Cette biographie a été rédigée grâce aux recherches des auteurs du livre "Partis pour la Patrie"
CAILLAUD Joseph Francis
Arthon
1887 - 1915
65ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
Joseph est né au bourg d’Arthon le 24 janvier 1887.
Il a 8 frères et sœurs.
Sa mère décède en 1899.
Il se marie en 1913 à Arthon.
Joseph est mobilisé le 3 août 1914 au 65ème régiment d’infanterie de Nantes
Il participe aux batailles de Maissin, la Marne, la Somme.
Il est cité à l’ordre du régiment le 25 septembre 1915.
Le 30 septembre 1915, Joseph est nommé caporal.
Il est à nouveau cité le 4 octobre 1915.
Joseph est tué lors d’un bombardement de sa tranchée le 7 octobre 1915.
Il est à nouveau cité à titre posthume et est décoré de la Croix de guerre avec deux étoiles bronze.
Le lieu de sépulture de Joseph est inconnu.
Joseph est né au bourg d’Arthon le 24 janvier 1887. Il est le fils de Jean (qui se fait parfois appeler René, son second prénom) qui exerce le métier de tonnelier, et de Julie POTET.
Il a déjà six frères et sœurs : Arthur né en 1878, Théodule en 1880, Louise et Jean, des jumeaux nés en 1882, François né en 1884, Mélanie en 1885,
Deux autres petits frères, Auguste né en 1888, Eugène en 1890 viennent compléter la famille.
Leur maman décède le 21 janvier 1899 à l’âge de 48 ans alors que Joseph va avoir 12 ans dans 6 jours.
Joseph commence son service militaire le 6 octobre 1908 au 3ème bataillon de chasseurs à pied. Son certificat de bonne conduite lui est accordé. Il rentre à la maison le 25 septembre 1910 en étant placé dans la réserve de l’armée active.
Joseph, tonnelier comme son père, se marie à Arthon le 19 mai 1913 avec Marie Joséphine Célina SEGUINEAU. Le même jour, son grand frère François Louis épouse Joséphine Rosalie AFFILÉ.
Mobilisé le 3 août 1914, Joseph intègre le 65ème régiment d’infanterie à Nantes. La plupart des soldats de ce régiment viennent de Bretagne (Finistère et Morbihan), de Loire Inférieure et de Vendée.
Le 5 août, le 65ème quitte Nantes « au milieu des acclamations, sous les fleurs qu’on jette de toutes parts ». On sait aujourd'hui que la réalité est bien différente car la stupeur et le chagrin de voir partir les hommes domine.
Le 7 août, il arrive à Grandpré en Argonne. Puis, il fait route vers Sedan et arrive en Belgique le 16 août. Le 65ème est au combat face à l’ennemi dès le 21 août.
Et ce sera la retraite des troupes : Maissin, Bazeilles, La Marfée…
A partir du 6 septembre, le 65ème participe à la bataille de La Marne, dans le Marais de Saint-Gond. Le régiment y perd la moitié de ses hommes.
Joseph est ensuite envoyé dans la Somme par train et camions et participe aux combats de Fricourt, La Boisselle… Et la guerre de tranchées commence…
Au début de 1915, ce sont les combats d’Hébuterne. En juin, suivront les combats de la Ferme de Touvent.
En juillet 1915, le régiment se dirige vers la Champagne et participe aux combats de Mesnil-Les-Hurlus.
Le 25 septembre, le colonel Xavier Marie Desgrées du Loû est tué à l’ennemi : « Derrière les premières vagues des bataillons d'attaque …/… marche le colonel Desgrées du Loû, tenant dans ses mains le drapeau du régiment. L'élan de la troupe est splendide, mais les mitrailleuses ennemies font rage, décimant les compagnies, dont certaines sont en quelques minutes réduites à quelques hommes. Le colonel tombe, mortellement atteint : belle fin de soldat, frappé en pleine action à la tête de son unité. » Historique du 65e RI.
Joseph est, quant à lui, nommé caporal le 30 septembre 1915.
