment devant son objectif est terminé à deux heures du matin.
À cinq heures, heure fixée par l’ordre général d’opération, l’attaque se déclenche.
Malgré un tir de barrage exécuté par l’artillerie allemande en avant de nos tranchées, le régiment marche sur Toutvent en colonnes doubles sans intervalle. Le bataillon Ravel, formant les deux premières vagues, doit franchir les deux lignes de tranchées allemandes, dépasser la ferme de Toutvent et s’installer à l’est de cette dernière position.
Le bataillon Senneville, chargé du nettoyage et de l’occupation des tranchées allemandes, s’installe dans ces tranchées en deux vagues successives. Le bataillon Chicot est gardé en réserve dans les tranchées de tir de la parallèle de départ.
Les signaleurs annoncent l’occupation par nous de la deuxième tranchée allemande. Une trentaine de prisonniers allemands sont ramenés.
Le téléphone est installé dans la première tranchée allemande. Tout va bien.
La deuxième tranchée allemande est définitivement occupée. Une centaine de prisonniers allemands ont été dirigés vers l’arrière. On demande une équipe de mitrailleurs pour aller chercher un mitrailleur allemand. »
Les pertes humaines enregistrées du 7 au 13 juin s’établissent à 1 760 tués et 8 590 blessés du côté français, à 927 tués, blessés et prisonniers du côté allemand. Les Français ont progressé de 900 mètres sur une largeur de deux kilomètres.
Après cette bataille, Augustin revient au 137ème le 11 juin 1915.
Le 137ème quitte la Somme en août 1915 pour la Champagne. Fin septembre, il est dans la Marne et participe aux opérations sur Tahure. Cette opération, qui dure du 25 septembre au 9 octobre sera un échec et ne réussira pas à relancer l’offensive bien qu’elle ait coûté aux Français 140 000 morts ou blessés. Le 137ème perd quant à lui 1 200 hommes dont son chef de corps, le lieutenant-colonel BONNE.
C’est depuis cette opération que « CHAMPAGNE 1915 » est inscrit sur le drapeau du 137ème.
Le régiment reprend ses positions sur Tahure – la Savate, où il passera son deuxième hiver de guerre 1915-16. Toute cette période sera entrecoupée d’escarmouches, d’attaques et de coups de main plus ou moins intenses.
Début 1916, commence, en Lorraine, la bataille la plus emblématique et la plus célèbre de la Première Guerre mondiale : Verdun. Le 21 février 1916, l’armée allemande y déclenche son attaque : 2 500 000 obus sont en place et 72 bataillons d’infanterie sont prêts à passer à l’attaque.
La France perd 20 000 hommes dans les premières 48 heures. La bataille dure 10 mois jusqu’au 2 novembre 1916, date de l’évacuation par les Allemands du fort de Vaux, pour un gain territorial nul.
Le 137ème participe aux combats de Thiaumont. C’est en ces lieux que va se dérouler l’épisode célèbre de la tranchée des baïonnettes.
Légende de la carte postale : "Verdun - Monument de la Tranchée des baïonnettes. Ici reposent les braves du 137ème RI qui, complètement encerclés, privés de tout secours, résistèrent 3 jours du 11 au 13 juin 1916, brisant de violents assauts, se faisant massacrer sur place. Les rares survivants ne se rendirent que faute de munitions."
D’août à début novembre, le 137ème rejoint le secteur de la Laufée, puis à la fin de 1916, il participe à la bataille de Douaumont. Humidité, boue, pas d’abris, de nombreux soldats souffrent de pieds gelés.
Du 15 janvier et jusqu’au 15 février 1917, le 137ème est positionné sur la côte de Poivre au Nord du fort de Douaumont.
En avril 1917, il participe à la seconde bataille de l’Aisne, plus connue sous le nom de « bataille du Chemin des Dames »
Le 16 avril, le 137ème est dans le secteur de Troyon. Au soir du 16 avril, l’avance n’est que de 500 mètres et a coûté 30 000 hommes. Le 30 avril, les Français déplorent 147 000 pertes contre 21 000 chez les Allemands.
Ce sont ces lourdes pertes qui entraîneront les mutineries.
Début mai, Augustin participe à la bataille de la Bovelle puis, début octobre 1917 à celle de la Malmaison.
Le Chemin des Dames ayant été repris, le 137ème revient en ligne fin décembre 1917 et va occuper de façon ininterrompue le secteur dans la région de Chavignon et du fort de la Malmaison.
C’est à cette époque, que pour la première fois, les soldats du 137ème côtoient des soldats américains positionnés dans le même secteur. Les États-Unis étant entrés en guerre l’année précédente.
Le 27 mai 1918, les Allemands lancent une troisième offensive de masse.
C’est lors de cette attaque que disparaît Augustin à Chavignon dans l’Aisne.
Le soir du 27 mai, le 137ème est décimé. Il est réduit à 200 hommes dont 18 rescapés en ligne (A la mobilisation, le 137ème est parti avec 3367 soldats). Il bat en retraite dans des conditions effroyables devant la poussée ennemie, jusque dans la région de Villers-Cotterêts. Il n’est plus en mesure de poursuivre la bataille en l’état.
