Cette biographie a été rédigée par Hervé en s'appuyant sur le site Horizon 14-18. Elle a été adaptée au support.
HERING Charles Frédéric Paul dit « Paul »
Préfailles - Baigneur
1876 - 1915
2e Régiment Mixte de Zouaves et de Tirailleurs
Mort pour la France
Charles Frédéric Paul dit « Paul » est né le 28 juin 1876 à Nancy.
Paul est admis sur concours à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint Cyr le 24 octobre 1896.
Il est nommé sous-lieutenant à la sortie de Saint Cyr.
Il va servir en Afrique de 1898 à 1904.
Rentré en métropole, Paul est affecté successivement au 15e dragons, 2e cuirassiers, au 11e hussards, au 27e dragons et 3e hussards.
Il est ensuite de nouveau affecté dans les rangs de l’armée d’Afrique au 3e régiment de chasseurs d’Afrique.
Il est enfin nommé capitaine le 10 septembre 1912.
En Afrique, lors de la mobilisation, il embarque à Rabat le 23 août pour débarquer à Sète le 29 août.
Paul est tué à l’ennemi le 6 octobre 1915 à Souain-Perthes-lès-Hurlus dans la Marne à l'âge de 39 ans.
Paul HERING. Photographie Geneanet. Colrorisée IA par JV
Charles Frédéric Paul HERING voit le jour le 28 juin 1876 au domicile de ses parents, Paul et Léonie, dans leur appartement du 10 rue Jeanne d’Arc à Nancy. Il est le benjamin d’une famille de 3 enfants. Ses aînés sont tous deux nés à Strasbourg : Julie en 1872 et Pierre en 1874.
Charles a utilisé son 3e prénom, Paul comme prénom d’usage. C’est ce prénom que nous utilisons dans cette biographie.
Leur père, Paul, est polytechnicien. Il sert comme officier d’artillerie dans l’armée du Second Empire. Son service distingué dans les campagnes d’Afrique lui vaut d’être fait chevalier de la Légion d’honneur en 1864.
Durant la guerre de 1870, Paul HERING père est capitaine commandant la batterie d’artillerie de la garde nationale sédentaire de Strasbourg. Nommé officier de la Légion d’honneur le 9 septembre 1870 en raison de son attitude au feu durant le siège de Strasbourg, Paul HERING demande cependant à démissionner de l’armée le 22 septembre 1870 à l’issue de la capitulation de Sedan. En raison de la prolongation de la guerre par le gouvernement de la Troisième République, cette démission n’est acceptée que le 7 mars 1871 alors qu’il est chef d’escadron et commandant du fort des Rousses dans le Jura. Revenu à la vie civile, il travaille pour les chemins de fer et termine sa carrière à Tours en tant qu’inspecteur principal de l’exploitation commerciale des chemins de fer de l’Etat.
Son fils Charles dit « Paul » est admis sur concours à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint Cyr le 24 octobre 1896. Il fait partie de la 81e promotion (1896-1898) dite de « La Première des Grandes Manœuvres ». En 1897, les élèves de 1e année avaient demandé à s’appeler « La Promotion d’Aumale ». Ce nom ne fut pas agréé par l’autorité et l’on s’arrêta alors sur celui de « La Première des Grandes Manœuvres qui rappelle une innovation dans l’existence militaire des élèves avec leur marche vers Châlons… ». Cette promotion comprend 546 membres.
Pendant sa formation d’élève officier, il accède au grade de brigadier en 1897.
Nommé sous-lieutenant à la sortie de Saint Cyr, Paul choisit de servir dans les troupes d’Afrique comme l’avait fait son père avant lui. Il est muté en Algérie au 1er régiment de chasseurs d’Afrique de BLIDA, le 30 septembre 1898 et obtient ses galons de lieutenant dans ce même régiment le 1er octobre 1900.
Avec lui, il effectue le service en campagne en Algérie du 26 août 1898 au 27 septembre 1899, du 3 septembre 1900 au 19 novembre 1900, puis du 20 janvier 1901 au 13 juin 1904.
A grands frais et au prix d’efforts parfois titanesques, un dense réseau de forts a été réalisé au Sahara par l’armée française en l’espace d’un demi-siècle. Utilisés dans un contexte tour à tour offensif et défensif, les forts en milieu désertique apparaissent comme une arme remarquablement polyvalente. Ils sont capables de faciliter la projection de troupes mobiles et de protéger la souveraineté nouvellement acquise par la France sur ces territoires. C’est dans ce contexte, que Paul s’en va participer à des missions de reconnaissance dans la région saharienne du 20 novembre 1900 au 13 mai 1904.
De retour en métropole et après quelques jours de permission, Paul quitte l’Afrique pour rejoindre le sud-ouest de la France. Il est affecté à Libourne, au 15e régiment de dragons à l’été 1904.