Il est cité le 4 octobre 1915 : « Soldat d'une grande bravoure, est parti à l'assaut en avant de sa section pour aborder les tranchées allemandes entraînant ainsi ses camarades par son exemple »
Affecté à la 10ème compagnie de son régiment, Joseph est tué à l’ennemi le 7 octobre 1915 à Mesnil-Les-Hurlus.(JMO page 81 sur 105)
Joseph est cité une seconde fois après sa mort : «Caporal très courageux, tué tandis que son escouade tenait sous un feu violent une position conquise » Il est décoré à titre posthume de la Croix de guerre avec 2 étoiles Bronze.
Joseph meurt le même jour et au même combat que son ami Pierre LOIRAT. Ils apparaissent tous deux, l’un après l’autre, sur la liste des Morts du 7 octobre 1915 dans le Journal des Marches et Opérations.
On ne connaît pas le lieu de sépulture de Joseph. Nous poursuivons les recherches.
La jeune veuve Caillaud Joseph reçoit un courrier de l’Adjudant DUSEIL 65ème régiment d'infanterie, 10ème compagnie
"10 octobre 1915,
Madame,
Quoique n'ayant pas l'honneur de vous connaître, je me fais cependant un devoir de vous écrire, pour vous mettre au courant de ce qui s’est passé car je sais que vous devez être très inquiète au sujet de votre cher mari Monsieur Joseph Caillaud qui était un de mes charmants hommes, et un grand ami à moi, voici en quelques mots ce qui s'est passé :
Le 6 au matin, à 4 h 30 nous nous portions à l'attaque des tranchées allemandes où le bataillon a été très éprouvé, mais à la compagnie nous avions assez bien réussi, et je vous assure que votre mari Monsieur le caporal Caillaud s'était conduit en brave. Le lendemain 7, nous avons eu à supporter un bombardement très violent pour pouvoir maintenir nos positions conquises. A un moment, votre mari n'était plus avec moi, il était malheureusement plus à ma gauche, vers 5h30 une rafale d'obus s'amène qui démolit toute la tranchée où il était avec son grand copain Pierre Loirat et plusieurs camarades de son escouade. Un deuxième obus arrive qui tombe en plein sur eux et en blesse un grand nombre dont lui également qui a eu les deux jambes cassées et une épaule fracassée. Aussitôt il m'a appelé mais hélas j'étais à quelques dizaines de mètres plus loin sur la plaine et ne pouvait même pas relever la tête, dès que la nuit est venue je me suis porté près de lui, mais hélas il était trop tard, il était mort. Avant de mourir, il avait dit à ceux qui étaient auprès de lui de retirer son alliance et de me la remettre pour que je vous la fasse parvenir, ce qui a été fait, et dès que je pourrai trouver le vaguemestre je la lui remettrai dans une boîte que je vais tâcher de me procurer, dès demain si c'est possible. Malheureusement je n'ai pas pensé à prendre ses papiers et je ne sais même pas s'ils ont été ramassés, car aussitôt après le bataillon a été relevé. Jusqu'au bout il a eu toute sa connaissance, et est mort les mains jointes en priant le bon Dieu, il est mort en héros et plus même je dirais, en saint.
Son camarade Loirat lui a été tué sur le coup sans pouvoir prononcer une parole. Je ne sais pas si sa femme est prévenue, en tous les cas je crois que son frère François doit le savoir.
Donc Madame soyez sûre que le plus tôt possible je vous ferai parvenir son alliance. soyez sûre de moi, comme un grand ami de votre pauvre mari pour qui j'ai toujours fait ce que j'ai pu pour lui être agréable.
Tous ces renseignements sont assez pénibles pour moi à vous dire, mais il m'avait toujours dit que s'il lui arrivait quelque chose, de vous prévenir de suite et de ne rien vous cacher, c'est la raison pour laquelle ce soir je vous dis tout ce que je sais.
Recevez Madame mes plus grands respects et dès que vous aurez reçu son alliance, ayez la bonté de me le faire savoir, mais ne vous inquiétez pas de l'envoi."
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Le village du Mesnil-les-Hurlus qui s'étendait sur 1 137 hectares dont 1 073 hectares de terres labourables, comptait 97 habitants au recensement de 1911.
A partir de septembre 1915, des combats très intenses ont été livrés sur le territoire de ce village.
La Butte du Mesnil, avec son système de tranchées et son tunnel de 30 mètres de profondeur, n'a pu être reconquise par les troupes françaises qu'en septembre 1918.
Les ruines de l'église qui avait été édifiée au 13ème siècle ont été dégagées en 1984 par le 40ème régiment d'artillerie.
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