MARIOT Pierre Marie
Chauvé
1893 - 1916
135ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
Pierre est né le 11 novembre 1893 à Chauvé.
Il est mobilisé le 8 septembre 1915 au 135ème régiment d'infanterie.
Il reste en instruction jusqu'en février 1916.
Il participe aux combats de Givenchy puis à celui de Souchez.
C'est là que Pierre est tué à l'ennemi le 4 mars 1916.
Il est inhumé à Chauvé au côtés de son beau-frère, époux de Gabrielle, Augustin LERAY.
Pierre MARIOT, natif de Chauvé épouse, en 1887 à Saint-Père-En-Retz, Marie LEBRETON native de Saint-Père-En-Retz .
Le couple a 2 enfants : Henriette née en 1888 et Pierre, né en 1893. Ils sont tous les deux nés à Chauvé.
Pierre Marie est donc né le 11 novembre 1893 à La Caillerie à Chauvé.
Il est blond aux yeux bleus et mesure 1m51. Pierre ne fait pas son service militaire en 1913. En effet, il est ajourné pour "faiblesse" et son incorporation est reportée en 1914 avec la classe 1915.
Il est mobilisé le 8 septembre 1915 mais il manque à l’appel… Il obtient un sursis maladie puis est incorporé le 7 octobre 1915 au 135ème régiment d’infanterie d'Angers.
Ce régiment est déjà mobilisé depuis le 5 août 1914 à Angers, sa ville de garnison. Il est principalement composé de Bretons et d’Angevins. Il est envoyé sur le front en Lorraine et débarque à Pont-Saint-Vincent avec la 18ᵉ division d’Infanterie.
Il est intégré à la 2ème armée du général Castelnau : 58 officiers, 185 sous-officiers et 3138 hommes et 194 chevaux
Le premier contact du régiment avec l’ennemi a lieu le 22 août, dans la région de Bièvres, en Belgique. L’artillerie allemande, bien supérieure, cause la perte de 1 500 hommes dont 17 officiers (tués, blessés, disparus) dès la première journée.
Le 29 août, après plusieurs combats et une charge héroïque à la baïonnette, le régiment est contraint de battre en retraite à travers la Meuse et la Marne sous une chaleur accablante.
Le 30 août 1914, le régiment perd 11 officiers et 1 100 hommes dans la région de Faux, dans les combats d'arrière-garde.
Le régiment participe à la bataille de la Marne du 6 au 13 septembre 1914 : Condé-sur-Marne, Vert-la-Gravelle, Fère-Champenoise… De violents assauts entraînent de lourdes pertes et le colonel est capturé (il réussit à s’évader).
Commence alors la guerre de tranchées en Champagne, à Prosnes, où le régiment résiste aux assauts allemands.
En octobre - novembre 1914, le régiment repart pour la Belgique afin de stopper l’offensive allemande vers Calais. Le 135ème combat dans des conditions extrêmes à Ypres, perdant plusieurs commandants successifs.
En 1915, le régiment est envoyé dans les secteurs d’Arras
En avril 1915, le 135ème se déplace vers Lizerne (Belgique), où il tente de repousser une offensive allemande après l’usage de gaz asphyxiants à Steenstraete. Plusieurs commandants sont tués.
De mai à août 1915, le régiment est engagé dans le secteur de Neuville-Saint-Vaast, où il participe à une offensive coûteuse en hommes : 38 officiers et 1 162 hommes tombés.
En automne et hiver 1915, le régiment stationne dans le secteur de Loos, où il subit de violents bombardements.
C’est à ce moment que Pierre rejoint le 135ème. Il reste sur cette position jusqu’à la fin de l’année 1915.
Après une période d'instruction au camp de Saint-Riquier, Pierre part en février 1916 au Bois en Hache, près d'Aix-Noulette. Le 21, il subit la contre-attaque allemande de Givenchy, diversion aux attaques de Verdun. Du 3 au 8 mars 1916, avec le 135ème, Pierre occupe le secteur de Souchez.
C’est là qu'il est tué à l’ennemi, à Souchez, le 4 mars 1916.
Il est inhumé dans le cimetière de Chauvé avec son beau-frère, Augustin LERAY également mort pour la France le 25 août 1917.
