GUÉRIN Joseph François Marie
Le Clion
1878 - 1918
234ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
Joseph est né le 10 mars 1878 au Clion.
Il se marie en 1902 et a une fille.
Il est mobilisé le 4 août 1914 au 65ème régiment d’infanterie de Nantes.
Il va prendre part à toutes les grandes batailles de la première guerre mondiale.
En 1914 : Les Ardennes, Maissin, la bataille de la Marne.
En 1915 : la Somme, l’Artois et la Champagne.
En 1916, il est encore en Champagne et à Verdun.
En 1917, il est encore engagé à Verdun, la côte du Poivre et le Chemin des Dames.
En mars 1918, il est affecté au 135ème puis au 234ème.
En juillet 1918, il combat dans le secteur de Villers-Cotterêts.
Joseph est tué à l’ennemi le 3 août 1918.
Sébastien GUÉRIN, aubergiste au Bourg du Clion épouse en seconde noces, Eulalie LOUERAT en 1877 au Clion.
Joseph est né le 10 mars 1878 au Clion.
Le couple a ensuite 3 autres enfants : Victor né en 1880, Marcelle née en 1884 et Marie née en 1889.
Sébastien, le papa, décède le 22 juin 1891 à Arthon-En-Retz. Eulalie se retrouve seule avec ses 4 jeunes enfants.
Bien qu’aîné d’une veuve, Joseph effectue son service militaire à compter du 14 novembre 1899 au 90ème régiment de ligne. Il retourne à la vie civile en 1900 après avoir obtenu son certificat de bonne conduite.
Il effectue trois périodes d’exercices au 65ème régiment d’infanterie de Nantes en 1905, en 1909 et en mars 1914.
Il épouse Françoise GUILLOTREAU le 2 juin 1902 au Clion. A cette époque, Joseph est maçon et sa mère est « débitante » (tenant un café et/ou un restaurant) au Bourg du Clion.
Le jeune couple a une fille, Marcelle qui naît le 13 septembre 1903 au Clion. Joseph est alors toujours maçon, tandis que Françoise est épicière au Clion.
Joseph est mobilisé le 4 août 1914 et a sans doute été affecté au 65ème régiment d’infanterie de Nantes.
Il est donc parti de Nantes le 5 août 1914 : « … au milieu des acclamations, sous les fleurs qu’on jette de toutes parts ». On sait aujourd'hui que la réalité est bien différente car la stupeur et le chagrin de voir partir les hommes domine.
Il prend part à la bataille des Ardennes à Maissin puis la bataille des frontières à Sedan et Bouillon.
Du 6 au 14 septembre, il est de la bataille de la Marne qui repousse l’armée ennemie.
C’est le commencement de la guerre des tranchées…
En 1915, il est dans la Somme, dans l’Artois et en Champagne.
En 1916, il est encore en Champagne, à Verdun.
En 1917, il est engagé à Verdun, la côte du Poivre et le Chemin des Dames.
Joseph passe au 135ème le 20 janvier 1918 puis au 234ème le 2 mars 1918.
A l’arrivée de Joseph, le 234ème relève le 83ème dans le sous-secteur de la Hayette, secteur Mort-Homme, côte 304 à Chattancourt dans la Marne.
Mi-Juillet, le 234ème est relevé par le 333ème. La division se rend par étapes dans la région au Sud de l'Argonne. Le régiment occupe les villages de Vieil-Dampierre, La Neuville-aux-Bois, Épense.
Le 25 Juillet le régiment est transporté dans la région Sud de la forêt de Villers-Cotterêts.
Le 29 Juillet, le régiment entre en secteur dans la région de Cugny-Vallée. Le 30 Juillet, deux compagnies du 234ème (la 13ème et la 15ème) exécutent une opération de nuit sur la côte 131. Elle réussit pleinement et presque sans pertes.
Cette action est le prélude de la grande attaque du lendemain.
Le 1er août 1918, à 4h45, le 234ème ayant deux bataillons en première ligne, part à l'attaque de Cramaille-Cramoiselle.
Au cours de ces opérations le régiment a fait environ 200 prisonniers et s'est emparé de 2 canons, 4.000 obus et d'un grand nombre de mitrailleuses. Mais on peut lire dans les archives que les pertes furent « sévères » ce jour-là : 192 tués, 457 blessés et 60 disparus.
Joseph, blessé lors de ces combats du 1er août par un éclat d’obus dans l’abdomen, décède de ses blessures à l’ambulance 5/11 service principal à Betz dans l’Oise le 3 août 1918.
