ROULET Victor François
Vue
1881 - 1914
65ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
Victor est né le 12 février 1881 à Vue.
Il fait son service militaire au 29ᵉ bataillon de chasseurs à pied (BCP) de 1902 à 1905.
Il se marie en 1912 à Vue et a deux filles.
Victor est mobilisé le 20 août 1914 au 65ᵉ régiment d’infanterie de Nantes.
Il participe aux combats de Maissin en Belgique.
Après la retraite, il participe à la bataille de la Marne.
Il combat ensuite en Champagne.
Il est « tué à l’ennemi » le 14 novembre 1914 ». Son corps ne sera jamais retrouvé.
François ROULET, tisserand natif de Rouans, épouse le 22 septembre 1878 à Rouans Éléonore GUILBAUD, cultivatrice, également originaire de Rouans.
Le couple a quatre enfants : Marie (1879), Victor (1881), François (1882) et Joseph (1887). Seul Victor naît à Vue, les autres enfants voient le jour à Rouans.
Victor naît au lieu-dit La Tournerie, à Vue, le 12 février 1881. Blond aux yeux bleus, il mesure 1,64 m.
Cultivateur, il commence son service militaire le 15 novembre 1902 au 29ᵉ bataillon de chasseurs à pied (BCP). Il retourne à la vie civile le 9 juillet 1905 avec un certificat de bonne conduite.
Il effectue ensuite deux périodes d’exercices au 65ᵉ régiment d’infanterie de Nantes: du 18 août au 9 septembre 1909, puis du 28 mars au 13 avril 1911.
Le 14 novembre 1910, à Saint-Hilaire-de-Chaléons, il épouse Mélanie COQUENLORGE, tailleuse dans cette commune. Victor est alors coiffeur à Vue.
Le couple a deux enfants : Marie, née en 1912 à Vue, et Thérèse, née à Saint-Hilaire-de-Chaléons le 31 janvier 1915.
Victor est mobilisé le 20 août 1914 au 65ᵉ régiment d’infanterie, alors qu’il est âgé de 33 ans.
Le 65ᵉ s’est « complètement mobilisé le 4 août avec 57 officiers, 200 sous-officiers et 3 190 caporaux et soldats. » Le départ de la gare de Nantes se fait « au milieu des acclamations, sous les fleurs qu’on jette de toutes parts ». Le 65ᵉ débarque deux jours plus tard en Argonne, à Chatel-Chéhéry, dans la zone du 11ᵉ corps d’armée. Par étapes, il gagne Sedan, franchit la Meuse et entre en Belgique le 16 août.
Le 20 août, Victor rejoint le 65ᵉ. Le lendemain, il entre en contact avec les avant-gardes allemandes, à 20 kilomètres au nord de Bouillon. Le 22 août, il participe à la grande bataille livrée par la 4ᵉ armée française et reçoit le baptême du feu lors de l’attaque des positions ennemies de Maissin.
Les pertes sont lourdes pour le 65ᵉ : trois officiers tués, deux blessés, 165 sous-officiers et soldats tués ou blessés, presque tous appartenant à la 2ᵉ compagnie du 3ᵉ bataillon.
Le 22 août 1914 reste la journée la plus sombre de l’histoire de l’armée française : 27 000 soldats tombent ce jour-là.
Le 25 août, le 65ᵉ repasse la Meuse à Bazeilles et s’établit sur les hauteurs de Wadelincourt et de la Marfée. Pendant quatre jours de combats acharnés, le régiment subit encore de lourdes pertes : trois chefs de bataillon tués, la plupart des capitaines hors de combat. Le 27 août, il reprend à l’ennemi, « par une fougueuse charge à la baïonnette, tambours et clairons en tête », le village de Noyers-Pont-Maugis.
Le 5 septembre au soir, le régiment se trouve près de Fère-Champenoise, prêt à participer à la bataille de la Marne. Le 6 septembre au matin, il est engagé à Morains-le-Petit avec pour mission de tenir les débouchés est des marais de Saint-Gond.
