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LOIZEAU François Alexandre
93ᵉ régiment d'infanterie
1893 - 1915
Mort pour la France
LOIZEAU Jean Alexandre
1ᵉ bataillon de chasseurs à pied
1891 - 1915
Mort pour la France
LOIZEAU Jean Marie
1893 - 1916
93ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
Les trois frères ont été décorés de la médaille militaire et de la Croix de guerre
Ce sont les fils d’Alexandre LOIZEAU et de Marie-Françoise BOURRIAU. Alexandre est né en 1866, sa femme en 1863. Ils se marient le 2 juin 1890. La famille exploite une ferme dans le village du Bois-aux-Nains à Bourgneuf-en-Retz. De cette union, naissent quatre enfants :
Jean-Alexandre né le 1er août 1891.
Des jumeaux : François et Jean-Marie nés le 5 juin 1893.
Marie-Alexandrine née le 18 novembre 1894.
En 1903, ils quittent Bourgneuf-en-Retz pour s’installer au village du Temple à Saint-Hilaire-de-Chaléons, louant une ferme de 19 hectares où ils coulent une vie paisible.
Cependant, en 1907, la famille connaît un drame lorsque le père décède à l’âge de 41 ans, laissant la mère seule avec quatre enfants à charge. Cette épreuve douloureuse constitue, hélas, les prémices de chagrins encore plus grands.
En effet, les trois frères participent aux combats de la Première Guerre Mondiale, y laissant leur vie tous les trois.
Leur mère reçoit alors une indemnité pour la perte de ses fils, ce qui lui permet de retourner à Bourgneuf-en-Retz en achetant une ferme dans le village de Nombreuil.
François 1893-1915
Alexandre 1891-1915
Jean-Marie 1893-1916
François est né le 5 juin 1893 à Bourgneuf-en-Retz.
Il suit la tradition familiale avant d’être appelé au service militaire le 26 novembre 1913 à La Roche-sur-Yon.
En novembre 1914, il est affecté au 93ème régiment d’Infanterie et part combattre dans la Somme.
Le 9 juin 1915, lors de la bataille d’Hébuterne, il est grièvement blessé. Amputé d’une jambe à l’hôpital d’Amiens, il succombe à ses blessures le 25 juin 1915, à l’âge de 22 ans.
Jean Alexandre dit Alexandre est né le 1er août 1891 à Bourgneuf-en-Retz.
En 1912, il part au service militaire et rejoint le 1er bataillon de chasseurs à pied basé dans les Vosges.
Lorsque la guerre éclate en août 1914, il est envoyé au front en Alsace.
En septembre, il est hospitalisé pour une dysenterie.
Il est renvoyé au combat à Notre-Dame-de-Lorette (62)
En février 1915, il contracte une jaunisse et doit être hospitalisé une nouvelle fois.
Le 12 octobre 1915, Alexandre est tué lors de la 3ème bataille d’Artois devant Angres (62) Il avait 24 ans.
Jean-Marie dit Célestin est né le 5 juin 1893 à Bourgneuf-En-Retz.
Le 22 août 1914, il appelé au service militaire à La-Roche-sur-Yon.
En novembre 1914, il combat dans la Somme où il rejoint son frère jumeau François dans le 93e RI.
Le 9 juin 1915, il est blessé.
Pendant six mois, il est hospitalisé aux Sables-d’Olonne.
De novembre 1915 au 24 mai 1916, il combat en Champagne puis à Verdun. Il est tué le 12 juin 1916. Son corps ne sera pas retrouvé.
François grandit entouré de son frère aîné, Jean Alexandre, de son frère jumeau, Jean-Marie surnommé Célestin et de sa sœur cadette Marie-Alexandrine.
Appelé au service militaire le 26 novembre 1913, François rejoint La Roche-sur-Yon. Il décrit des conditions éprouvantes : longues marches, parfois la nuit, sous la pluie, nourriture insuffisante, discipline rigoureuse.
En novembre 1914, il est affecté au 93ème régiment d’Infanterie et envoyé dans la Somme, passant par Hamel, Beaumont, Auchonvillers, Bus, Colincamps. En décembre 1914, son frère jumeau le rejoint et combat à ses côtés. Leur affection mutuelle les aide à surmonter les difficultés du front. Tous deux ont une véritable affection l’un pour l’autre, ce qui rend le quotidien moins difficile.
