Cette biographie a été rédigée par Hervé et adaptée au support
EURVIN Joseph Leon Jules Marie
La Plaine
1897 - 1918
4ᵉ régiment de chasseurs d'Afrique
Mort pour la France
Joseph est né le 6 janvier 1897 à La Plaine.
Il s'engage à 19 ans au 2è régiment de chasseurs à cheval de Pontivy en septembre 1915.
Il est muté au 6e régiment de Hussards en mai 1916.
Joseph est appelé pour rejoindre l’armée française d’Orient (AFO) en septembre 1916.
Malade, Joseph décède le 31 octobre 1918 à l’âge de 21 ans à l'hôpital civil de Damas.
Son père, Joseph Théodore EURVIN natif de la Plaine, cultivateur, épouse Anne Joséphine ROUZIOU native de Frossay le 4 mai 1896. Le couple a deux enfants : Joseph né en 1897 et Antoinette née en 1899, tous deux nés à La Plaine.
Dans le sillage du grand élan patriotique qui suit la déclaration de guerre, Joseph, né le 6 janvier 1897, choisit de devancer l’appel. Il est brun aux yeux gris et mesure 1,64m.
Ne se sentant pas l’âme d’un fantassin, il décide de s’engager, à l’âge de 19 ans, au sein du 2ᵉ régiment de chasseurs à cheval de Pontivy.
Par son travail et ses aptitudes intellectuelles, ce fils de simple journalier est devenu serrurier de profession. Il possède un solide niveau d’instruction primaire (niveau 3), ce qui le classe parmi ceux qui savent lire, écrire et compter.
Le 24 septembre 1915, il quitte ses parents et sa jeune sœur Antoinette, alors âgée de 15 ans, pour rejoindre les quartiers du 2ᵉ RCC, installés en centre Bretagne, à Pontivyy. À ce moment-là, les chasseurs à cheval sont engagés sur le front de Champagne, devant Tahure. Ils y livrent deux assauts de cavalerie meurtriers, sans parvenir toutefois à percer les lignes ennemies.
À l’issue de sa formation militaire, le chasseur EURVIN quitte le dépôt de Pontivy pour rejoindre son régiment, alors en préparation pour être engagé dans la bataille de Verdun. À peine a-t-il le temps de recevoir le baptême du feu qu’il est muté, le 28 mai 1916, au 6ᵉ régiment de Hussards.
Durant la Première Guerre mondiale, les unités du 6ᵉ régiment de Hussards sont plus souvent dispersées que regroupées. C’est donc par escadrons, voire même par pelotons, que Joseph s’acquitte des diverses missions qui lui sont confiées au fil de l’évolution du conflit. Très vite, il passe des actions de cavalerie « classique » — sabre au clair ou carabine au poing — et des missions de reconnaissance, aux rudes tâches de fantassin : combat dans les tranchées, escorte de prisonniers, patrouilles à l’arrière du front ou encore missions d’estafette. (Voir plus loin, Un soldat, un mot)
Avant l'arrivée de Joseph, le 6e Hussards est parti de sa caserne de Marseille le 6 août 1914. Il prend part à l’offensive de Lorraine, déclenchée le 14 août suivant. En septembre, il combat dans la région de Bar-le-Duc, avant de participer à la poursuite des troupes ennemies en retraite après la bataille de la Marne. Cette poursuite le mène jusqu’à la région de Verdun.
À la fin du mois d’octobre, il embarque pour la Belgique et participe à la bataille de Dixmude, sur les rives de l’Yser. Fin novembre, le 6ᵉ régiment de hussards est rappelé dans la région de Verdun.
Une partie du régiment est alors « démontée » afin d’occuper les lignes dans les tranchées. La guerre de mouvement se mue peu à peu en guerre de position, et les fiers cavaliers doivent troquer sabres et chevaux contre fusils et boue : ils deviennent fantassins. Ils tiennent les tranchées jusqu’à la fin de l’été 1915.