C’est ensuite à Versailles qu’il est affecté, au 1er régiment de cuirassiers le 14 octobre 1908. Il n’occupe ce poste que pendant moins de 8 mois avant d’être nommé capitaine en second (lieutenant occupant un poste de capitaine) au 11er régiment de hussards le 29 juin 1909. Il est alors caserné à Tarascon.
Paul est à nouveau de retour dans la région parisienne le 12 octobre 1909, lorsqu’il intègre les rangs du 27e régiment de dragons qui caserne au quartier de CROY à Versailles.
C’est ensuite le 3e régiment de hussards à SENLIS qui accueille Paul le 9 décembre 1911.
1912, voit le retour de Paul dans les rangs de l’armée d’Afrique. Il intègre le 3e régiment de chasseurs d’Afrique le 24 juin à Constantine. Il est enfin nommé capitaine le 10 septembre 1912.
Constantine – Quartier du Mansourah, 3e Chasseurs d’Afrique
Paul est placé en position « hors cadre » le 8 novembre 1913 pour l’encadrement des Troupes Auxiliaires Marocaines (TAM). Parfois dénommées spahis et tirailleurs de manière non officielle, elles ont été créées en 1912.
Libourne – caserne du 15e Dragons – Quartier Lamarque. Collection privée HC
SENLIS - Grand Quartier Ordener
En 1914, l’État-Major français hésite à faire combattre des soldats marocains sur le front européen car le Maroc est sous protectorat depuis deux ans seulement et sa « pacification » est encore inachevée. Mais le général Lyautey, résident général, insiste pour envoyer des goumiers (fantassins) et des spahis (cavaliers), qui ont fait la preuve de leurs qualités guerrières comme forces auxiliaires dans les récents combats du Maroc. Deux régiments de chasseurs forment une brigade de chasseurs indigènes appelée aussi brigade marocaine (août 1914).
Paul est toujours célibataire au début de la Première Guerre mondiale. Il est mobilisé comme capitaine commandant le 3e escadron du 2e régiment de marche de spahis marocains (RMSM).
En août 1914, le général Lyautey réussit à faire accepter la création d'un régiment regroupant des escadrons de spahis marocains. Il prend le nom de Régiment de Marche de Chasseurs Indigènes (RMCIC) puis de Régiment de Marche de Spahis Marocains (RMSM) le 1er janvier 1915.
Formé de 4 escadrons, il embarque à Rabat le 23 août pour débarquer à Sète le 29 août. Le 2e RMSM combat en France à cheval, puis dans les tranchées à partir du printemps 1915. Pour son action au feu, Paul, chef d’escadron, se voit conférer la Légion d’honneur avec prise d’effet le 13 juillet 1915. Sa décoration et une croix de guerre lui sont remises le 19 juillet à l’occasion d’une prise d’armes.
Le 24 juillet, le 3e escadron prend le chemin du retour vers le Maroc à la suite d’une décision qui a été prise par le GQG du général Joffre le 15 juillet. Paul reste en France. Il a été désigné pour intégrer le 2e Régiment Mixte de Zouaves et de Tirailleurs (R.M.Z.T) par décision du 23 juillet.
Transporté en Champagne le 27 septembre 1915, le 2e RMZT est envoyé à partir du 29 septembre dans le secteur de Souain afin de participer à l’attaque prévue le 6 octobre dans le secteur de Sommepy.
Souain -Marne - Barricade sur la route de Sommepy - La Guerre 1914-15 - Collection personnel JV
Ce même 29 septembre au camp de la Noblette, des casques, des pistolets automatiques Browning, des casse-têtes et des poignards sont distribués aux « nettoyeurs de tranchées » appelés aussi l’équipe des « zigouilleurs » du régiment. Ils ont pour mission d’éliminer les soldats adverses qui sont restés cachés dans les tranchées et les abris et qui peuvent former des nids de résistance ou tirer dans le dos des vagues d’assaut après leur passage.
Par ordre du général commandant la 48e division d’infanterie, Paul prend le commandement du 2e bataillon du 4e régiment de zouaves le 2 octobre 1915. La préparation d’artillerie française débute en vue de l’attaque des positions allemandes.
Le 5 octobre, à 20h00, Paul rend compte verbalement au colonel commandant la 96e brigade que le réseau de barbelés allemand paraît intact devant ses positions sur le front ouest de la tranchée de LUBECK. Une nouvelle préparation d’artillerie est demandée. Un détachement du génie vient déposer des charges explosives au-delà des lignes françaises afin d’ouvrir des brèches dans le réseau au moment de l’assaut. Il travaille toute la nuit. Une nouvelle préparation d’artillerie est demandée.
Le 6 octobre 1915 à 4h45, le dispositif d’attaque français est en place. Les patrouilles envoyées en éclairage rendent compte que le réseau est toujours intact. Les liaisons téléphoniques entre les troupes d’assaut et le commandement sont vérifiées.
L’assaut est déclenché à 5h20. La première vague se heurte aussitôt au réseau de fil de fers barbelés resté intact.
