Biographie extraite du livre « Partis pour la Patrie » modifiée ici pour s'adapter au support
ÉLIARD Jean Marie Léon
La Sicaudais
1882 - 1915
91ᵉ régiment d'infanterie
Mort pour la France
Jean est né le 17 août 1882 à Bourgneuf.
Il se marie en 1912 à Paimboeuf et a un fils.
Il est mobilisé le 4 novembre 1914.
Il est d’abord affecté au 65ème régiment d’infanterie puis au 91ème .
Il disparaît au combat le 24 avril 1915 aux Eparges.
Son décès est confirmé par un jugement déclaratif de décès prononcé par le tribunal de Nantes le 30 mai 1920.
Dans l'excellent livre "Partis pour la Patrie" écrit par Hubert et Thérèse BRIAND, Jean-Pierre GRANDJOUAN, Jean-Yves GUERIN, Sabine NAUTHONNIER et Patrick MORICE (†) on peut lire pages 65 et 66 :
"Une inscription sur le monument aux morts de La Sicaudais : ELIARD Jean, un nom parmi les 26 autres. Sauf qu'aucun ELIARD n'a fait sa conscription à Arthon ou à La Sicaudais, et qu'aucun poilu de ce nom n'y est né. Alors, qui est Jean ELIARD ?
Le site Mémoires des Hommes recense en Loire Inférieure deux soldats ELIARD prénommés Jean, tous deux natifs de Bourgneuf et morts à la guerre. Jean Marie Léon né le 17 août 1882 est le seul décédé en 1915.
Une mention marginale sur son acte de naissance indique qu'il s'est marié en 1912 à Paimboeuf et sur son acte de mariage on découvre que sa femme Eugénie est native de La Sicaudais, ce qui explique son inscription sur le monument aux morts. Après avoir contacté certaines personnes nommées ELIARD dans la région, nous avons pu rencontrer deux petits-fils qui ont bien voulu nous confier des documents, des photos de leur famille, et nous raconter leur histoire.
Jean est né à La Crétinière en 1882 à Bourgneuf-en-Retz. Son père Henri, et sa mère Marie BOURY sont cultivateurs.
Ajourné en 1903 et 1904, il est affecté aux services auxiliaires pour faiblesse en 1905.
Il a les cheveux châtains, les yeux bleus et mesure 1,52m.
En 1905, il réside à Frossay et déménage en 1909 à Paimboeuf où il travaille comme garçon d'hôtel à l'Hôtel Tremblet.
Sa future épouse, Eugénie CHAUVET est servante domestique, également à Paimboeuf. Née le 8 mars 1891, elle est la fille de Joseph Chauvet, maçon et d'Eugénie Lecoq, la sœur de Louis Lecoq, forgeron. La famille est domiciliée à La Sicaudais.
Jean et Eugénie se marient le 29 avril 1912 à Paimboeuf. Il est laitier et domicilié à Saint Viaud tandis qu'Eugénie est toujours domestique à Paimboeuf.
Le couple déménage à Nantes où naît, le 27 février 1914, leur fils Jean Eugène. Jean est à ce moment manœuvre et Eugénie ménagère.
Le 4 novembre 1914, Jean est déclaré apte au service armé .Il est affecté le 18 novembre au 65ème régiment d’infanterie.
Ce régiment est alors engagé dans les combats de la Somme à Contalmaison, Bazentin-La-Boisselle et Orvilliers.
Jean passe au 91ème le 1er février 1915...
Le 26 avril 1915 aux Eparges : « Dès son arrivée aux Eparges, le 3ème bataillon du 91ème régiment d’infanterie reçoit l'ordre à 4h puis à 11h de reprendre deux tranchées perdues. Sous un feu violent de l'artillerie allemande et un bombardement intense, les sections progressent lentement avec de grosses pertes et réussissent à s'organiser défensivement à 60m des tranchées allemandes.
Le 3ème bataillon a gagné environ 100m de terrain et a perdu 189 hommes, morts, blessés et disparus confondus. » (Source : Historique du 91ème régiment d’infanterie.)
Jean fait partie des hommes disparus.
Auguste BAHUAUD, Joseph CHAUVET d'Arthon et Auguste BELLAMY de Chéméré, qui sont passés comme Jean le 1er février du 65ème au 91ème perdront également la vie le même jour.
La mort de Jean est confirmée par un jugement déclaratif de décès du tribunal de Nantes du 31 mai 1920. Cette déclaration est signée par Paul Bellamy, maire de Nantes de 1910 à 1928.
Le nom de Jean figure sur le monument aux morts de la Sicaudais, mais également sur le monument à Nantes, Quai Ceineray.
La Croix de guerre avec une étoile d'argent lui a été attribuée à titre posthume (Citation à l’ordre de la division).
Les proches de Jean
Eugénie, son épouse, reçoit un secours de 150 francs le 1er mars 1916. Elle décède à Bourgneuf en 1983 à l’âge de 92 ans.
Jean, leur fils, se marie en 1933 à Nantes avec Thérèse BRUNETEAU. Le couple a six enfants. Jean décède à Château-Thébaud en 2004 à l’âge de 90 ans.
Sources primaires et documentation
Ces sources fondamentales ont permis de vérifier et d'établir le récit de cette biographie.
L'enjeu : L'"Œil" de la Woëvre. Les Éparges est une longue crête qui domine la plaine de la Woëvre, près de Verdun. C'est un observatoire stratégique majeur. Les Allemands l'ont fortifiée dès 1914. Les Français veulent la reprendre à tout prix. De février à début avril 1915, des assauts furieux ont permis aux Français de prendre pied sur le sommet (le fameux "Point X").
Le contexte du 26 avril : Tenir l'enfer. À la date du 26 avril, les grandes attaques principales sont terminées. Mais c'est peut-être pire : c'est la phase de consolidation et de contre-attaques.
Le terrain : La colline n'a plus de forme. C'est un immense bourbier de terre glaise collante, retourné par des milliers d'obus. Il n'y a plus de tranchées nettes, seulement des trous d'obus reliés entre eux où les hommes vivent dans l'eau et la boue liquide.
La guerre des mines : C'est la caractéristique des Éparges. Français et Allemands creusent des tunnels (sapes) sous les lignes adverses pour les faire sauter à la dynamite. Le sol tremble. La peur d'être enseveli vivant est permanente.
L'usure : Les Allemands ne cessent de bombarder la crête perdue et lancent des contre-attaques locales pour reprendre un bout de tranchée.
La vie de Jean à cette date. Jean, tombé e 26 avril, est probablement un homme épuisé, couvert d'une boue qui durcit comme une carapace. Il meurt déchiqueté par un obus tombant dans son trou, ou fauché en repoussant une énième tentative allemande pour reprendre le "Point C". Il se bat pour conserver quelques mètres carrés d'un paysage lunaire où les cadavres des combats précédents ne peuvent même pas être enterrés.
Maurice Genevoix : Ceux de 14 ( Les Éparges) ; Pierre Miquel : La Butte sanglante