Le 7 juin 1915, sous les ordres du général Foch, le 93ème participe à une attaque visant la ferme de Toutvent, près d’Hébuterne dans le Pas-de-Calais au sud d’Arras. Cette opération de diversion vise à préparer une nouvelle offensive en Artois.
Les soldats parviennent à capturer des tranchées allemandes malgré des combats très meurtriers. Le 93ème reçoit d’ailleurs une citation pour son héroïsme. Cependant, les pertes sont très lourdes.
Le 9 juin, François est touché par un éclat d’obus. Transporté à l’hôpital d’Amiens, il subit une amputation de la jambe. Son état se détériore, sa famille en est avertie par télégramme. Le 25 juin 1915, il décède, laissant ses proches dans une douleur profonde, d’autant plus que ses deux autres frères mourront aussi plus tard dans cette guerre effroyable.
François repose dans la nécropole de Saint-Acheul à Amiens. La famille n’a pas demandé le rapatriement de son corps. Cependant, il reçoit à titre posthume la médaille militaire et la croix de guerre, symbolisées sur son médaillon par les initiales MMCG.
« L’attaque fut fixée au 7 juin à 5 heures du matin…Une préparation intense faite par l’artillerie avait démoli les réseaux de fils de fer et gravement endommagé les tranchées et boyaux des Allemands…
Le 93ème se précipite en avant… Inoubliable fut ce départ : dans une atmosphère de poussière et de fumée, les hommes s’élancent résolument, hardiment, les yeux fixés sur l’objectif, la mâchoire serrée, le corps penché en avant, les mains crispées sur l’arme… Les objectifs sont atteints en vingt minutes, les prisonniers affluent.
Cependant, les Allemands se ressaisissent. Corvées de ravitaillement et de matériel sont prises sous un barrage continuel. La chaleur est accablante et l’eau manque. Nos hommes n’ont comme abris que les trous d’obus. L’artillerie allemande s’acharne sur nos tranchées. Beaucoup de fusils, presque toutes les mitrailleuses sont hors d’usage. Le 8 au soir, les munitions commencent à manquer… C’est une véritable zone de mort où le barrage ne s’interrompt pas jusqu’au 11 juin.» - Extraits de l’Historique du 93e Régiment d’Infanterie – La bataille d’Hébuterne (7-13 juin 1915) – 11e Corps d’Armée – 21e Division – 42e Brigade. - Imprimerie moderne – La Roche-sur-Yon – 1920. MTB
Tombe de François LOIZEAU dans la nécropole de Saint-Acheul à Amiens – Rangée 8 Tombe 1800
Appelé sous les drapeaux le 1er août 1912, le jeune Alexandre rejoint le 1er bataillon de chasseurs à pied. Successivement en garnison à Troyes, Senones et Saint-Dié dans les Vosges, il endure les rigueurs du service militaire de l’époque : marches épuisantes, discipline de fer et éloignement douloureux de sa famille. A cette époque, le service militaire dure deux ans et commence à 20 ans. Son incorporation devait prendre fin en 1914 mais le destin en décidera autrement…
Lorsque la guerre éclate en août 1914, Alexandre est envoyé combattre en Alsace, il faut récupérer les provinces perdues en 1871! Cette offensive ne s’avère pas décisive et son bataillon est transféré en Champagne. C’est là qu’Alexandre tombe gravement malade, il contracte la dysenterie. Hospitalisé d’abord à Châlons-en-Champagne puis à Royat dans le Puy-de-Dôme, il découvre une parenthèse inattendue dans l’horreur de la guerre. Dormir dans un vrai lit, recevoir la visite de dames charitables apportant fruits, gâteaux et papier pour écrire lui semblent un véritable luxe au regard des horreurs qu’il a vécues.
En décembre 1914, il est à nouveau envoyé au front, cette fois dans le Pas-de-Calais à Notre-Dame-de-Lorette. Le secteur est assez calme à ce moment-là, mais en février 1915, la maladie le frappe à nouveau, il a cette fois une jaunisse. Hospitalisé successivement à Abbeville, puis à Dreux, il bénéficie enfin d’un mois de convalescence auprès des siens, dans sa famille à Saint-Hilaire-de-Chaléons, à laquelle il est si profondément attaché
En juillet 1915, Alexandre rejoint le front dans le Pas-de-Calais. Il prend part à la 3ème bataille d’Artois déclenchée le 15 septembre et achevée le 13 octobre de la même année. Estimant disposer d’un rapport de force favorable, Joffre lance cette offensive en Artois comme diversion, afin de concentrer l’essentiel en Champagne. Le résultat est tragique : des milliers de morts pour seulement quelques kilomètres conquis.