Le 12 septembre 1915, le 6ᵉ hussards est reformé au complet et « remonté » pour se préparer à l’offensive en Champagne. Le génie établit des pistes de franchissement au-dessus des tranchées et des réseaux de barbelés afin de permettre le passage de la cavalerie. Mais en décembre, après l’échec de l’offensive, le régiment est à nouveau morcelé.
De nombreux détachements sont envoyés au loin pour accomplir des missions diverses : régulation du trafic routier ou ferroviaire, exploitation forestière, garde de baraquements, télégraphie, escorte de corps d’armée, surveillance de prisonniers allemands, ou encore soutien aux travaux du génie.
La poursuite de l’adversaire, sitôt la rupture du front réalisée, constitue alors l’objectif principal. Par souci de camouflage, les chevaux gris sont teintés au permanganate de potassium.
Malgré deux tentatives d’assaut en mai et juin 1915, le courage des fantassins ne suffit pas à venir à bout des solides positions défensives allemandes. L’offensive française est un échec : aucune percée n’est obtenue, et fin juillet, les hussards reprennent le service dans les tranchées.
Le 10 octobre 1915, le 4ᵉ régiment de chasseurs d’Afrique est désigné pour rejoindre l’armée française d’Orient (AFO). Cette unité de l’armée de terre française est engagée sur le front d’Orient — également appelé front de Salonique ou front de Macédoine — entre 1915 et 1918. Elle est constituée notamment des troupes évacuées des Dardanelles à l’automne 1915.
Arrivé à Marseille le 6 novembre, le régiment met une semaine à embarquer hommes, chevaux et matériel à bord de quatre navires de transport de troupes. Le 4ᵉ RCA débarque à Salonique, en Macédoine, le 23 novembre. Sa mission consiste à couvrir le repli des troupes serbes et françaises fuyant la Serbie sous la pression conjuguée des forces austro-hongroises et bulgares. Salonique devient alors un vaste camp retranché, dont l’organisation est achevée au printemps 1916. Français, Britanniques, Grecs et Serbes y cohabitent dans des conditions difficiles, tout en œuvrant à la reconstitution de l’armée serbe.
Lorsque le Hussard EURVIN rejoint le 6ᵉ hussards, le 28 mai 1916, ce dernier — à l’instar de nombreux autres régiments de cavalerie — combat désormais à pied, dans les tranchées de la bataille de Verdun. Aux côtés de ses camarades, Joseph se retrouve en première ligne jusqu’au 5 juin 1916, date à laquelle il est affecté au 4ᵉ régiment de chasseurs d’Afrique.
Joseph est rapidement affecté au 4ᵉ RCA le 16 septembre 1916, après un séjour de trois mois en Tunisie, à l’issue d’une période de repos pour les chasseurs. Il fait partie d’un contingent de renforts venus combler les effectifs lourdement diminués, notamment en raison des nombreux cas de paludisme contractés sur les fronts de Butkova et de la Strouma. À la fièvre paludéenne s’ajoute la dysenterie, omniprésente dans la vallée de Butkova, surnommée par les Bulgares — non sans raison — « la vallée de la Mort ».
Joseph arrive juste au moment où l’offensive alliée en direction de l’Albanie est déclenchée, le 16 septembre 1916. Celle-ci s’achève en décembre, lorsque le 4ᵉ RCA est relevé et rallié à nouveau à la Macédoine.
Après avoir alterné séjours dans les tranchées et périodes de repos jusqu’au 26 mai 1917, le régiment stationne à Kozani, en Macédoine occidentale. Il y mène principalement des opérations de police, des patrouilles et des réquisitions.
Le 29 avril 1917, l’escadron de Joseph est rappelé en Tunisie : la situation se tend alors au Moyen-Orient. Depuis février 1915, les troupes ottomanes — alliées des empires centraux — occupent une partie de la rive droite du canal de Suez. Cette situation stratégique oblige la France, le Royaume-Uni et leurs alliés à intervenir.
En réponse, un détachement français dit de « Palestine-Syrie » est officiellement créé le 15 décembre 1917. Il comprend notamment un régiment de marche mixte de cavalerie, composé de trois escadrons : deux issus du 4ᵉ régiment de chasseurs d’Afrique et un en provenance du 1er régiment de spahis.