Les combats lui coûtent la moitié de son effectif déjà réduit : le colonel est grièvement blessé, et l’encadrement ne compte plus que deux capitaines, un lieutenant et quatre sous-lieutenants.
Dès le 10 septembre, le 65ᵉ reprend la poursuite de l’ennemi en retraite, capturant de nombreux prisonniers. Victor entre à Châlons et, le 13 septembre, atteint la voie romaine au pied des monts de Champagne.
Après plusieurs jours de combats à Taissy et Sillery, le régiment gagne Compiègne à marches forcées du 21 au 25 septembre. Il embarque ensuite pour être transporté par voie ferrée et par camions autos à l’est d’Albert. Face à la poussée ennemie vers Paris, le régiment participe à son arrêt à Contalmaison, Fricourt et La Boisselle.
La guerre de tranchées commence. Le 65ᵉ s’empare du Hamel le 7 octobre.
Entre le 13 et le 28 octobre, il se positionne vers Auchonvillers et Mailly-Maillet.
Le 29 octobre, le 65ᵉ subit une violente attaque de nuit : l’assaut est repoussé, mais fait 20 morts et 115 blessés. Un lieutenant disparaît, un autre est tué.
Les jours suivants sont plus calmes.
Victor est « tué à l’ennemi » le 15 novembre 1914 à Forceville, dans la Somme. C’est en tout cas la date officielle.
Or, les informations du JMO (page 13 sur 105) laissent penser qu’il est peu probable que Victor soit mort ce jour-là : les journées du 8 au 18 novembre sont qualifiées de "sans incident".
La date du décès est fixée par un jugement déclaratif rendu le 22 avril 1918 par le tribunal de Paimbœuf. Ce jugement mentionne que Victor est mort à Beaumont, dans la Somme : « …/… Un acte de disparition n’a été dressé que le 14 octobre 1916, mais depuis 1914, aucun renseignement parvenu au dépôt n’est de nature à faire douter de la réalité du décès…/… »
Le corps de Victor n’est jamais retrouvé. Son lieu d’inhumation reste inconnu.
Victor ne connaîtra jamais sa seconde fille, Thérèse, née le 31 janvier 1915, soit un peu plus de deux mois après sa disparition.
Sa sœur Marie décède à Rouans en 1904 à l’âge de 24 ans.
Son frère François se marie en 1908 à Saint-Jean-De-Boiseau avec Augustine GIRARD.
Sa fille Marie épouse Ulysse BOIVEAU en 1935 à Saint-Hilaire-De-Chaléons.
Thérèse, qui n’a jamais connu son père décède en 1985 à Nantes à L’âge de 70 ans
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Pour répondre à cette difficulté, l’État français a mis en place une procédure exceptionnelle : le jugement déclaratif de décès. Il s’agissait d’une décision rendue par un tribunal civil qui permettait de constater la mort d’un soldat en l’absence de corps ou de preuve formelle. Ce jugement suppléait l’acte de décès classique, qui ne pouvait être établi qu’en présence d’un corps identifié.
La procédure était la suivante : la famille du disparu saisissait le tribunal compétent, qui ordonnait une enquête. Les témoignages d’anciens compagnons d’armes, les rapports militaires et l’absence de nouvelles depuis une certaine période servaient à établir la forte présomption de décès. Une fois le jugement rendu, celui-ci était transcrit sur les registres d’état civil et permettait d’établir officiellement l’acte de décès du soldat.
Des lois votées en 1919 ont simplifié cette démarche pour les familles. La mention « Mort pour la France » était alors portée sur les actes, ce qui ouvrait droit à des pensions pour les veuves et orphelins, et permettait d’inscrire le nom du disparu sur les monuments aux morts.
Ces jugements ont eu une grande importance sociale : ils ont permis aux familles de sortir d’un douloureux état d’incertitude, de faire leur deuil et de régulariser la situation administrative des disparus. Ils témoignent aussi de l’ampleur du traumatisme collectif causé par une guerre où des centaines de milliers de soldats avaient littéralement « disparu » dans le fracas des combats.