Cette biographie a été rédigée par Hervé et adaptée à ce support
FRANCOIS Philippe Jean
Préfailles - baigneur
1889 - 1915
9ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
Philippe est né le 13 décembre 1889 à Redon.
Il venait en vacances à Préfailles où ses parents avaient une résidence secondaire.
Il s'engage à 18 ans au 7ᵉ régiment de hussards de Niort puis se réengage en 1912 au 24ᵉ régiment de dragons basé à Dinan.
Il s'engage le 24 juillet 1914 au 31ᵉ régiment de dragons basé à Lunéville et en décembre 1914, Philippe combat en première ligne dans la forêt de Parroy en Lorraine.
Il est ensuite engagé au sein du 9ᵉ régiment d’infanterie d'Agen et prend part à la « deuxième bataille d’Artois »
Philippe est tué à la tête de son unité le 11 mai 1915.
Il est inhumé dans la Nécropole Nationale de Notre-Dame-de-Lorette, sur la commune d’Ablain-Saint-Nazaire.
Son père, FRANÇOIS Philippe, notaire à Redon, propriétaire d’une résidence à Préfailles, épouse Émilie LONFIER le 21 novembre 1888 à Rennes.
Leur fils, François, né le 13 décembre 1889 à Redon (Ille-et-Vilaine), semble avoir été leur enfant unique.
À peine âgé de 18 ans, il s’engage volontairement pour quatre ans au 7ᵉ régiment de hussards de Niort, le 18 décembre 1907. Ancien élève du collège Saint-Sauveur de Redon, il bénéficie d’un bon niveau d’instruction qui lui permet de gravir rapidement les échelons. Il est promu brigadier dès le 15 décembre 1908, puis maréchal des logis le 1er novembre 1910.
À l’issue de son engagement, le 18 décembre 1911, il se voit décerner naturellement le certificat de bonne conduite, témoignage de son sérieux et de son implication.
Redevenu civil, Philippe s’embarque pour Tunis afin d’y suivre les cours de l’école d’agriculture qui débutent en janvier 1912. L’École coloniale d’agriculture de Tunis (ECAT) a été créée en 1898 par Jean-Thadée Dybowski. Il est nommé directeur de l’agriculture de la Régence de Tunis en janvier 1896, à un moment où l’agriculture en Afrique du Nord semble difficile. L’ECAT est le plus grand centre d’enseignement et de recherches agronomiques des régions tropicales et subtropicales de langue française à cette époque.
Mais l’appel des armes demeure le plus fort. Philippe rentre en métropole et se réengage le 4 septembre 1912 pour une durée d’un an au 24ᵉ régiment de dragons, basé à Dinan, avec le grade de maréchal des logis rengagé. Il est autorisé à porter deux chevrons argentés au bas de chaque manche de sa tunique, distinction marquant ses années de service.
Le 4 septembre 1913, à l’issue de son contrat, Philippe retourne à la vie civile pour une période de six mois. Le 22 juillet 1914, il signe un nouvel engagement de deux ans au sein du 31ᵉ régiment de dragons, basé à Lunéville. Le jeune sous-officier ne dispose alors que de neuf jours pour prendre ses marques avant d’être plongé au cœur de l’action.
Dès le 31 juillet, le régiment est placé en alerte. À la déclaration de guerre, le 3 août, il est déployé en avant-poste le long de la frontière. Parallèlement, des missions de reconnaissance et de couverture lui sont confiées : il s’agit de détecter les intentions de l’ennemi et de surveiller ses mouvements, pendant que l’armée française se mobilise à l’arrière et que les régiments se préparent à rejoindre les zones de combat qui leur ont été assignées.
À partir de la fin décembre 1914, avec le développement de la guerre de position, les prélèvements parmi les cadres de la cavalerie en direction de l'infanterie et de l'aviation se généralisent. Chaque demi-régiment de cavalerie est, à tour de rôle, mis à la disposition des unités d’infanterie engagées en première ligne. Une partie des cavaliers reste à l’arrière, à quelques kilomètres du front, avec les chevaux, utilisés pour transporter les hommes jusqu’aux lignes.
Le 31ᵉ régiment de dragons n’échappe pas à cette règle. Il est déployé dans les premières lignes, dans la forêt de Parroy, en Lorraine.
Décidé à combattre en première ligne, le maréchal des logis François quitte officiellement le 31ᵉ dragons le 20 février 1915. Le même jour, il est affecté à l’armée d’active, au sein du 9ᵉ régiment d’infanterie (RI), basé à Agen. Il est nommé sous-lieutenant à titre temporaire pour la durée de la guerre, le 26 février 1915, et rejoint le front avec un détachement de renforts le 17 mars 1915.
Depuis le 20 décembre 1914, le 9ᵉ RI a été engagé dans l’offensive de Champagne, lancée par le commandement français dans l’objectif de percer le front allemand. Les combats se prolongent jusqu’au début du mois de mars 1915.
