Cette biographie a été rédigée par l’association « Vue sur le Marais », complétée et adaptée grâce aux informations du livre « Partis pour la Patrie ». La photographie de Jean-Marie en est extraite. Nous avons adapté la biographie au format de ce support.
CHAUVET Jean-Marie
Vue
1892 - 1915
89ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
En bref
Jean-Marie est né le 14 juillet 1882 à Vue.
Il a trois sœurs et deux frères.
Lorsque la guerre éclate, il est au déjà sous les drapeaux, au 137e régiment d'infanterie.
Il est ensuite affecté au 89e.
Jean-Marie est tué à l'ennemi le 14 juillet 1915 au lieu-dit « La Haute Chevauchée » dans le bois de Lachalade dans la Meuse à l'âge de 23 ans.
Il est inhumé à Lachalade, nécropole nationale de la Forestière.
Son père, Julien CHAUVET, natif de Saint-Mars-De-Coutais et Victoire FILLAUD, native de Vue, se marient à Vue le 3 septembre 1877. Ils y sont cultivateurs.
Il a trois sœurs : Victoire, née en 1878, Jeanne née en 1880 et Emilienne née en 1888.
Il a aussi deux frères : François, né en 1883 et Louis, né en 1887.
Jean-Marie est blond aux yeux marron et mesure 1,73m. Il est cultivateur à Vue chez Monsieur et Madame Colin à la Morissais et chez Monsieur Bourreau à la Maquinière.
De la classe 1912, il débute son service militaire le 12 septembre. Il est affecté au 137è régiment d'infanterie dans la 7ème compagnie à Fontenay-le-Comte en Vendée.
Il a les cheveux blond foncé, les yeux marron clair et mesure 1,73m.
Le 1er janvier 1914, il ne lui reste que 620 jours de service militaire. En effet, à l'époque, ce service dure trois ans soit 1095 jours. (Loi des trois ans)
C’est le 4 mars 1913 que le Conseil supérieur de la Guerre s'est réuni à l'Élysée, sous la présidence de M. Raymond Poincaré, Président de la République qui pense que « Il n’est possible à un peuple d’être efficacement pacifique qu’à condition d’être toujours prêt à la guerre. » … « À l'unanimité [.], il [Le Conseil supérieur de la Guerre] s'est prononcé en faveur du service de trois ans, strictement et rigoureusement égal pour tous, sans aucune dispense. »
Le 20 mars 1913, Louis Barthou, garde des Sceaux dans le 4e cabinet Briand démissionnaire et partisan de la loi des Trois ans, est chargé par le Président de la République de former un nouveau gouvernement. Le 15 mai, il informe la Chambre des députés du maintien sous les drapeaux, au 1er octobre 1913, de la classe alors libérable, après deux ans révolus de service militaire, en application de l’article 33 de la loi du 21 mars 1905. La déclaration est approuvée par 322 voix contre 155, dont des radicaux-socialistes, des socialistes unifiés, des républicains socialistes et des radicaux, et l’abstention de radicaux-socialistes.
La mesure soulève le mécontentement des appelés de la classe 1910 maintenus sous les drapeaux pour une année supplémentaire. Des manifestations de soldats en uniforme ont lieu, notamment, à Toul et Rodez. Source : Assemblée Nationale ICI
Jean-Marie est donc déjà sous les drapeaux à la mobilisation. Il fait partie de ces 817 000 hommes composant les trois classes sous les drapeaux à savoir, les classes 1912, 1913 et 1914.
Mais la mobilisation met en mouvement 2 900 000 réservistes supplémentaires âgés de 23 à 47 ans pour porter l'effectif total à 3 millions d'hommes.
Le 137e régiment d'Infanterie est mobilisé à Fontenay-le-Comte du 2 au 6 août et quitte sa garnison dans la nuit du 6 au 7 août avec une vingtaine d'officiers et 3018 sous-officiers et soldats. Jean-Marie débarque le 8 août 1914 à Autry dans les Ardennes et marche vers la Belgique. Le 22 août, la présence de Uhlans est signalée dans les bois qui entourent Graide et Porcheresse : l’ennemi attaque à 21 h 30. Le régiment bat en retraite vers Our.
La retraite va se poursuivre jusqu'à la bataille de la Marne, à Normée. Le 17, Jean-Marie est à Reims et le 20 il combat au Fort de La Pompelle. Il est ensuite envoyé à Albert dans la Somme fin septembre et participe aux combats de La Boisselle.
Fin octobre, il est à la Ferme de Toutvent et va rester dans la Somme jusqu'à la fin de l'année 1914.
Jean-Marie passe au 89e régiment d'infanterie le 14 mars 1915.
Ce régiment est parti avec 29 officiers, 86 sous-officiers et 1060 caporaux et soldats. Il intègre un groupe cycliste qui comprend six officiers, 20 sous-officiers et 246 caporaux et chasseurs. En 1914, le régiment est caserné à Paris, Vincennes et Sens.
Le 89e débarque à Saint-Mihiel et s'installe dans le secteur de Longuyon à la frontière belge.