Alexandre compte parmi ces victimes. Le 12 octobre 1915, alors qu’il est à la mitrailleuse face à Angres. un éclat d’obus le frappe en pleine tête. Ses camarades l’enterrent sur place, enveloppé de sa toile de tente et son manteau dans laquelle se trouve une lettre pour sa soeur. Une croix est plantée sur sa tombe, son nom inscrit dessus. Pourtant, son corps ne sera jamais retrouvé.
Son nom figure aujourd’hui sur l’Anneau de la Mémoire construit en 2014 à Ablain-Saint-Nazaire dans la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette.
Ce mémorial international conçu par l’architecte Philippe Prost, prend la forme d’un immense anneau de 345 mètres de circonférence. Il est composé de 500 plaques d’acier, hautes de trois mètres, sur lesquelles sont gravés les noms de 580 000 soldats morts sur le front du Nord-Pas-de-Calais pendant la Grande Guerre. Les noms y sont inscrits par ordre alphabétique, sans distinction de nationalité, de grade, de religion. 40 nationalités sont représentées !
Inauguré le 11 novembre 2014, ce monument symbolise à la fois la mémoire, la paix fragile et l’espoir d’une réconciliation entre les peuples, par-delà de la mort, dans un élan de fraternité.
L’anneau de la mémoire du Nord-Pas-de-Calais à Ablain-Saint-Nazaire
Médaillon trouvé dans les archives de la famille.
On y trouve les initiales MMCG, qui veulent dire que Jean-Alexandre a reçu la médaille militaire et la Croix de guerre.
Il bénéficie d’un sursis pour faire son service militaire. En 1913, la loi Barthou avait étendu la durée de la conscription de deux à trois ans, tout en abaissant l’âge d’incorporation de 21 à 20 ans. Jean-Marie aurait dû partir en 1913 comme son frère jumeau. Mais, à la ferme, seules sa mère, veuve, et sa sœur étaient présentes. Il obtient donc un sursis en tant que soutien de famille. Mais celui-ci est annulé en août 1914 au moment où la guerre éclate.
Il ne fait que quatre mois d’instruction à La-Roche-sur-Yon avant d’être envoyé, en novembre 1914, dans la Somme. Là, il retrouve son frère jumeau et fait la douloureuse expérience des tranchées.
Le 9 juin 1915, lors de la bataille d’Hébuterne, il est blessé tout comme son frère. Un éclat d’obus le frappe au bras droit. Transporté aux Sables-d’Olonne, il est hospitalisé jusqu’en octobre. Heureusement, sa famille, résidant à proximité, lui rend souvent visite. Il se réjouit du réconfort que sa mère et de sa sœur lui apportent.
Cependant, la joie de ces retrouvailles est entachée par un double deuil. Son frère jumeau, François décède des suites de ses blessures le 25 juin 1915. Le12 octobre de la même année, son frère aîné Jean- Alexandre est tué dans le Pas-de-Calais.
Malgré la douleur, Jean-Marie est contraint de regagner les tranchées en novembre 1915. Sa mère, éprouvée par la perte de deux fils, doit à nouveau faire face à l’angoisse du départ.
Elle avait pourtant, le 23 octobre, adressé un courrier au commandant pour que le départ de son dernier fils soit retardé. Voici le contenu de ce courrier :
"Saint-Hilaire-de-Chaléons, le 23 octobre 1915
Mon commandant, Je viens vous demander une grâce. Je suis veuve. J’avais trois fils : deux viennent d’être tués ! Il ne me reste plus que mon Jean-Marie qui a été grièvement blessé et qui vient de recevoir l’ordre de rejoindre son dépôt.
Je vous demande d’avoir pitié de moi et de retarder le plus que vous pourrez l’envoi sur le front de mon dernier enfant. Il se somme Loizeau Jean-Marie, soldat au 93e RI, 27e Cie.
Veuillez agréer, mon commandant, l’assurance de mon profond respect. Veuve Loizeau."
Hélas, elle n’obtient pas satisfaction. En novembre 1915, Jean-Marie rejoint alors les combats en Champagne à Somme-Suippe, Tahure.