Les trois escadrons quittent Bizerte le 9 mars 1918 à bord du vapeur Sainte-Anne. Ils rejoignent en Palestine un peloton de mitrailleuses du 4ᵉ RCA et un escadron du 4ᵉ régiment de spahis. Le 24 juin 1918, l’unité prend officiellement le nom de « Régiment mixte de marche du détachement français de Palestine-Syrie ».
Les opérations se déroulent dans un laps de temps très court, sur un territoire rude et inhospitalier. Le climat est extrême : chaud et humide sur la côte et le long du Jourdain, aride et brûlant à l’intérieur des terres, avec de fortes amplitudes thermiques.
Rattaché à la 5ᵉ brigade de chevaux légers australiens commandée par le général ONSLOW, le régiment français participe à l’offensive lancée le 19 septembre 1918. Grâce à leurs charges de cavalerie successives et à leur remarquable sens de l’initiative, les escadrons français contribuent à mettre en déroute l’armée ottomane. Cette avancée rapide conduit à la fin des hostilités sur le front Syrie-Palestine. Le 1ᵉʳ octobre 1918, la ville de Damas tombe aux mains des Alliés.
L’armistice signé à Moudros le 30 octobre 1918 met fin aux combats sur le front d’Orient entre les puissances alliées et l’Empire ottoman. Mais Joseph ne verra jamais la victoire des Alliés sur le front de l’Ouest.
Hospitalisé à l’hôpital civil Saint-Louis de Damas, il y décède le lendemain 31 octobre 1918 à l’âge de 21 ans, des suites d’une "maladie contractée en service". Il meurt onze jours seulement avant la signature de l’armistice de Rethondes, le 11 novembre 1918, qui mettra un terme définitif à la Première Guerre mondiale.
Sa sœur Antoinette épouse Edouard FORTUMEAU à la Montagne en 1923. Le couple a un fils. Antoinette décède en 1963 à La Montagne à l’âge de 64 ans.
Nous recherchons toujours le lieu d'inhumation de Joseph.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Le mot « hussard » vient du hongrois « huszár », lui-même dérivé du mot serbo-croate « husar » ou « ussar », et plus anciennement du latin médiéval « cursarius », signifiant « coureur » ou « pillard », apparenté au mot « corsaire ».
Pendant la Première Guerre mondiale, les hussards français étaient des soldats appartenant à une unité de cavalerie légère de l'armée. Historiquement, les hussards étaient des cavaliers rapides et mobiles, spécialisés dans la reconnaissance, les raids et les missions de harcèlement. Ils portaient souvent des uniformes colorés et distinctifs, hérités des traditions militaires du XVIIIe et XIXe siècle.
Au début du conflit (1914), les hussards ont encore servi dans leur rôle traditionnel de cavalerie : éclaireurs, patrouilles de reconnaissance, couverture des mouvements d’infanterie.
Cependant, la guerre s'est rapidement transformée en guerre de tranchées, avec un front figé, où la cavalerie est devenue pratiquement inutile dans son rôle traditionnel.
Les hussards, comme d'autres unités de cavalerie, ont alors été démontés (retirés de leurs chevaux) et utilisés comme infanterie de renfort, souvent dans des conditions très éloignées de leur formation initiale.
Les hussards faisaient partie de régiments prestigieux comme le 1er régiment de hussards, le 4e régiment de hussards, etc.
Leur uniforme traditionnel comportait le dolman (veste ornée de brandebourgs), la pelisse (veste en fourrure portée sur l’épaule), et un shako (coiffe militaire) — bien que ces éléments aient été simplifiés ou abandonnés en temps de guerre.
Malgré leur glorieux passé, la guerre moderne les a peu à peu rendus obsolètes dans leur rôle originel.
Pendant la Première Guerre mondiale, les hussards français étaient donc des cavaliers d’élite, mais les réalités de la guerre moderne les ont contraints à combattre à pied, comme des fantassins ordinaires.