Simultanément, Paul quitte les tranchées avec la seconde vague. Il est mortellement blessé à la tête de son bataillon en se lançant à l’assaut des lignes allemandes devant les tranchées de Lubeck et des Vandales.
Les troisième et quatrième vagues sont elles aussi bloquées. Le message de compte rendu d’échec est adressé au commandement à 5h50. Les troupes se replient. A 6h05, ordre est donné de reprendre l’assaut. Selon les observations, les Allemands ont mis en ligne une mitrailleuse tous les vingt mètres dans la tranchée de LUBECK. L’assaut est une nouvelle fois bloqué. Un nouvel ordre de reprise de l’offensive est donné à 6h30. A 7h06, une brèche est ouverte dans la tranchée des Vandales. Les Français repartent à l’attaque de la tranchée de Lubeck à 13h05. Epuisé, le régiment est relevé à 21h30.
Les pertes pour la seule journée du 6 octobre s’élèvent pour les officiers à 6 tués, 19 blessés et 2 disparus. La troupe compte 128 tués, 428 blessés et 647 disparus.
Nommé chef d’escadron à titre posthume, Paul est décoré de la croix de guerre avec palme le 27 octobre avec une citation à l’ordre de l’armée. « Chef d’escadron de cavalerie commandant un bataillon au 2e mixte de zouaves tirailleurs : A enlevé son bataillon brillamment à l'assaut d'une tranchée allemande fortement organisée avec un courage, un élan et un sang-froid qui ont fait l'admiration de tous. A été tué glorieusement au cours de cette attaque. » Paul avait 39 ans.
Rapatrié à Nantes le 14 mars 1921 en provenance du cimetière militaire de Suippes, Charles Frédéric est inhumé sous le prénom de Paul dans le caveau familial au cimetière de la Miséricorde à Nantes. CP n°20808/ (N5-3-1bis) carré n°5 allée ouest fosse n°5.
177 officiers de la promotion (1896-1898) dite de « La Première des Grandes Manœuvres », tombent au champ d’honneur pendant la Première Guerre mondiale ; le 2e RMZT devient le 13e R.M.T le 1er juillet 1918.
Bien qu'étant Nancéen, le nom de Paul figure sur l'un des monuments aux morts de Préfailles. En effet, il y en a deux. Dans le cimetière, figurent uniquement les noms des Préfaillais morts pour la France. En bord de mer, un autre monument comprend deux plaques, l'une pour les Préfaillais, l'autre pour les « baigneurs » dont faisait partie Paul HERING. On appelait « baigneurs » les propriétaires de résidences secondaires qui n'étaient pas présents toute l'année à Préfailles.
Cimetière de la Miséricorde à Nantes . Paul est inhumé avec sa nièce à coté de la tombe de ses parents.
Faut-il vraiment commenter ces images ...
Son père décède en 1907 et sa mère en 1914. Paul repose auprès d’eux dans le caveau familial.
Son frère Pierre né en 1874 est issu comme son père de l’Ecole polytechnique. Il sert comme officier d'état-major pendant la Première Guerre Mondiale. En tant que colonel, il occupe le poste de chef d’état-major de l'armée d'occupation du Rhin en 1921. Nommé directeur de l'Ecole supérieure de guerre durant l'entre-deux-guerres, il est général d’armée à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale. Nommé gouverneur militaire de Paris en 1939, il reçoit le 8 juin 1940, le commandement de l'armée de Paris destinée à défendre la capitale. Paris étant déclarée ville ouverte, il quitte la zone de Paris le 12 juin 1940, et replie les troupes qui sont sous ses ordres au sud de la Loire. Les troupes du général HERING se replient en combattant jusqu'au cessez-le-feu du 25 juin. Grand-croix de la Légion d'honneur, Le général HERING meurt à Neuilly-sur-Seine le 14 janvier 1963. Les honneurs lui sont rendus aux Invalides, en présence d'un émissaire du général de Gaulle. Sa tombe se trouve au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine.
Le général Pierre HERING, frère de Paul. Image colorisée par l’IA -JV
Sa sœur Julie se marie à Tours le 14 octobre 1895 avec Albert Yves DURAND-GASSELIN, un industriel nantais. Elle décède le 25 décembre 1933 à Nantes à l'âge de 61 ans.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Dans l'organisation militaire française de 1914, le terme "Chef d'escadron" désigne le grade d'officier supérieur équivalent à celui de "Commandant" (ou Chef de bataillon dans l'infanterie). Il porte quatre barrettes (galons) sur son uniforme.
Ce titre est spécifique aux armes dites "montées" (Cavalerie, Artillerie, Train, Gendarmerie). Il ne faut pas confondre ce grade avec la fonction de commandant d'unité élémentaire : l'escadron de cavalerie est en effet commandé par un capitaine.
Le rôle tactique du Chef d'escadron varie selon son arme :
Dans l'artillerie, il commande un "Groupe", une unité de puissance majeure composée de trois batteries (soit 12 canons de 75 mm).
Dans la cavalerie, il commande généralement un demi-régiment (soit deux escadrons).