Joseph est inhumé au Clion aux côtés de son épouse.
Extrait de l’édition de Soissons de L’Union du mercredi 7 août 2019.
« La Croix de Cramoiselle a été restaurée pour se souvenir des combats d’août 1918.
Elle a été érigée pour commémorer le sacrifice de soldats français et britanniques en 1918. La croix de Cramoiselle dans le département de l’Aisne a été restaurée et une cérémonie a eu lieu le dimanche 4 août 2019 entre Cramaille et Beugneux.
Le 31 juillet 1918 après la conquête de la Butte Chalmont, les 206ème, 234ème, 344ème, 128ème et 172ème régiments d’infanterie avec sur leur gauche, les Ecossais de la 38ème division d’infanterie doivent progresser en direction du nord-est vers le village de Servenay. Pour cela, il leur faut franchir les hauteurs de Beugneux et Cramaille où l’ennemi s’accroche. Le 1er août 1918, plusieurs régiments d’infanterie essaient de franchir les hauteurs de Beugneux et Cramaille au niveau de la ferme de Cramoiselle. Ils veulent reprendre le contrôle de ce relief où les Allemands disposent d’une position favorable. Les combats sont d’une extrême violence et 1945 soldats sont tués, blessés ou portés disparus. En 1922, la commune de Cramaille choisit d’ériger une croix pour leur rendre hommage et pour que leur sacrifice ne soit pas oublié. Le calvaire est inauguré le 22 août 1922, en présence de l’abbé Caboulet et des donateurs. Le 29 juillet 1923, les élus locaux confient à M. Caudoux, sculpteur du monument aux morts de Cramaille, la création d’un ossuaire sur le site du calvaire dont l’inauguration se fait le 6 octobre 1924. Longtemps oublié et dégradé, ce monument désormais restauré sera désormais chaque année le 1er août, le rendez-vous pour un temps du souvenir. Une décision qui satisfait l’historienne Maryse Servoise, les associations patriotiques et toutes celles et ceux qui ne veulent pas que les soldats de la grande Guerre soient oubliés. »
Son père, Sébastien, décède en 1891 à Arthon.
Françoise, l’épouse de Joseph, décède en 1958.
Marcelle, la fille de Joseph, est adoptée par la Nation en vertu d’un jugement du tribunal de Paimboeuf du 14 février 1919. Elle épouse René BICHON. Elle décède en 1985 à Chauvé où elle est inhumée avec son époux et ses beaux-parents. Leur fille Renée est née le 15 mars 1928 à Chauvé. Elle décède le 29 septembre 2017 à Arthon.
Victor, le frère de Joseph, est mobilisé le 21 août 1914. Bourrelier, il revient de la guerre et se marie à Bourgneuf en 1919 avec Joséphine ROBARD.
Marie, la sœur de Joseph, décède en 1979 à Pornic à l’âge de 89 ans.
Marcelle décède en 1895 à l’âge de 11 ans.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
L'enjeu : La "Butte de Chalmont". Cramaille et Cramoiselle (dans l'Aisne) sont situés au pied d'un point stratégique majeur : la Butte de Chalmont. C'est une hauteur qui domine toute la région. Pour les Allemands, c'est un poste d'observation idéal pour diriger leurs tirs d'artillerie sur les Français qui avancent. Pour le 234e RI, la mission est claire : il faut prendre ces villages pour nettoyer le pied de la butte et forcer l'ennemi à fuir vers la rivière Vesle.
L'assaut de l'aube (4h45) : L'heure n'est pas choisie au hasard. À 4h45, c'est l'aube naissante en août. La visibilité est encore faible, ce qui doit permettre aux hommes du 234e RI de s'approcher des lignes ennemies avant d'être repérés. Cependant, la tâche est rude : il ne s'agit pas seulement de traverser un no man's land, mais de monter à l'assaut sur des pentes, face à des nids de mitrailleuses allemandes laissés en arrière-garde ("Maschinengewehr") dont la mission est de se sacrifier pour ralentir les Français.
La "Guerre de Mouvement" : Contrairement à l'enfer de Neuville-Saint-Vaast (1915) où l'on piétinait pour quelques mètres, ici, on avance. Les soldats du 234e RI ne dorment plus dans des tranchées fixes. Ils marchent, combattent, dorment dans des trous d'obus, et repartent le lendemain. C'est une guerre épuisante physiquement, marquée par la chaleur de l'été 1918, la poussière et le manque d'eau, mais le moral est meilleur car ils sentent que l'ennemi plie bagage.
Sources : JMO du 234e ; Historique du 234e RI