Cette biographie a été rédigée par Marie et adaptée au support
LEROUX Gabriel Paul Louis
Préfailles
1879 - 1915
Capitaine au 176ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
Un homme , une passion, une mort hors du commun...
Archives familiales
Son père Octave LEROUX natif de La Châtaigneraie en Vendée est professeur au Lycée Ampère à Lyon. Le 25 août 1874, il épouse à Lyon 3, Rose Clémentine HUGUES, née le 14 novembre 1848 à Clansayes dans la Drôme.
Le couple a deux filles qui naissent à Lyon : Léontine en 1875 et Jeanne Elise Marie en 1876.
Ils ont un troisième enfant , Gabriel Paul Louis LEROUX qui est né le 3 février 1879 dans le 3ème arrondissement de Lyon.
Gabriel s’engage volontairement pour trois ans, le 9 novembre 1899 à Paris 6 . Il est affecté dans le 46ème régiment d’infanterie. Il est alors étudiant à la faculté des Lettres de Paris.
Il a les cheveux châtains, les yeux bruns et mesure 1,69m.
Gabriel est nommé sergent le 1er mai 1901.
Il effectue une période d’exercices militaires au 46ème du 25 août au 2 septembre 1902.
Il effectue une nouvelle période d’exercices militaires du 30 août au 21 septembre 1908. Il est nommé sous-lieutenant de réserve le 17 juillet 1908.
Il effectue une dernière période d’exercices militaires comme officier du 28 août au 19 septembre 1913.
Après de solides études classiques, Gabriel a préparé le concours de l'École Normale Supérieure (ENS), où il est reçu le 29 juillet 1899.
En sortant de l’ENS, il est, pendant deux ans (1903-1905), boursier d'études à Paris. Il est ensuite admis à l'École française d'Athènes le 19 novembre 1905. Il part en Grèce avec "une instruction technique déjà très poussée qui le classe très vite au premier rang des maîtres d'avenir de l'archéologie" écrit Paul Masqueray, brillant helléniste. Il y reste jusqu’en 1909 et participe aux fouilles archéologiques de l’île de Délos.
Il va ensuite enseigner au lycée de Nancy jusqu’en 1910.
Il séjourne 2 ans en Espagne (1910-1912) comme membre de l'École des Hautes Études hispaniques. Il y étudie une collection de vases de la Grèce ancienne conservés au musée de Madrid.
Le 17 octobre 1911, à Fontainebleau, il épouse Marguerite FRATER. Le couple a deux enfants : Jacqueline née en 1913 et André né en 1914, tous deux à Bordeaux.
Rentré d’Espagne, Gabriel est nommé au Lycée de Bordeaux puis à la Faculté de Lettres. où deux enseignements lui sont successivement confiés : en premier lieu, la conférence de langue et littérature grecques ; en second lieu, le cours d'archéologie et d'histoire de l'art.
Gabriel est mobilisé comme lieutenant le 2 août 1914 au 46ème en garnison à Reims. Ce régiment est composé de 3322 hommes et 50 officiers.
Il est blessé le 30 août 1914 à Stenay dans la Meuse par deux balles de shrapnell qui lui fracassent l'épaule droite lui « brisant la clavicule qui a éclaté causant une plaie à l’omoplate. »
Paul MASQUERAY, écrit : « On l'avait ramené à l'arrière, à Bordeaux même, et je le vois encore étendu sur son lit, au milieu des siens, le visage amaigri, les traits tirés, les yeux fiévreux. Il n'était pas affaissé, encore moins découragé : il ne connaissait pas ces faiblesses. Il disait seulement, en secouant un peu la tête, que l'ennemi avait un outillage extraordinaire et que la lutte était très dure. On le soigna dans un hôpital de la ville, mais la balle, après je ne sais quelle erreur de radiographie, ne put être extraite, et il plaisantait avec ses amis sur cet importun souvenir que les Boches avaient incrusté dans sa chair et qui l'empêchait si malencontreusement d'écrire. ». Nécrologie de Gabriel Leroux par Paul Masqueray et Georges Radet, Revue des études anciennes, tome XVII, 1915, n°4, pp. 294-298
Toujours blessé, Gabriel demande à rejoindre le dépôt de son régiment à Fontainebleau où il est chargé de l’équipement, de l'entraînement des réservistes du 46ème.