En mai 1916, son régiment est transféré à Verdun où les combats font rage. La violence des affrontements n’épargne pas Jean-Marie : le 12 juin 1916, il est mortellement touché par un obus à Thiaumont, sur le territoire de la commune de Fleury. Dans sa famille, la douleur est immense : trois frères ont désormais disparu.
Jean-Marie a entretenu avec sa mère et sa sœur une correspondance très abondante, écrivant presque tous les jours. Ses frères ont d’ailleurs fait de même. Ces lettres apportent des témoignages très éloquents sur le quotidien des soldats.
Les courriers ne font nulle mention de l’atrocité des combats. Souvent, le danger est minimisé pour rassurer la famille. Même si la réalité n’est pas totalement décrite, les dangers encourus sont parfois évoqués. Le 14 mars 1916, Jean-Marie indique que les balles et les obus sifflent autour de lui, la terre tremble sous ses pieds. Il écrit caché dans une sape de dix mètres de profondeur, effrayé à l’idée que les grosses pièces allemandes lui crachent dessus et l’engloutissent.
Il évoque également le nombre important de morts :
« Nous venons de passer de dures journées. Plus ça va, plus les hommes diminuent. »(lettre du 10 octobre 1915)
La fatigue est omniprésente, la nourriture détestable. Le 3 janvier 1916, Jean-Marie écrit : « Nous sommes nourris comme des chiens ! »
Les lettres montrent une grande lassitude qui s’accroît au fur et à mesure que la guerre perdure, un cafard récurrent aggravé par le sentiment que les combats ne mènent à rien sinon à rajouter des morts. Jean-Marie, le 3 janvier 1916, à sa sœur : «Jamais j’aurais cru avoir un sort aussi malheureux. Plus ça va, plus ça va mal. Je t’assure que j’ai le cafard. Nous changeons de mois, d’année. C’est toujours pareil. Cette maudite guerre finira donc pas. Je t’assure que si ceux qui la mènent étaient aussi malheureux que nous. Et bien, elle serait bientôt finie, mais ils ne se font pas de peine. Ils couchent dans de beaux lits puis ils se tapent la cloche avec les emprunts qu’ils font.
Tu me dis que le directeur du 1er bataillon de chasseurs vous a envoyé une citation pour notre cher frère. C’est une bande de bandits. Ils font tout cela pour consoler les familles. Ils feraient mieux de nous donner la paix, ça me ferait plus plaisir que toutes leurs citations. »
Quel contraste entre ces deux images ! A gauche, la propagande, à droite la réalité des tranchées.
L’image de gauche évoque, certes, les combats : les arbres sont déchiquetés, des canons sont abandonnés. Par contre, le soldat est d’une propreté absolue : chaussures bien cirées, vêtement impeccable. On est loin de la réalité des tranchées boueuses, jonchées de cadavres, parcourues par les rats. Le soldat tient une lettre à la main montrant l’importance du courrier reçu de la famille
La colère monte chez Jean-Marie qui est au combat depuis 1914. Dans ses lettres, il parle même d’une révolution possible : « Un de mes camarades dit que si ça continue, avant quinze jours, la Révolution y sera. Vivement que ça soit venu ! » (lettre du 16 avril 1916).
Jean-Marie est un rebelle. Il indique presque toujours dans ses lettres l’endroit où il se trouve : Tahure, Somme-Suippe, Mourmelon-le-Grand, etc… alors que la hiérarchie le défend.
Il s’insurge contre ceux qui profitent de la guerre pour s’enrichir pendant que d’autres se font tuer. Pour lui, ses proches sont des parents ingrats qui n’aident pas assez sa mère et sa sœur à réaliser les travaux des champs.
Jean-Marie, 10 janvier 1916 : « Chère Maman, c’est ce matin que je prends un moment pour causer avec vous car il ne se passe pas de jours sans que j’ai l’idée au foyer paternel. Mais ici, je suis loin de cet abri si doux. Enfin, il ne faut pas se désespérer car moi, j’ai toujours la bonne pensée de retourner à ceux qui me sont si chers. »
Souvent, dans ses lettres, il parle des hommes qui viennent du même endroit que lui et que la famille connaît. Ils donnent des nouvelles, demandent de les transmettre à leurs proches.
Jean-Marie est un homme très croyant, très pratiquant. La prière le soutient.
27 février 1916 : "J’ai essayé de connaître le jour qu’arrive la fête de mon cher petit jumeau auquel malgré que Dieu a voulu nous séparer, je pense souvent à lui et pendant mes longues heures de veille, je prie afin que Dieu l’a rendu heureux dans l’autre monde. En l’honneur de sa fête, vous lui ferez dire une messe. Il faudra en faire autant pour mon aîné."
