Eugène Marie
1887 - 1914
70ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
Joseph François
1897 - 1917
247ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
Eugène BRONDY père, cultivateur originaire de Rouans, épouse Victorine LECLESVE à Vue en 1882.
Le couple a sept enfants : Françoise (1884), Noël (1885), Eugène (1887), Marie (1891), Hermine (1892), Joseph (1897) et Eugénie (1899).
Françoise et Noël naissent à Rouans, tandis qu’Eugène, Marie, Hermine, Joseph et Eugénie voient le jour à Vue.
Eugène est né le 22 août 1887 à Vue.
Il se marie en 1911 à Asnières.
Alors qu’il est au service militaire, la guerre éclate.
Il est affecté au 70e régiment d’infanterie.
Il participe à la bataille de la Marne.
Eugène disparaît le 25 octobre 1914 à Givenchy.
Joseph est né le 16 juin 1897 à Vue
Il est mobilisé le 7 janvier 1916 à l’âge de 18 ans.
Il est affecté au 47e puis au 247e régiment d’infanterie.
Il participe aux combats de Verdun en 1916.
Joseph est tué à l’ennemi à Bezonvaux le 24 août 1917. Il avait 20 ans.
Eugène naît ainsi le 22 août 1887, au lieu-dit La Ville à Vue. Au cours de sa vie, il exerce divers métiers : sabotier, scieur et employé aux chemins de fer.
Le 21 septembre 1911, à Asnières (92), il épouse Léonie TUL, cuisinière originaire d’Aignay-le-Duc (Côte-d’Or).
Eugène effectue son service militaire au 2e régiment d’infanterie à partir du 6 octobre 1908. Il est rendu à la vie civile le 25 septembre 1910, muni de son certificat de bonne conduite. Il a les cheveux châtains, les yeux roux et mesure 1,64m.
Après ses deux années de service, il est affecté à la 4e section des chemins de fer de campagne, subdivisions complémentaires, et travaille comme homme d’équipe aux chemins de fer de l’État à Paris du 5 juillet 1911 au 17 septembre 1914.
Déjà mobilisé lors de la déclaration de guerre, Eugène est versé au 70e régiment d’infanterie. Il quitte Vitré le 4 août 1914, avec un régiment fort de 21 officiers et 3 349 hommes. Le 4 au soir, ils embarquent pour débarquer le 6 août à Vouziers.
Le 7 août, le régiment se met en marche vers le nord-ouest et franchit la frontière belge pour s’opposer à l’invasion allemande.
« Tout le monde a confiance, et la population belge accueille le 70e avec enthousiasme. » Historique du 70e RI.
Le 21 août, après une première prise de contact avec l’ennemi, la bataille s’engage de Namur à Mons. Le 70e a pour mission de défendre les ponts d’Auvelais et de Tamines, au nord de Fosse.
La nuit est terrible : le régiment affronte une division de la garde prussienne appuyée par une artillerie puissante. Une des compagnies du 70e est contrainte de charger à la baïonnette.
Au matin, à la lueur des incendies ravageant les villages de Tamines, Auvelais et Arsimont, le régiment se replie sur Fosse pour se réorganiser.
Le 22 août, à 17 heures, les attaques allemandes redoublent d’intensité. 700 hommes du 70e sont tués ce jour-là. Comme les autres régiments, le 70e doit battre en retraite. Pendant deux semaines, les hommes effectuent des marches harassantes de jour comme de nuit, sous une chaleur accablante et sans ravitaillement. Derrière eux, des populations terrorisées fuient devant l’avancée ennemie.
Le 29 août, Eugène participe à la bataille de Guise et de l’Oise, devant les villages de Sains et Richaumont. Mais bientôt, l’ordre de retraite est donné : il faut continuer à reculer.
Le 2 septembre, le 70e franchit l’Aisne, puis la Marne le 4 septembre.
Le 6 septembre, un ordre crucial est lu aux troupes :
« Au moment où s’engage une bataille dont dépend le sort du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n’est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et à refouler l’ennemi. Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée. » Général Joffre.
Le 7 septembre, au nord de Sézanne, Eugène participe à de violents combats. Du 8 au 12 septembre, la marche en avant reprend. À leur arrivée à Reims, les hommes du 70e assistent à la déroute de la garde prussienne dans les marais de Saint-Gond.
Du 23 au 27 septembre, Eugène bénéficie d’un repos bien mérité après 38 jours de combats acharnés.
Le 28 septembre, le 70e embarque à destination d’Arras pour participer à sa défense. La bataille s’engage le 30 septembre. Une partie du régiment est transportée en camions automobiles pour protéger le débarquement des troupes.