Si cette offensive n’a pas permis la percée espérée, elle a néanmoins abouti à des gains de terrain significatifs et à d’importantes prises. Éprouvé par ces combats acharnés, le 9ᵉ RI est redéployé par voie terrestre derrière le front des Éparges, sans y être engagé.
Il est ensuite dirigé vers la région de Montdidier, qu’il quitte rapidement pour rejoindre le secteur de l’Artois.
Au printemps 1915, le généralissime Joffre ordonne en effet une nouvelle offensive d’envergure, destinée à briser les lignes ennemies. Le 9ᵉ RI est alors engagé dans ce qui deviendra la « deuxième bataille d’Artois ». Il prend part aux attaques sur Roclincourt, Thélus, Ichicourt, Ronville et Beaurains — lieux cités dans de nombreux communiqués officiels de l’époque.
La conquête de la crête de Notre-Dame-de-Lorette constitue l’un des objectifs majeurs de cette offensive, en vue de permettre enfin la « percée » tant recherchée.
Le 9 mai 1915, à 6 heures, débute un intense bombardement destiné à démolir les positions ennemies. Dans ce cadre, le 9ᵉ régiment d’infanterie reçoit pour mission d’attaquer la butte de Thélus. Dans cette région, d’une importance stratégique majeure, l’ennemi a établi des défenses puissamment retranchées.
À peine sortis de leurs tranchées, les poilus sont immédiatement pris sous des tirs nourris d’artillerie lourde, d’artillerie de campagne, de pièces de tranchée et de mitrailleuses. Malgré ces feux croisés, ils déploient des efforts surhumains pour entamer la solide organisation défensive allemande. Le combat est d’une extrême violence, et le régiment subit de lourdes pertes.
C’est au cours de cet affrontement acharné que le sous-lieutenant Philippe FRANCOIS est tué à la tête de son unité. Il est déclaré « Mort pour la France » le 11 mai 1915. Son corps est d’abord inhumé à Roclincourt, avant d’être transféré dans la Nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette, sur la commune d’Ablain-Saint-Nazaire. Il repose désormais au carré 52 bis, rang 1, tombe n° 10456-L5.
Malgré l’échec de la percée, de nouvelles offensives sont tentées en juin 1915 dans le secteur de Bailleul. Le 9ᵉ RI bénéficie ensuite d’un repos tout relatif dans la région d’Achicourt et de Ronville. Face à la résistance allemande particulièrement tenace, le général Foch décide de suspendre l’offensive le 24 juin.
Pour la seule période du 9 mai au 16 juin 1915, les pertes françaises s’élèvent à 2 260 officiers — dont 609 tués — et plus de 100 240 soldats, parmi lesquels 16 194 tués, 63 619 blessés, le reste porté disparu.
Du côté français, plus de deux millions d’obus ont été tirés. Les pertes allemandes, quant à elles, dépassent les 80 000 hommes.
Par citation à l’ordre de l’armée en date du 22 juin 1915, le sous-lieutenant FRANCOIS se voit décerner la croix de guerre avec Palme :
« Sous-lieutenant FRANCOIS Philippe, a été mortellement frappé en entraînant brillamment sa section à l’assaut des tranchées allemandes le 11 mai 1915 »
https://archives-en-ligne.ille-et-vilaine.fr/thot_internet/FrmLotDocFrame.asp?idlot=THOPDESC_222461&idfic=264059&ref=0264059&appliCindoc=THOPDESC&resX=1536&resY=864&init=1&visionneuseHTML5=0
Emilie, sa mère, décède en 1956 à Rennes à l’âge de 92 ans.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Préfailles est certainement une des rares commune de France qui ait, à l’heure actuelle, deux monuments aux morts sur son territoire.
A la fin de la première guerre mondiale, Préfailles était une « jeune » commune, qui venait de prendre son indépendance de la commune de La Plaine en 1908. Elle partait avec 30% des habitants de ce territoire, mais elle avait tout à créer, à commencer par une nouvelle mairie, une école, un cimetière,...
A la sortie de la guerre, la commune n’avait pas encore de cimetière (le terrain ne sera acquis qu’en 1921 pour sa réalisation). Le conseil municipal composé de «baigneurs» (dont Hippolyte Durand-Gasselin, Léon Hamelle, Louis Tabarly) et d’habitants de Préfailles (dont l’entrepreneur en bâtiment Guilbaudeau), n’a certainement pas vu d’un mauvais œil que des «baigneurs» s’impliquent et financent un monument aux morts.
C’est donc Henri Durand-Gasselin qui organise une collecte, avec le soutien du Souvenir Français, et qui érige le premier monument sur l’emplacement de l’ancien Fort de la Hutte.
La particularité de ce monument aux morts est d’avoir deux plaques, dos à dos : l'une aux "Préfaillais", l'autre aux noms des "baigneurs" (c’est-à-dire des vacanciers, propriétaires de résidences secondaires)
Quelques années plus tard, la commune a construit un monument aux morts de la guerre 14-18 pour les seuls Préfaillais, dans le nouveau cimetière de la commune. Extraits du "Livre de la fête Durand-Gasselin 2015"