Cette biographie a été rédigée par Hervé et adaptée au support
BICHON Eugène Ernest Gustave Emmanuel
Préfailles
1882 - 1916
65ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
Eugène est né le 11 décembre 1884 à La Plaine-sur-Mer.
Il veut être marin et rejoint le 4e dépôt des équipages de Rochefort en 1903.
Il va commencer une formation de chauffeur.
Il embarque ensuite sur le DUPLEIX.
En 1906, il est affecté à la première flottille de sous-marins de Cherbourg.
Il est mobilisé au 65e régiment d'infanterie lors de la déclaration de la Première Guerre mondiale.
Ramené malade à Préfailles, il y décède le 4 avril 1915.
Il est inhumé à Préfailles mais sa tombe a été reprise par la commune.
Son père, Auguste BICHON, menuisier, épouse Eugénie VERGNIAUD, débitante (commerçante), le 8 mai 1882 à La Plaine. Le couple a deux enfants : Auguste, né en 1882, et Eugène, né en 1884, tous deux à La Plaine.
À 19 ans, Eugène Bichon ne veut pas être menuisier comme son père ou son frère aîné. Ce natif de La Plaine, né le 11 décembre 1884, veut être marin. Il rallie le 4ᵉ dépôt des équipages de Rochefort pour s’engager au titre des équipages de la flotte le 19 juin 1903 comme « apprenti marin » sous le matricule 12684 3.
C’est ici qu’une formation d’apprenti chauffeur va être donnée à Eugène jusqu’au 4 juillet 1903. À cette époque, la Marine Nationale est définitivement passée de la propulsion à voile à celle de la vapeur. Les chaudières à charbon nécessitent un personnel important qui travaille dans des conditions particulièrement éprouvantes pour les organismes. La poussière de charbon et la chaleur sont partout présentes dans les compartiments « chaufferie ».
Les spécialités de mécaniciens sont scindées en deux métiers distincts : la propulsion et la chaufferie. Les mécaniciens de la propulsion s’occupent de la transmission de puissance depuis les machines alternatives à vapeur (voire les premières turbines) jusqu’à la rotation de la ligne d’arbre porte hélice. De leur côté, les chauffeurs sont responsables de l’alimentation des chaudières en charbon et en eau. Leur travail consiste à charger le foyer de chaque chaudière avec une pelle, en lançant le charbon par la porte du foyer, ce qui nécessite de bien viser malgré les mouvements de la plateforme du navire, et de doser la quantité déversée pour obtenir une combustion optimale. L’objectif est d’ajuster la quantité de charbon en fonction de la vitesse demandée au navire par l’officier chef du quart à la passerelle.
Il n’existe pas d’école spécialisée pour les chauffeurs. Ils sont formés « sur le tas » et doivent, pour monter en grade, avoir embarqué sur des torpilleurs ou de gros bâtiments comme chauffeurs « auxiliaires ».
Le matelot BICHON va donc parfaire sa formation pratique à bord des bâtiments de servitude du port de Rochefort jusqu’au 31 août 1903. Suffisamment amariné et entraîné, il est dirigé sur le croiseur cuirassé DUPLEIX, à bord duquel il embarque le 9 septembre 1903.
Ce navire est tête de série d’une classe de croiseurs cuirassés construits pour la Marine française au début du XXᵉ siècle. Mis sur cale à l’arsenal de Rochefort en 1897, il est admis au service actif en 1903. C’est donc un bâtiment flambant neuf qui accueille le jeune chauffeur parmi les 580 hommes de l’équipage.
Eugène ne va pas manquer de travail à bord, car pas moins de 24 chaudières sont installées dans les fonds du navire. Elles fournissent la puissance de 17 500 chevaux nécessaires pour propulser le Dupleix à la vitesse de 21 nœuds. 1 100 tonnes de charbon sont stockées dans les soutes, prêtes à être englouties à la force des pelletées des chauffeurs.
À son bord, le jeune matelot va participer aux essais de réception du navire qui vont durer deux ans. Il débarque le 20 septembre 1905, au moment où le DUPLEIX est mis en réserve à l’issue de son admission au service actif.
Eugène est nommé matelot de 2e classe le 1er janvier 1906, avant d’être dirigé vers Cherbourg pour être affecté à la 1ère flottille des torpilleurs de la Manche le 28 février suivant, pour une durée de deux mois.
À l’époque, avant « l’Entente cordiale », les théories révolutionnaires développées par « la Jeune École » de l’état-major de la marine ont conduit à délaisser la construction en série de cuirassés pour s’orienter vers une marine basée sur les torpilleurs. L’objectif est de contrer l’énorme potentiel d’unités lourdes de la Royal Navy. Plus d’une centaine de torpilleurs sont donc construits par la France en vue d’assurer efficacement, et à moindre coût, la défense côtière des ports français face à un adversaire disposant d’une puissante flotte cuirassée.