S’ensuivent de rudes combats dans les environs de Neuville-Vitasse, Mercatel, Agny, Monchy-le-Preux, Feuchy, Beaurains, Tilloy et au cimetière Saint-Sauveur. Les Allemands, pourtant supérieurs en nombre, échouent à pénétrer dans Arras.
Le régiment est dispersé : certains hommes se battent aux côtés des Anglais à Vermelles et Givenchy, d’autres rejoignent des régiments voisins au nord de Notre-Dame-de-Lorette. La vie dans les tranchées commence, avec son lot de souffrances, aggravées par les intempéries.
Le journal de marche du 70e note : « 25 octobre. Vers 14h, bombardement violent par la grosse artillerie ennemie des tranchées occupées par le bataillon, bombardement suivi d’une attaque d’infanterie vers 16h. »
C’est lors de ce combat à l’Est de Béthune, à Givenchy, qu’Eugène disparaît le 25 octobre 1914. Son décès est fixé à cette date par un Jugement déclaratif rendu par le tribunal de Niort le 23 mars 1921. Il venait d’avoir 27 ans.
Eugène est inhumé à dans la nécropole nationale d’Ablain-Saint-Nazaire (62) Carré 88, Rang 6, Tombe 17711.
Joseph est né le 16 juin 1897 au lieudit "La Ville" à Vue, comme Eugène. Il a dix ans de moins que son frère.
Il est mobilisé le 7 janvier 1916 à l’âge de 18 ans. Il est affecté au 47e régiment d’infanterie et au 247e qui est la réserve du 47e. Il a les cheveux châtains, les yeux gris et mesure 1,61m
Joseph arrive dans un régiment qui combat depuis un an et demi déjà.
De novembre 1915 à juin 1916, Joseph reste dans le même secteur de Prosne et Auberive. Pendant ces huit longs mois, du 28 octobre 1915 au 13 juin 1916, aucun incident notable ne vient troubler la quiétude relative du secteur de la ferme de Moscou située sur la commune de Berry-au-Bac.
Mais bientôt, le nom de Verdun circule dans toutes les conversations. Le 13 juin 1916, le régiment quitte le secteur de Moscou.
Du 14 au 23 juin, le régiment doit se préparer à rejoindre Verdun. Le 23 juin, il embarque à bord de camions automobiles et arrive à destination le lendemain.
À cette date, la situation à Verdun est dramatique. Sur les hauteurs de Thiaumont, autour des forts de Vaux et de Souville, l’intensité des bombardements dépasse tout ce que l’on avait connu jusque-là. C’est dans cet ouragan de feu et d’acier que Joseph va devoir se battre.
Le 26 juin, tout le régiment est en position à Verdun. Un bataillon monte à Thiaumont, tandis qu’un autre se tient en réserve dans les trous d’obus du terrain des Graviers. D’autres soldats restent quant à eux en retrait à la citadelle de Verdun. Le poste de commandement est installé dans le sinistre Ravin de la Mort, abrité seulement par une toile de tente tendue sur un cratère d’obus.
Le 29 juin, à l’aube, un bataillon se prépare à attaquer Thiaumont, mais l’assaut échoue. Le 30, l’attaque est relancée ; le bataillon forme la deuxième vague. Cette fois, l’opération réussit partiellement et permet de s’établir à une centaine de mètres de l’objectif. Une nouvelle offensive est lancée le 3 juillet, mais les gains ne se mesurent qu’en quelques mètres. Les Allemands contre-attaquent aussitôt, sans succès.
Du 2 au 5 juillet, le régiment endure un bombardement incessant. Les hommes organisent courageusement les trous d’obus conquis et assurent la liaison avec les compagnies voisines. Le 7 juillet, le régiment reçoit l’ordre d’attaquer, mais le barrage d’artillerie allemande anéantit toutes les préparations. Le soir même, le régiment est retiré du front et gagne un repos bien mérité à Nixéville.
Après une journée de répit, il est transporté en camions dans la zone de Magneux-Flernais et Sommancourt. Du 10 au 17 juillet 1916, le régiment profite de cette semaine pour se reconstituer. Le 18, il embarque en direction du front de Champagne, cantonnant le soir à Bouy-sur-Vesle.
Le 22 juillet, Joseph s’installe dans le secteur de Mesnil-lès-Hurlus. Dans cette zone relativement calme, le régiment poursuit sa réorganisation grâce aux renforts reçus.
Le 10 septembre, le régiment est relevé et prend position dans le sous-secteur Hamon. Le 18 septembre, une attaque allemande est repoussée à coups de mitrailleuses ; l’ennemi échoue à percer la ligne tenue par le régiment.
Les semaines suivantes se passent sans événements notables, et, en octobre et novembre, les hommes en profitent pour améliorer les positions.