2024
11 novembre 2025
Le 11 novembre 2025, la commune de Chauvé a rendu hommage à 7 soldats tombés dans l'oubli.
La tombe des soldats Auguste LERAY et Pierre MARIOT a été restaurée dignement.
Une plaque mémorielle a été placée sur le mur, derrière la tombe, pour ramener à la lumière les noms de 5 soldats morts pour la France placés en ossuaire communal : Pierre GOBIN, Joseph LERAY, Martin LERAY, Fernand MARIOT et Joseph PORCHER.
Ces projets ont pu être réalisés grâce à l’engagement total de la mairie de Chauvé, de son maire, Pierre Martin et des élus, en particulier Jean-Michel. Mais aussi l'engagement fort des services techniques (et en particulier Patrice) et administratifs de la commune (je pense à Aurélie), au don de la famille Lecoq, aux bénévoles et au Souvenir Français.
Sa sœur Henriette épouse Auguste LERAY. Elle décède en 1943 à Chauvé à l'âge de 54 ans.
Son père, Pierre Marie, décède en 1897 à Chauvé à l’âge de 42 ans. Sa mère ,Marie LEBRETON, décède en 1934 à Chauvé à l’âge de 62 ans.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Souchez est une rescapée. Située entre les collines de Vimy et de Lorette, cette petite ville de de 2500 habitants aujourd'hui a failli être rayée de la carte en 1918. Un village anéanti, un tas de ruine dont le seul vestige est un bout de croix en grès, un bloc de pierre qui a résisté à quatre ans de combats d'une violence inouïe.
Dès l'automne 1914, les Allemands vont en faire une forteresse imprenable. En mai 1915, lors de la deuxième bataille de l'Artois, les alliés voudront s'en emparer. On se battra jusque dans le cimetière.
Souchez n'est plus qu'une dégoûtante bouillie de bois, de pierres, d'ossements, concassés et pétris dans la boue.
Dans son livre "Un hiver à Souchez ( 1915-1916 )", écrit en 1917, le journaliste Jean Galtier-Boissière raconte :
« Le paysage est si hideux, si hors nature que je me demande si je ne rêve pas : c'est une vision d'infernal cauchemar, le lugubre décor de quelque conte fantastique d'Edgar Poë.
Ce ne sont pas des ruines : il n'y a plus de mur, plus de rue, plus de forme. Tout a été pulvérisé, nivelé par le pilon. Souchez n'est plus qu'une dégoûtante bouillie de bois, de pierres, d'ossements, concassés et pétris dans la boue. (...) Quelques flots de ruines émergent seuls de la boue ; néanmoins les obus ennemis s'acharnent à fouiller sans pitié les entrailles du bourg assassiné... »
« Le secteur de la boue », c'est aussi comme cela que les Poilus avaient surnommé Souchez. Un martyre qui vaudra au village d'être cité à l'ordre de la Nation et de recevoir la Croix de Guerre. Ultime reconnaissance, Souchez accueillera en mai 2015 un centre d'interprétation de la Première guerre mondiale.
Extrait du chapitre XII du livre d'Henri Barbusse, « Le Feu »
« Le village a disparu. Jamais je n’ai vu une pareille disparition de village. Ablain-Saint-Nazaire et Carency gardent encore une forme de localité, avec leurs maisons défoncées et tronquées, leurs cours comblées de plâtras et de tuiles. Ici, dans le cadre des arbres massacrés qui nous entourent, au milieu du brouillard, d’un spectre de décor, plus rien n’a de forme : il n’y a pas même un pan de mur, de grille, de portail, qui soit dressé, et on est étonné de constater qu’à travers l’enchevêtrement de poutres, de pierres et de ferraille, sont des pavés : c’était ici, une rue !
On dirait un terrain vague et sale, marécageux, à proximité d’une ville, et sur lequel celle-ci aurait déversé pendant des années régulièrement, sans laisser de place vide, ses décombres, ses gravats, ses matériaux de démolitions et ses vieux ustensiles : une couche uniforme d’ordures et de débris parmi laquelle on plonge et l’on avance avec beaucoup de difficulté, de lenteur. Le bombardement a tellement modifié les choses qu’il a détourné le cours du ruisseau du moulin et que le ruisseau court au hasard et forme un étang sur les restes de la petite place où il y avait la croix. »