RABREAU Théophile Joseph
Sainte-Pazanne
1884 - 1914
64ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
Théophile est né 12 août 1884 à Sainte-Pazanne.
Il s’engage volontairement pour trois ans à Rennes le 29 novembre 1902 au 41e régiment d’infanterie.
Il est nommé sergent en septembre 1904.
Il se marie le 7 juin 1909 à Guérande.
Théophile est mobilisé le 3 avril 1914 au 65e régiment d’infanterie de Nantes.
Théophile est promu sous-lieutenant en novembre 1914 et passe au 64e RI le 11 décembre 1914.
Il est tué à l’ennemi à La Boisselle le 24 décembre 1914.
A titre posthume, il est décoré de la Croix de guerre avec une étoile vermeil et est fait chevalier de la légion d’honneur.
Son père, Jean RABREAU, natif de Sainte-Pazanne épouse, en 1868 à Saint-Mars-De-Coutais, Anne GRANDJOUAN native de Saint-Mars-De-Coutais. Ils sont tous les deux cultivateurs.
Le couple a neuf enfants : Marie (1869), Jean-Baptiste (1870), Thérèse (1871), Anne (1873), Louis et Alexandre (1877), Constance (1878), Charles (1879) et Théophile (1884). Ils sont tous nés à Sainte-Pazanne.
Théophile est donc le petit dernier, né le 12 août 1884 à Sainte-Pazanne au lieudit « Tournebride »
Théophile est brun aux yeux gris bleu et mesure 1,60m. Il s’engage volontairement pour trois ans à Rennes le 29 novembre 1902 au 41e régiment d’infanterie. Il est nommé caporal le 19 septembre 1903 puis sergent le 20 septembre 1904. Il obtient son certificat de bonne conduite puis, en 1905, le certificat d’aptitude à l’emploi de chef de section dans la réserve.
Il épouse Marie ANNÉZO le 7 juin 1909 à Guérande. Théophile est alors négociant et Marie, sans profession.
Théophile est mobilisé le 3 août 1914 au 65e régiment d’infanterie de Nantes.
Le départ s’effectue « au milieu des acclamations, sous les fleurs qu’on jette de toutes parts ». On sait aujourd'hui que la réalité est bien différente car la stupeur et le chagrin de voir partir les hommes domine. Le 65e régiment débarque deux jours plus tard en Argonne, à Grandpré, dans la zone attribuée au 11e corps d’armée. Par étapes, il gagne Sedan, franchit la Meuse et, le 16 août, pénètre en Belgique.
Le 21 août, il prend contact avec les avant-gardes allemandes, à une vingtaine de kilomètres au nord de Bouillon. Le 22, engagé dans la grande bataille livrée par la 4e armée française, il reçoit son baptême du feu lors de l’attaque des positions ennemies de Maissin.
Le 25 août, le 65e repasse la Meuse à Bazeilles et s’établit sur les hauteurs de Wadelincourt et de la Marfée. Quatre jours de combats acharnés offrent au régiment l’occasion de montrer toute sa valeur, malgré de lourdes pertes : trois chefs de bataillon sont tués, la plupart des capitaines tombent ou sont blessés. Le 27 août, en particulier, reste marqué par la reprise à l’ennemi du village de Noyers-Pont-Maugis, "grâce à une fougueuse charge à la baïonnette, tambours et clairons en tête". Historique du 65e
Le 5 septembre au soir, le régiment se trouve près de Fère-Champenoise et se prépare à participer à la bataille de la Marne. Le 6 au matin, il est engagé à Morain le-Petit, avec pour mission de tenir les débouchés Est des marais de Saint-Gond.
Ces combats coûtent au régiment la moitié d’un effectif déjà très diminué. Son colonel est grièvement blessé et le cadre des officiers se réduit à deux capitaines, un lieutenant et quatre sous-lieutenants. Dès le 10 septembre, le 65e reprend néanmoins l’offensive : il poursuit l’ennemi en retraite, lui fait de nombreux prisonniers, entre à Châlons et, le 13 septembre, atteint la voie romaine au pied des monts de Champagne.
Ce repli initial de nos armées sur leur ligne de bataille a exigé de tous une force physique et morale considérable. La chaleur accablante, les combats incessants, le manque de sommeil, les privations et les marches épuisantes ont brisé et abattu la troupe. "Mais il fallut seulement quelques paroles d’un grand chef et l’annonce d’une victoire pour que ces soldats, presque moribonds la veille, repartent avec un entrain irrésistible à la poursuite des ennemis." Historique du 65e
Après plusieurs jours de combats à Taissy et Sillery, le 65e gagne Compiègne à marche forcée (21-25 septembre). Il y embarque et est transporté, par voie ferrée puis en camion, jusqu’à l’Est d’Albert.
L’ennemi accentue sa poussée en direction de Paris, le régiment arrive à temps pour contribuer, à Contalmaison, Fricourt et La Boisselle, à stopper cette avancée. Commence alors la guerre de tranchées. L’hiver 1914-1915 se déroule sous le signe de durs affrontements, notamment à Beaumont-Hamel (6, 10 et 28 octobre) et à La Boisselle (décembre et janvier).
Théophile est promu sous-lieutenant le 30 novembre 1914 et passe au 3e bataillon, 12e compagnie du 64e RI le 11 décembre 1914. Ce changement de régiment ne le fait pas changer de secteur.