Décembre 1916 est marqué par quelques combats de patrouilles, qui s’intensifient en janvier 1917. Le 5 janvier, une attaque permet de s’emparer d’une tranchée allemande.
Février 1917 s’écoule sans changement.
Dans la nuit du 16 au 17 mars, le régiment embarque et rejoint les environs de Verdun.
Le 25 mars, il prend position au nord du fort de Douaumont, dans le secteur du Bois des Caurières, où il subit de fréquents bombardements jusqu’au 13 avril. Le 14, une tentative allemande échoue. Le lendemain, relevé du secteur, le régiment cantonne près de Nixéville.
Le 22 avril, il occupe le sous-secteur Marceau, régulièrement bombardé et visé par des tirs de torpilles, parfois chargées de gaz. Le 3 mai, il est relevé, puis remonte en ligne le 13 mai et de nouveau le 6 juin.
Le 23 juin, le régiment s’installe dans le secteur de Bezonvaux, plus calme mais néanmoins exposé à des bombardements violents. Le 11 juillet, un coup de main allemand dans le quartier des Ravines est repoussé.
Le 14 août 1917, l’artillerie ennemie montre une activité inhabituelle ; une attaque est imminente. Le lendemain à 19 heures, l’assaut se déclenche et perce la première ligne. Des renforts parviennent à enrayer la progression ennemie, au prix de lourdes pertes : 16 officiers et 700 hommes tués, blessés ou disparus. Le 17 août, une contre-attaque française rejette l’ennemi dans ses anciennes tranchées.
C’est sans doute lors de ces affrontements que Joseph est tué à l’ennemi. Son décès n’est constaté que le 24 août 1917 et c’est cette date qui sera retenue pour fixer le jour du décès de Joseph à Bezonvaux dans la Meuse. Il avait 20 ans. Le décès est déclaré par le 247e RI.
Plus tard, ayant subi de très lourdes pertes, le régiment est dissous. La majeure partie de ses hommes sera intégrée au 129e R.I.
Joseph est inhumé à Bras-sur-Meuse, dans la nécropole nationale, Tombe 3738.
Leur père, veuf, se remarie en 1925 à Vue avec Victorine RIVAUD. Il décède en 1950 à Vue à l’âge de 91 ans.
Leur mère, cultivatrice, décède en 1926 à Vue à l’âge de 67 ans.
Leur sœur, Françoise, épouse Valentin GOURAUD en 1925 à Nantes.
Noël est successivement menuisier, maçon. Il épouse Marie COUTIN en 1914 à Bobigny. Il a quatre enfants. Noël décède en 1959 à Drancy à l'âge de 73 ans.
Hermine est décédée en 1969 à Neuilly-Sur-Marne en 1969 à l'âge de 76 ans.
Eugénie décède en bas âge en 1899.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de ces biographies.
La bataille de Verdun, qui s’est déroulée du 21 février au 19 décembre 1916, est l’un des affrontements les plus meurtriers de la Première Guerre mondiale. Pendant près de dix mois, Français et Allemands se sont affrontés dans des conditions d’extrême violence, marquées par des bombardements incessants et des combats acharnés pour chaque parcelle de terrain.
Le bilan humain est effroyable : on estime qu’environ 300 000 soldats des deux camps ont trouvé la mort au cours de cette bataille, soit une moyenne de plus de 1 000 morts par jour. À ces pertes s’ajoutent environ 400 000 blessés, souvent mutilés à vie ou atteints de graves traumatismes physiques et psychologiques. En tout, le nombre total de victimes (morts, blessés et disparus) approche le million d’hommes.
Du côté français, environ 162 000 morts et 216 000 blessés sont recensés. L’armée allemande déplore quant à elle près de 143 000 morts et environ 200 000 blessés. Cette hécatombe illustre l’extrême brutalité de la guerre de position et l’« usure » voulue par les états-majors.
La bataille de Verdun a profondément marqué la mémoire collective par l’ampleur de ses pertes humaines et la souffrance des combattants, devenant un symbole du sacrifice et de l’absurdité de la guerre.
En 1917, Verdun n’est plus le théâtre d’une bataille aussi massive que celle de 1916, mais le secteur reste marqué par des combats sporadiques et des opérations de reprise de terrain. Ces affrontements, bien que moins intenses que l’année précédente, continuent de provoquer des pertes humaines importantes. On estime que plusieurs milliers de soldats, français comme allemands, y trouvent encore la mort ou sont blessés au cours de cette période. Le secteur reste un lieu d’attrition où les hommes subissent les effets des bombardements, des raids et des conditions de vie éprouvantes dans les tranchées. Ainsi, Verdun, en 1917, reste un symbole de sacrifice, même si le bilan humain de cette année est bien inférieur à celui de la bataille majeure de 1916.