Au cours du combat du 22 août, le colonel CHARTON, près de Tellancourt, séparé avec son groupe de liaison du reste de ses unités, et craignant d'être enveloppé, décide d'enterrer le drapeau du régiment dans un trou d'obus.
Il est retrouvé, quatre ans après, par le lieutenant LUX !
Le 89e va rester en Argonne toute l'année 1915 : il est des combats de la Haute Chevauchée en janvier, de Vauquois, de Boureuilles...
Ce premier trimestre 1915 va faire 27 000 morts dans la forêt de l'Argonne et sur la butte de Vauquois.
Le 12 juillet, le régiment se prépare à quitter les tranchées de Vauquois pour aller au repos mais il est brusquement alerté d'un bombardement allemand par obus asphyxiants.. Deux bataillons sont engagés successivement et arrêtent l’ennemi.
Le 13 juillet, une nouvelle bataille va s'engager avec l'assaut des forces allemandes du Kronprinz impérial. Le lendemain, c’est la contre-offensive de la 3ème armée du général Sarrail.
Jean-Marie va mourir en ce premier jour de combat.
Ces pertes n'entraînent pas un recul significatif de l'ennemi. Le général Joffre relève de ses fonctions le général Sarrail.
Jean-Marie est donc mort pour la France le 14 juillet 1915 à 11h au lieu-dit « La Haute Chevauchée » dans le bois de Lachalade dans la Meuse. Il a seulement 23 ans.
Il est inhumé au cimetière national de la Forestière, dans la tombe qui porte le numéro 311.
Le père de Jean-Marie décède en octobre 1915, trois mois après Jean-Marie, à l’âge de 73 ans.
Sa mère, Victoire, décède en 1929 à Vue à l’âge 81 ans.
Victoire, sa sœur, décède en 1891 à l’âge de 12 ans.
Jeanne épouse Henri PIRAUD en 1910 à Beauvoir en Vendée. Elle décède à Couëron en 1947 à l’âge de 66 ans.
François épouse Joséphine DENIAUD en 1913 à Saint-Jean-de-Boiseau. Il est mobilisé le 12 août 1914, est réformé le 17 septembre 1914 pour raison médicale. Il est rappelé le 9 septembre 1915 et rejoint le 65è régiment d’infanterie. Il passe ensuite au 112ème puis au 150ème. Il est démobilisé le 8 mars 1919 Il décède en 1975 à La Montagne à l’âge de 92 ans.
Louis décède en 1887 en bas âge à l’âge de 4 mois.
Emilienne décède en 1931 à Sainte-Pazanne à l’âge de 42 ans.
Malgré sa disparition, le souvenir de Jean-Marie traverse les années, grâce à sa petite- nièce.
Jacqueline CABARET évoque une valise qui contenait tous les souvenirs de guerre de son grand-oncle.
« La valise de Jean-Marie », elle la réclamait enfant quand elle était malade, compulsant alors les cartes postales et les photos précautionneusement conservées.
Le visage de ce grand-oncle a bercé son enfance, grandissant sous son regard fixé par une photo sur la cheminée « qui nous suivait partout pour nous empêcher de faire des bêtises » sourit la petite- nièce de ce poilu mort pour la France. La valise s'est volatilisée sans aucune explication majeure, rien n'ayant été jeté. « Ma grand-mère Jeanne a en effet longtemps vécu chez ses parents et elle y est décédée. Où est-elle passée ? » s'interroge Jacqueline CABARET.
Seul le cahier de chant du poilu, entièrement rédigé à la main et illustré par Jean-Marie, a traversé les années. Nous remercions Monsieur et Madame CABARET de nous l'avoir fait partager et nous ne manquerons pas, à notre tour, de vous le faire découvrir dans nos prochaines manifestations.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Le service militaire obligatoire, autrefois connu sous le nom de conscription, se définit comme la réquisition par l’État d’une partie de ses citoyens à des fins militaires. Cette période passée "sous les drapeaux" est consacrée à l’apprentissage des connaissances et pratiques militaires. Tous les appelés peuvent être mobilisés en temps de guerre.
Née dans le sillage de la Révolution de 1789, la conscription "universelle et obligatoire" est instituée en 1798 et concerne tous les Français âgés de 20 à 25 ans. Elle est supprimée à la Restauration, puis rétablie en 1818 sous la forme d’un service long de six ans pour pallier l’insuffisance d’engagés volontaires. Deux principes, définis en 1804, sont maintenus :
le tirage au sort : sur 100 conscrits, seuls 35 d’entre eux sont appelés à servir sous les couleurs.
le remplacement, qui permet aux familles bourgeoises ou nobles de payer un remplaçant pour échapper à la conscription.
C’est sous la IIIème République (1870-1940) que la conscription prend sa forme moderne. Il n’est plus possible pour un appelé de se faire remplacer. Le service militaire concerne toutes les strates de la population. En 1905, la sélection par tirage au sort est abandonnée et la durée du service est réduite à deux ans. En 1913, de longs débats, des manifestations ont eu lieu concernant la durée de ce service qui, avec la loi Barthou, passe de deux à trois ans.
Source : vie-publique.fr