Volontaire pour les sous-marins, le matelot Bichon est muté le 1ᵉʳ juin 1906 à la première flottille de sous-marins de Cherbourg. Si la propulsion en plongée s’effectue au moyen de moteurs électriques alimentés par des batteries, les sous-marins français du début du siècle utilisent encore la propulsion à vapeur lorsqu’ils naviguent en surface. En 1906, le besoin en mécaniciens chauffeurs est donc avéré. Le moteur diesel ne fera son apparition à bord des sous-marins de la Marine nationale qu’à la veille du premier conflit mondial.
Sa carrière de sous-marinier s’achève le 19 juin 1908. À la fin de son engagement, Eugène est nommé matelot de 1ère classe breveté chauffeur. Son certificat de bonne conduite accordé, il porte fièrement un galon rouge bien mérité au bas de chaque manche de sa vareuse et se retire à Préfailles. Il est alors classé dans la réserve au 3ᵉ dépôt des équipages de Lorient.
Ayant enfin opté pour le métier de menuisier, il se marie à Préfailles le 20 novembre 1911 avec Mademoiselle Delphine CHAUVET.
On ne sait pas s’il s’agit d’une inaptitude au service de la mer ou du résultat de la loi des trois ans qui doit gonfler les effectifs de l’armée de terre, mais Eugène est versé dans la réserve de l’armée de terre le 19 juin 1913.
Il est mobilisé au 65e quand la Première Guerre mondiale éclate. Engagé sur le front dès le début des combats avec ce régiment, Eugène tombe gravement malade à la suite des fatigues endurées dans les tranchées et sur les champs de bataille. L’état de santé du soldat Bichon se dégrade très rapidement. Il est d’abord évacué vers l’hôpital de Verdelais, en Gironde, puis réformé n°2 par la commission spéciale de réforme de Bordeaux le 11 mars 1915, pour cause de « tuberculose pulmonaire ouverte ». Son épouse décide de le ramener à ses frais à Préfailles pour qu’il puisse vivre ses derniers instants entouré de sa femme et de sa famille.
C’est à son domicile, au Bourg de Préfailles, qu’Eugène s’éteint très peu de temps après son retour, le 4 avril 1915.
Comme le raconte le journal local « L’Echo de Paimboeuf » daté du 11 avril 1915, « Une affluence considérable faisait, à l’église et au cimetière, cortège à la dépouille de ce vaillant défenseur de la patrie portée et escortée par les soldats et marins actuellement en convalescence à l’ambulance de Préfailles…/… Une couronne portant l’inscription « hommage de la commune de Préfailles à ses enfants morts pour la patrie » est déposée sur sa tombe.
Restée veuve et sans enfants, son épouse Delphine décède à Préfailles le 27 mai 1956 à l’âge de 68 ans.
Sa mère, Eugénie, décède en 1910 à Préfailles à l’âge de 54 ans.
Son frère Auguste épouse Marie GUIOCHET en 1911 à Préfailles. Charles est mobilisé au 28ᵉ régiment d’artillerie. Il revient des combats avec la Croix de guerre et une citation à l’ordre de la brigade : « Excellent observateur. A, par son zèle constant et sa connaissance parfaite du secteur, rendu les plus grands services pendant toute la préparation des attaques malgré le bombardement systématique de son poste. » Le couple a une fille née à Préfailles en 1913. Elle décède en 1999 à Cugand (85), à l’âge de 86 ans.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
Il existe, dans chaque région maritime, une caserne appelée dépôt des équipages, qui accueille les marins débarqués de leur unité pour une raison ou une autre, ou en instance d’embarquement. Les dépôts des équipages sont numérotés selon leur région maritime d’implantation : 1ᵉʳ dépôt à Cherbourg, 2e dépôt à Brest, 3ème dépôt à Lorient, 4ème dépôt à Rochefort et 5ème dépôt à Toulon.
Parfois, ces casernes — qui sont en général d’imposants bâtiments à l’architecture caractéristique du XIXème siècle — abritent aussi un centre de formation maritime. Le séjour des marins en ces lieux peut varier de quelques jours à quelques semaines. De nombreux services et loisirs sont alors mis à leur disposition.
Le 4ᵉ dépôt des équipages de Rochefort a été installé en 1830 dans la caserne MARTROU, qui est la plus ancienne de Rochefort. Cette caserne se trouve en bas de la ville.