Le 64e RI d’Ancenis est parti le 5 août 1914 avec 55 officiers, 199 sous-officiers et 3125 hommes de troupe. Dès la mobilisation, il a été envoyé par chemin de fer à Reims.
Retiré de la bataille de la Marne à la fin d’octobre 1914, le 64e régiment peut enfin reprendre souffle et panser ses plaies… mais seulement dans le train qui l’emporte vers le nord. Dans les deux camps, c’est désormais la « course à la mer ». Le régiment comprend qu’il faut arriver vite, combattre encore et stopper l’envahisseur avant qu’il n’atteigne les côtes, comme il avait fallu l’arrêter sur la Marne.
À peine débarqué, il s’engage de nouveau. Pendant vingt-cinq jours, la lutte est acharnée, sans répit : attaques partielles successivement lancées ou subies, dans les plaines boueuses et glacées de la Somme, autour des tranchées incertaines de La Boisselle, Beaumont et Bécourt.
Par l’ampleur du travail fourni, par ses attaques menées jour après jour, par le moral et l’endurance exemplaires dont il fait preuve, le régiment obtient une distinction : deux de ses compagnies, la 6e et la 8e sont citées à l’ordre du secteur d’Albert.
JMO du 64e RI page 52 sur 58 : « Jeudi 24 décembre: la préparation d’artillerie finie, les deux compagnies, 9e et 12e s’élancent à la baïonnette mais ne peuvent parvenir jusqu’aux tranchées allemandes dont le réseau de fil de fer n’a pas été détruit. Elles gagnent 150m environ de terrain, s’y accrochent et commencent à creuser une tranchée. Le 3e bataillon reste dans cette position jusqu’à la nuit. » Théophile fait partie de la 12e compagnie. C’est lors de cette attaque qu’il est tué à l’ennemi le 24 décembre 1914 à La Boisselle.
A titre posthume, le 5 mars 1920, il est décoré de la Croix de guerre avec une étoile vermeil et il est fait chevalier de la légion d’honneur avec la citation suivante : « Officier courageux. Tombé au champ d'honneur devant la Boisselle, le 24 décembre 1914. » signée par Paul DESCHANEL.
Etat civil régimentaire - Décès de Théophile
Son père décède en 1916 à Sainte-Pazanne à l'âge de 73 ans.
Sa mère décède en 1924 à Sainte-Pazanne à l'âge de 81 ans.
Sa sœur Marie décède en 1953 à Saint-Hilaire-de-Chaléons à l'âge de 83 ans.
Jean-Baptiste est placé dans les services auxiliaires de l'armée pour raison de santé. Il décède en 1929 à Nantes à l'âge de 58 ans.
Thérèse décède en 1953 à Neuilly-sur-Seine à l'âge de 82 ans.
Anne épouse Pierre GUILLOU. Elle décède en 1946 à l'âge de 72 ans.
Louis épouse Marie BICHON en 1902 à Sainte-Pazanne. Réformé, Louis n'est pas mobilisé. Il décède en 1937 à Sainte-Pazanne à l'âge de 60 ans.
Alexandre épouse Blanche DORE en 1901 à Saint-Hilaire-De-Chaléons. Réformé, Alexandre n'est pas mobilisé. Il décède en 1965 à Saint-Hilaire-De-Chaléons à l'âge de 88 ans.
Constance décède en 1954 à Saint-Laurent-sur-Sèvre en Vendée à l'âge de 75 ans.
Charles est également mobilisé au 65e RI comme Théophile. Il passe au 44e bataillon de chasseurs à pieds en décembre 1914. Il épouse Adeline JAUNATRE en 1920 à Sainte-Pazanne. Il décède en 1949 à l'âge de 69 ans.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Le 64e régiment d’infanterie d’Ancenis est un régiment qui a fusillé huit soldats entre 1915 et 1917 dont cinq en juin 1916.
Deux d’entre eux ont été fusillés sommairement. C’est en lisant le JMO qu’on ne peut que le constater : « Le Général Pétain réunit tous les officiers supérieurs de la division à 16h à Villers-en-Argonne.
Vers 22 heures 30 des coups de feu sont tirés par des militaires du premier bataillon à Aubercy. On découvre les auteurs : ce sont le caporal LE PAHUN et le soldat SCHLOSSER de la 3e compagnie
Jeudi 1er juin le Colonel donne l'ordre d'exécuter le caporal LE PAHUN et le soldat SCHLOSSER. L'opération a lieu sans incident. »
Pendant la Première Guerre mondiale, environ 2 500 soldats français furent condamnés à mort, et, à ce jour, nous en avons recensé 1010 qui furent effectivement exécutés, souvent pour « l’exemple ». La plupart étaient accusés de désobéissance, de refus d’assaut ou d’abandon de poste, parfois après des procès expéditifs, voire sans jugement.
Des cas célèbres, comme les martyrs de Vingré ou les caporaux de Souain, illustrent ces injustices.
Dès les années 1920, des réhabilitations individuelles furent obtenues, mais la reconnaissance collective n’est venue que bien plus tard. En 2022, la France a officiellement réhabilité plus de 600 fusillés pour l’exemple, rendant hommage à ces soldats sacrifiés par une discipline impitoyable. Sources Mémoire des Hommes