Sur toute la période du conflit 1914-1918, ce sont 3300 soldats du 137ème qui seraient morts aux combats : 85 officiers, 2 587 sous-officiers et hommes de troupe et 630 disparus. (Source Ouest-France du 8 novembre 2018)
Augustin est décoré à titre posthume de la Croix de guerre avec une étoile bronze (JO du 1er septembre 1922)
Sur la sépulture familiale de Sainte-Pazanne, Augustin apparaît sous le nom P. BARBARIT (probablement P. pour Pierre, son second prénom) décédé le 28 mai 1918 (il est considéré disparu le 27) La sépulture porte également le nom de sa belle-mère, Arsène RELANDEAU née PIPAUD. On ignore pour l’instant si Augustin y repose. Nous poursuivons les recherches.
Son père, Auguste, décède en 1930 au Bourg-Vendrennes en Vendée à l’âge de 81 ans.
Sa mère, Hortense, décède en 1931 au Bourg-Vendrennes en Vendée à l’âge de 74 ans.
Son épouse, Arsène RELANDEAU, décède en 1978 à Sainte-Pazanne à l’âge de 87 ans.
Augustine épouse Benjamin LÉRIN à Mouchamps en 1908. Ils ont un enfant. Elle décède en 1964 aux Epesses en Vendée à l’âge de 83 ans. Elle est inhumée aux Epesses.
Auguste Ernest, cultivateur, épouse Marie COQUET à Nantes en 1913. Il n’est pas mobilisé car il est réformé depuis 1904. Il décède en 1921 à Teillé à l’âge de 39 ans. Il est inhumé à Teillé (44).
Auguste Isidore, cultivateur, épouse Marie TURPAULT à Saint-Paul-en-Pareds en Vendée. Il est mobilisé dans les services auxiliaires pour raison médicale, puis est réformé. Il décède en 1973 à Saint-Georges-des-Gardes (49) à l'âge de 88 ans. Il est inhumé à Saint-Georges-des-Gardes.
Pierre est mobilisé mais affecté dans les services auxiliaires puis dans les escadrons du train. Il épouse Marie PINEAU à Vendrennes (85) en 1919 le même jour que sa sœur Marie. Il décède en 1965 aux Herbiers à l'âge de 79 ans. Il est inhumé aux Herbiers.
On note que les trois frères d’Augustin ont été réformés ou affectés dans les services auxiliaires pour la même raison médicale : varices très volumineuses.
Eugène est mobilisé le 5 août 1914. Malade à plusieurs reprises, il revient vivant de la guerre. Il épouse Rose GRAVELEAU à Ardelay-Les-Herbiers (85) en 1922. Il décède en 1930 aux Herbiers à l’âge de 38 ans. Il est inhumé aux Herbiers.
Marie épouse Augustin CHANCELIER à Vendrennes en 1919 le même jour que son frère Pierre. Elle décède en 1979 à l'âge de 84 ans. Elle est inhumée à Cholet (49)
Louis est mobilisé le 1er mai 1917 à l’âge de 19 ans. Il est affecté successivement au 148ème régiment d’infanterie puis au 116ème et au 19ème. Il décède en 1967 à Vendrennes (85) à l'âge de 68 ans. Il est inhumé à Vendrennes.
Elise épouse Jean RABILLARD à Vendrennes en 1924. Elle décède en 1972 aux Herbiers à l'âge de 73 ans. Elle est inhumée aux Herbiers.
Gabriel, trop jeune, n’est pas mobilisé. Il décède en 1982 à La Roche-Sur-Yon (85) à l'âge de 81 ans. Il est inhumé à La Roche-Sur-Yon.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Le 8 décembre 1920, le président de la République, Alexandre Millerand, inaugure un imposant monument en béton qui recouvre les sépultures de sept fantassins français inconnus morts en 1916. Une porte métallique donne accès à la "Tranchée" ainsi recouverte.
Dans le courant de l'année 1920, le service des sépultures de guerre et d'état civil de la 6ème région militaire avait fouillé ce site, lieu de mémoire des anciens du 137ème R.I. qui y avaient combattu, et procédé aux exhumations : 21 Français, dont un lieutenant inconnu, furent découverts.
Aucun n'était debout, l'arme à la main, et les fusils rouillés qui dépassaient de terre ne servaient qu'à signaler des morts enfouis par l'ennemi dans un boyau peu profond. La découverte de ces corps allongés et désarmés infirmait la légende de la compagnie ensevelie debout par le bombardement, légende que réfutaient d'ailleurs les anciens combattants du 137° eux-mêmes, et qui réapparaît pourtant régulièrement encore de nos jours.
Parmi ces 21 corps, les 14 identifiés furent enterrés dans le cimetière militaire de Fleury, lui-même désaffecté ensuite, ces corps étant alors regroupés dans la nécropole nationale de Douaumont. Les 7 inconnus restant furent ré-inhumés dans la "Tranchée", et des carcasses de fusils garnies de baïonnettes aux lames brisées (les armes originales ayant été ôtées lors des fouilles), plantées à proximité de croix latines en bois.