Le 1er juin 1915, il est nommé capitaine. Les archives militaires précisent qu’il est passé au 176ème le même jour.
Mais nous constatons qu’il a été affecté au 176ème avant cette date. En effet, le journal de marches et opérations (JMO) de ce régiment mentionne que Gabriel, lieutenant de la 4ème compagnie du 1er bataillon, embarque le 8 mai 1915 sur le « France » au départ de Marseille et débarque le 16 mai 1915 à Sedh-Ul-Barh (côte européenne de Turquie)
Gabriel a écrit à Paul Masqueray le 27 mai 1915 : «Nous sommes dans une redoute turque*, récemment enlevée, littéralement remplie de cadavres qui empestent. Mais on s'habitue vite à ce voisinage, et l'on n'en perd nullement l'appétit. Et puis il y a l'admirable fond du paysage, la mer où les cuirassés font une énorme musique, le détroit, la côte d'Asie avec le mont Ida, et de l'autre côté, derrière Imbros, la forme pointue de Samothrace. Le début a été très dur, les Turcs ayant fait l'impossible pour nous jeter à l'eau. Les Anglais ont été splendides, nous aussi naturellement, mais nous avons perdu beaucoup de monde, et je suis un peu étonné de me retrouver encore là. J'ai été proposé pour capitaine, ce qui m'a fort dépité, car j'aimerais bien mieux une citation pour porter la Croix de guerre sur ma robe jaune.»
Le 9 juin 1915, Gabriel est tué à l’ennemi par «un petit éclat d’obus».
Gabriel est donc inhumé dans le cimetière militaire français à Seddülbahir en Turquie.
*Ouvrage détaché et fermé, semblable à un petit fort, souvent de forme carrée et qui peut être muni d’artillerie
Un compagnon d’armes a écrit à Georges Radet, spécialiste de l'Asie, doyen de la faculté de Bordeaux « On le considérait, comme un de nos meilleurs officiers. Il était aussi un des plus braves. Il avait eu l'occasion de se signaler plusieurs fois déjà dans les combats. Mais c'est surtout, pour ceux qui l’ont connu, l'esprit le plus fin, le plus vif et le plus généreux qui disparaît. Il a été tué sur le coup, d'un petit éclat d'obus au front. Il n'a pas bougé ; il n'a pas été défiguré ; il souriait un peu encore et n'avait pas lâché sa canne. Pas de mort plus douce et plus glorieuse. Nous l'avons enterré dans le petit cimetière de notre régiment, au haut d'une colline ».
A titre posthume, Gabriel, cité à l’ordre du régiment le 24 juillet 1915, est décoré de la Croix de guerre avec une étoile bronze.
Son épouse Marguerite décède en 1973 à Versailles à l’âge de 92 ans. Elle est inhumée à Préfailles. Sur sa sépulture est écrit : "GABRIEL LEROUX In memoriam 1879-1915 "
Leur fille Jacqueline est décédée en 1999 à Versailles à l’âge de 86 ans. Elle est inhumée à Préfailles avec ses parents.
Leur fils André épouse Jacqueline LECOINTE en 1945 à Paris 16ème. Ils ont 3 enfants. André est décédé à Paris le 25 décembre 1974 à l’âge de 60 ans.
Sa sœur Léontine, écrivaine, est décédée en 1966 à Versailles à l’âge de 90 ans.
Sa sœur Jeanne épouse Jean LIONNET en 1900 à Paris 6ème. Ils ont 3 enfants. Jeanne décède en 1911 à l’âge de 35 ans.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Une S.I.M. est une sorte de base arrière géante, en zone de l'intérieur, constituée dans chaque région pour approvisionner le service de santé en personnels (infirmiers, médecins, pharmaciens, etc.) lors de la mobilisation et compléter ensuite au fur et à mesure des besoins les unités du service de santé en zone des armées.
L’organisation des 25 sections d’infirmiers militaires, mise en place depuis 1862, a pour but de fournir, au service de santé militaire qui les emploie, des infirmiers aptes à être employés aux écritures, ceux capables de remplir les fonctions d’infirmiers de visite et des infirmiers d’exploitation chargés des détails intérieurs des établissements auxquels ils sont attachés (vaguemestre, magasin, entretien, perruquier, etc.).