Les soldats ne se laissent pas aller aux sentiments. Il ne faut pas s’épancher face au malheur.
« Il ne faut pas se laisser aller, ça n’avance à rien », dit Jean-Marie.. Il faut continuer même si c’est difficile. Quand l’un des frères meurt, il exprime son chagrin, mais très vite, il dit qu’il ne faut pas sombrer.
« C’était sa destinée. »
Il a conscience de servir son pays.
17 septembre 1914 : « Chère maman, ayez toujours confiance. Vos enfants vous reviendront le cœur content d’avoir fait leur devoir et d’avoir contribué à la défense du pays. »
Régulièrement, revient l’aversion pour l’ennemi : « Tant qu’Alexandre ne sera pas bien remis, il ne partira pas voir ces bandits d’Allemands qui font pleurer tant de bonnes mamans. » 3 novembre 1914.
Cette affiche montre la « barbarie » allemande. Un soldat conquérant au casque à pointe piétine une femme morte. Des cadavres jonchent le sol.
Parmi eux, un prêtre, un enfant. A l’arrière-plan, un village est la proie des flammes.
C’est toujours une grande joie de recevoir des lettres qui le relient à sa famille.
Mais, souvent, il se plaint de l’irrégularité du courrier, de la censure. Au travers des lettres, il continue à donner des conseils sur la marche à suivre à la ferme
18 mai 1915 : « Si vous pouvez faire un peu de pois et de maïs, ça pourrait être utile. Tu m’as dit que les pucerons étaient sur les choux. Tâchez de les détruire si vous pouvez. »
Les liens avec la famille c’est aussi l’argent. Fréquemment, il en demande. On lui envoie 10 francs, 20 francs. Il peut ainsi compléter l’ordinaire en achetant ce dont il a besoin.
Il attend avec plaisir les colis envoyés par la famille.
On lui fait parvenir de la nourriture : du beurre, de la charcuterie (jambon, lard, pâté, jambonneau) du poulet, des œufs qui arrivent parfois tout écrasés, des « foutimassons » (des beignets), du chocolat. Cela améliore l’ordinaire, c’est aussi un moment de partage avec les autres soldats du front.
La famille envoie aussi du linge. Jean-Marie demande des flanelles, des caleçons, des chaussettes, des mouchoirs en tissu. Côté pharmacie, ce sont des envois de pastilles pour le rhume, de camphre pour les poux.
Jean-Marie envoie parfois du linge sale à sa famille. Pour le laver, les soldats n’ont pas toujours l’occasion de faire bouillir les vêtements.
Somme-Suippe, 22 janvier 1916 : « Aujourd’hui, je vais vous envoyer mon linge sale. Quand tu le recevras, tu regarderas si les poux sont tous morts. »
Ces lettres présentent un témoignage émouvant sur la vie quotidienne des soldats de la première guerre mondiale, sur les douleurs engendrées par tous ces décès. Elles mettent en lumière la vie de ces hommes qui faisaient partie de la masse des petits. En les publiant, c’est leur rendre hommage, les sortir de l’oubli.
Leur mère Marie-Françoise décède le 7 novembre 1937. Après avoir vécu au village de Nombreuil, elle s’était retirée dans le bourg de Bourgneuf-en-Retz.
Leur sœur, Marie-Alexandrine épouse Eloi BRIAND le 18 novembre 1919. Eloi était né au village de la Boule en Saint-Hilaire-de-Chaléons. Ils ont deux enfants : Marie née le 14 juillet 1921 et Adolphe né le 21 décembre 1925. Malheureusement, Eloi décède le 26 août 1935 à l’âge de 41 ans. Il avait combattu pendant la première guerre mondiale et avait eu une fracture de l’humérus et une blessure au thorax. Il laisse sa femme seule avec deux enfants : Marie a 16 ans, Adolphe en a neuf. Et il y a une ferme à gérer. Sa femme, Marie-Alexandrine est très éprouvée par les deuils successifs qu’elle a vécus : son père en 1907, ses trois frères en 1915 et 1916, son mari en 1935. Elle décède à son tour en 1947 à l’âge de 54 ans. Sa vie fut donc particulièrement chaotique comme d’ailleurs, tant de gens qui ont vécu cette effroyable guerre.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de ces biographies.